UN CADEAU TOMBÉ DU CIEL
Au bord d'une grande rivière, une étrange petite fille contemple le paysage.
Trois jeunes s'approchent, l'air méfiant. La fillette n'est pas contrefaite, loin de là, mais elle est toute blanche ; ses vêtements et ses cheveux scintillent de blancheur dans la lumière du soleil.
Le bruit, causé par les enfants, la fait se retourner. La voyant de face, ils s'immobilisent. Caroline échappe un cri.
− Son visage ! dit-elle en la pointant.
Son visage est comme la neige. Des yeux verts envahissent la partie supérieure de sa face ; ils sont immenses, de forme allongée et d'une luminosité inconnue.
Voyant trois humains devant elle, elle les regarde intensément. Les gorges des trois jeunes se serrent et leurs jambes se raidissent si fixement qu'aucun mécanisme de défense ne leur permet de détaler.
C'est Pim qui se ressaisit le premier en forçant son corps à bouger. Il avance hardiment vers la mystérieuse apparition. Alors qu'il franchit les quelques vingt mètres qui les séparent, il tente de pomper la salive que la peur lui aspire.
À dix pas d'elle, il s'arrête. La petite fille toute blanche le regarde venir sans esquisser le moindre geste de fuite. Ce n'est pas qu'elle est courageuse, c'est qu'elle est trop effrayée pour s'enfuir.
Pim, le brave, la contemple encore un moment et, voyant qu'elle n'a pas d'armes, il lui dit :
− Salut ! Tu es bizarre avec tes cheveux blancs, ne trouves-tu pas ?
Il attend sa réaction. Immédiatement, elle dirige ses doigts dans sa direction et paraît satisfaite. Alors seulement, elle ouvre la bouche. Un vent doux siffle entre ses lèvres qui se meuvent.
Pim la regarde plus attentivement. Les autres le supplient de revenir. Il se retourne brusquement pour leur demander de se taire.
Ce geste inattendu effraie la fillette qui tombe à la renverse. Pim se précipite sur elle pour la relever mais elle est si effrayée qu'elle ne fait que des mouvements désordonnés. Pim comprend que c'est lui qui l'apeure et décide de ne plus faire de gestes brusques.
Elle se relève prestement en prenant appui sur le sol. Une fois debout, elle regarde ses mains avec horreur. Des grains de sable adhèrent à sa peau. En ouvrant à nouveau la bouche, un vent plaintif emplit l'espace.