Cléo et son petit reflet Louise Alarie
Cléo et son petit reflet Louise Alarie
Cléo et son petit reflet est un conte pour les enfants de 8 à 11 ans.
C'est l'histoire d'une petite fille de dix ans, qui n'est pas très jolie et qui croit que si tous les gens la repoussent, c'est à cause de son physique. Cléo se trouve grosse, mais elle est surtout très vilaine. Son caractère orgueilleux et hautain ne lui attire aucune sympathie. Ses amis la fuient tant elle est désagréable.
C'est alors que Cléo entre dans son monde imaginaire pour se créer une belle histoire de princesse.
C'est précisément cette histoire que je vais vous raconter et vous verrez à quel point la jeune Cléo se fait prendre à son jeu.
CLÉO LA VILAINE
Cléo rentre chez elle en boudant.
− Que se passe-t-il encore ? demande sa mère, contrariée.
− Personne ne veut jouer avec moi, je suis toujours toute seule !
Pendant un moment, la mère pose les yeux sur sa fille. En soupirant, elle se dit : « Pas étonnant, ma pauvre enfant, tu es si vilaine avec les gens ! »
Puis se ressaisissant, elle lui demande :
− Je croyais que tu devais aller à la plage avec Carolane et ses parents ?
− Le père de Carolane a dit qu'il n'y avait pas de place pour moi. De toute façon, je ne voulais pas y aller. Je ne l'aime pas son père, il est méchant !
− Cléo ! Ca suffit ! Comment oses-tu dire de pareilles sottises ? Va dans ta chambre, vilaine fille !
Le visage dur, la petite vire les talons et entre dans sa chambre en bousculant tout sur son passage.
Appuyé contre la porte refermée, elle se sent bien dans cet endroit ; le seul au monde où la vie lui est merveilleuse, où elle peut la façonner à sa guise sans que personne ne vienne la contrarier.
Puis, revoyant le regard dégoûté du père de Carolane qui se posait sur elle, elle lance son toutou au fond de la chambre.
« Je le déteste, lui ! Il ne m'aime pas. Je les déteste tous ! Ce n'est pas juste, je ne peux jamais jouer avec les autres, je suis si grosse et si laide que personne ne veut de moi, pas même ma mère ! »
Cléo, la vilaine petite fille, se laisse tomber sur son lit le coeur brisé.
Quelques minutes plus tard, elle s'entend appeler :
− Cléo ! Cléo ! Au secours !
Levant la tête, elle essuie ses larmes et écoute. L'appel se fait entendre de nouveau.
− Cléo ! Cléo ! Au secours !
Sautant sur ses pieds, elle court vers la fenêtre et se penche en avant. Personne n'est en vue. Rentrant la tête, elle entend une autre fois l'appel.
− Cléo ! Viens à mon aide !
− Qui m'appelle ? demande-t-elle, folle d'inquiétude.
− C'est moi ! Je suis écrasé ! J'étouffe !
Cléo regarde autour cherchant à localiser la voix.
− Mais je ne vois personne ! Qui m'appelle ?
− C'est moi, le bossu !
− Le bossu ?
Cléo se précipite dans sa boîte à jouets et sort le bossu de dessous une pile de jeux.
− Aïe ! Ne tire pas tant, tu me fais mal !
− Excuse-moi !
− Ce n'est pas trop tôt ! lance le bossu mécontent. Tu es si occupée par ta petite personne que tu ne t'es pas aperçue que ce jeu ridicule m'écrasait la poitrine et le bras !
− Tu parles ? demande la fillette éberluée.
− Bien sûr que je parle ! J'ai toujours parlé. Tu étais trop bête pour t'en rendre compte. Tu préférais converser avec la princesse de plastique, ta Barbie qui sourit bêtement à tout ce que tu lui racontes.
Il y a longtemps que je t'observe et je sais à quel point tu es vilaine !
− Tais-toi ! Je t'interdis de dire cela ! Toi aussi tu es vilain avec ta bosse dans le dos !
− Pourquoi m'as-tu acheté si tu me trouves si répugnant ?
− Heu ... je n'en sais rien.
− Tu m'as acheté parce que j'étais laid, personne ne voulait de moi, j'ai cru que nous serions amis ! J'étais mieux traité sur les rayons du magasin, au moins on prenait soin de moi !
Cléo assoit le bossu de chiffon sur son lit. Son oeil unique brille de colère, il masse sa poitrine et son bras sérieusement écrasé.
La fillette le regarde. Une fois la surprise passée, elle cherche à comprendre.
− Pourquoi ne m'as-tu jamais parlé ?
− Je t'ai parlé au moment où tu m'as acheté. Rappelle-toi, je t'ai demandé de me prendre avec toi. Comme tu étais aussi laide que moi, j'ai pensé qu'on s'entendrait bien !
− Menteur ! Je ne suis pas aussi laide que toi. Je n'ai pas de bosse dans le dos et j'ai mes deux yeux, moi !
En voici un extrait:
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