Aventuriers à la Baie d’Hudson

 
 

D’abord publié sous le titre Poignet-d’Acier ou les Chippiouais, cet ebook fait partie de la lignée des Nez-Percés, Les derniers Iroquois, La Tête-Plate et autres.


Découvrez ces situations, hors de l’ordinaire pour qui n’est pas de cet environnement.


Et demandez-vous si vous auriez aimé prendre part à ces expéditions périlleuses.


Vous en serez assurément captivés.

III. James Mac Carthy



À son air décidé, indépendant, tout autant qu'aux éclatantes broderies en poil de porc-épic et plumes d'oiseaux qui chamarraient son capot, il était facile de reconnaître que cet individu appartenait à la classe des francs trappeurs, ou trappeurs libres. Classe fort mal vue des agents de la Compagnie de la baie d'Hudson, à laquelle ils enlèvent une partie de ses bénéfices, en faisant la traite pour leur compte ou celui de quelque riche particulier.


— Qui es-tu et qui est-ce que cette femme ! lui demanda le chef-facteur d'un ton impérieux.


— On m'appelle Louis-le-Bon, répondit-il avec négligence. Quant à cette dame, attendez un moment, ours et buffles, elle vous dira qui elle est.


Et le trappeur se remit à frictionner vigoureusement le visage de la jeune femme qu'il avait étendue devant le feu sur un paquet de pelleteries.


L'assemblée tout entière avait les yeux tournés vers les étrangers.


— Louis-le-Bon, il me semble que je connais ce nom-là, murmurait le chef-facteur en passant la main sur son front.


Le nouveau venu l'entendit.


— Eh pourquoi ne le connaîtriez-vous pas ! s'écria-t-il sans suspendre son opération. Ours et buffles ! Il y a trois noms que chacun connaît dans le désert, c'est celui de Poignet-d'Acier, de Nick Whiffles et de Louis-le-Bon, trois gaillards qui ne craignent ni peau rouge ni peau blanche, qu'on trouve toujours prêts à secourir quelqu'un dans le danger et à faire la guerre aux Anglais.


Cette provocante déclaration, au milieu d'un fort habité en grande partie par les sujets de Sa Majesté Britannique, souleva un grondement général, et les employés interrogèrent du regard leur commandant pour savoir s'il ne fallait pas hacher sur-le-champ l'audacieux trappeur.


Mais alors la jeune femme, que la chaleur avait remise, prit la parole :


— Je désire qu'on me conduise au gouverneur de ce poste, dit-elle.


— C'est moi, répondit celui-ci en s'avançant.


Victorine se souleva sur le coude, et tirant de son sein un parchemin, elle ajouta :


— Si vous êtes le gouverneur du fort du Prince-de-Galles, monsieur, veuillez prendre connaissance de cette lettre, qui m'a été remise pour vous par sir George Simpson.


Le ton de distinction avec lequel Victorine prononça ces mots, non moins que le nom du vice-roi de la baie d'Hudson, en imposèrent au chef-facteur.


Il se baissa poliment pour prendre le parchemin, fit sauter le scellé, et lut à la lueur d'une torche de résine qu'un commis apporta.


Caché dans la pénombre derrière lui, James Mac Carthy parcourut d'un coup d'oeil la lettre, et une joie maligne se peignit sur ses traits.


— Je suis fâché, madame, que vous soyez entrée ici, dit le chef-facteur en serrant la missive dans son porte-feuille. Si j'avais été prévenu de cette arrivée, j'aurais dépêché quelques hommes à votre rencontre.


Je me mets, d'ailleurs, entièrement à votre disposition. Mais demain, lorsque vous serez reposée, nous causerons de l'objet de votre longue et courageuse entreprise. On va vous transporter dans une pièce plus convenable, et je donnerai des ordres pour que tous vos désirs soient satisfaits…

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