Léontine la fille chérie

 
 

Principalement au Québec dans les années 1800. Des Abénaquis, des Sioux, des gens de la haute société, des ministres, médecin et notaire.


Que pensez-vous que ces gens pouvaient avoir comme liens ?


Qu’en est-il de la jeune Léontine ? Pourquoi l’aime-t-on autant ?


Laissez-vous surprendre par cet ebook qui s’appelait au départ L’affaire Sougraine. Vous aimerez assurément !

Le sauvetage



Le sauvage et la jeune canadienne qui fuyaient devant les vagues brûlantes de la prairie, n'avaient pas remarqué, dans leur terreur, un chasseur qui venait au galop de son coursier.


C'était une lutte formidable entre ce chasseur et le fléau. Celui-ci, dans sa fureur inconsciente semblait vouloir dévorer le couple malheureux. Celui-là, dans son héroïsme voulait les sauver. Tous les deux s'approchaient dans une course vertigineuse.


Le cavalier éperonnait son cheval, le vent poussait la flamme. Le cheval écumait et ses naseaux étaient bruyants comme les soufflets d'une forge. La flamme roulait comme une trombe et jetait un mugissement effroyable. On se fût demandé quelle folie poussait cet homme vers l'implacable brasier. La folie de la charité.


Il passa comme un trait à côté de Sougraine et vint s'arrêter auprès de la jeune fille évanouie sur l'herbe. Il sauta de cheval, enleva l'infortunée d'un bras vigoureux, la mit en croupe et reprit sa course. Cette fois, il fuyait l'incendie.


Alors Sougraine se jeta à genoux en levant les deux mains comme pour l'implorer. Le chasseur le fit monter près de lui, en arrière, et dirigea sa monture rapide vers une gorge des montagnes, dans l'éloignement.


Les Sioux qui le virent entrer dans le campement se moquèrent de lui, disant que les guerriers, ses pères, quand ils revenaient de la prairie n'emportaient des blancs que la chevelure.


— Vous oubliez, répondit le chasseur, que ma mère appartenait à cette race blanche que vous haïssez. Vous oubliez que ma religion m'oblige à faire du bien à tous les hommes.


En parlant ainsi il regardait ses compagnons d'un oeil ferme, et sa voix vibrait, comme l'acier de son poignard. L'un des Sioux, le plus vieux, lui répliqua cependant :


— Si la Longue chevelure — c'était le nom sauvage du jeune chasseur, chez les blancs on l'appelait Leroyer. Si la Longue chevelure a peur du sang que ses aïeux comme les nôtres aimaient à boire dans le crâne de l’ennemi. Si la Longue chevelure déteste nos coutumes anciennes et le culte de nos Manitous. Si la Longue chevelure aime la vie paresseuse et les habitudes lâches des Visages pâles, il peut s'éloigner de notre vaillante tribu, et retourner aux lieux d'où il vient. Nous l'avons jadis accueilli avec joie, nous le verrons s'éloigner sans regrets.


C'était le chef qui parlait ainsi. L'irriter n'eût pas été prudent. La tribu l'entourait de respect et tous les guerriers obéissaient à sa parole. La Longue chevelure ne fit qu'ajouter :


— Vous connaissez mal les Visages pâles, car vous ne les jugeriez pas aussi sévèrement, et loin de les tuer comme des chiens, quand vous les surprenez, vous leur presseriez la main comme à des frères.


— Des frères qui nous traquent comme des bêtes fauves, répondit le vieillard, qui nous poussent sans cesse au fond des bois, s'emparent de nos forêts, de nos montagnes, et nous laissent mourir de faim sur nos rochers.


Leroyer entra dans son wigwam, et quand les fugitifs furent remis de leurs fatigues et de leur terreur, il les interrogea.


— Cette jeune personne est-elle ta femme ? demanda-t-il à l'Abénaqui.


— Oui, elle est ma femme, répondit Sougraine.


— Elle est bien jeune.


— Oui, c'est vrai, mais elle est ma femme.


— D'où venez-vous ? Où vous êtes-vous mariés ?


— On vient du Canada, de Notre-Dame-des-Anges, une paroisse sur la rivière Batiscan, au nord du grand fleuve. On s'est marié à St. Jean Deschaillons, au sud. C'est là que ma femme est morte.


— Ah ! tu as perdu une première femme ? Et quand cela ?


— À la dernière chute des feuilles...


— Tes parents, dit-il à la jeune fille, ont-ils consenti à ton mariage, et savent-ils où te conduit ton mari ?


La jeune fille baissa la tête et ne répondit point.


— Si tu me trompes, reprit Leroyer s'adressant à Sougraine, tu t'en repentiras. Je veux savoir la vérité et j'ai droit de la savoir, moi qui viens de vous sauver la vie à tous deux.


L'Abénaqui hésita un moment, puis faisant un effort.


— Oui, c'est vrai, tu nous as sauvé la vie. Tu es bon et tu auras pitié de nous encore. Je te parlerai la vérité. On n'est pas marié, mais on le sera dès qu'il sera possible de trouver un missionnaire.


— Sougraine, ordonna la Longue chevelure, et sa parole était solennelle, cette jeune fille sera comme ta soeur, désormais.


L'Abénaqui s'inclina.


Elmire dit, baissant les yeux et rougissant de honte :


— Je ne suis plus une soeur pour lui. Il me doit protection.


— Il passe de temps à autres des caravanes de Visages pâles qui se dirigent du côté du soleil levant, continua la Longue chevelure, parlant à la jeune fille, tu suivras l'une de ces caravanes et tu retourneras dans la maison de ton père.


Ma femme, qui souffre au milieu de notre tribu, veut s'en aller avec son enfant dans le beau pays d'où elle vient. Vous voyagerez ensemble. Je vous rejoindrai si quelque raison m'empêche de partir avec vous.


L'occasion attendue ne tarda guère.


Les voyageurs qui revenaient de la Californie s'étaient depuis longtemps engagés dans les gorges où nous les avons vus et s'approchaient de la retraite des Sioux. Ils venaient d'être trahis par la clarté du feu allumé sous les bois, et Pérusse se tordait sur le sol dans une terrible agonie.


Les Sioux qui avaient surpris le camp des voyageurs n'étaient pas nombreux. Ils n'osèrent point exposer leur vie inutilement. Ils savaient que tous les guerriers de la tribu seraient contents de prendre part à un combat.


Au reste, les dernières lueurs du feu vacillaient sous les rameaux et bientôt l'on ne se verrait plus. Il valait mieux attendre le jour. Les Blancs ne bougeraient point dans ces ténèbres épaisses et dès le matin, quand ils voudraient s'échapper, un cercle de vaillants ennemis les étreindrait mortellement.


Le chef fut aussitôt averti de ce qui venait de se passer. Il tint conseil pendant la nuit, et, comme l'avaient prévu les assassins de Pérusse, l'extermination de la bande étrangère fut décidée.


C'est alors que la Longue chevelure voulut, au risque de sa propre vie, délivrer les malheureux voyageurs, et qu'il vint les trouver en secret, se glissant au moyen d'un lasso, par le chemin difficile que l'on sait, afin d'éviter la rencontre de ses frères les Sioux.


...

Sur Amazon

Massacres des indiens, partie de chasse, jeune fille enlevée, le bal inoubliable, recherche d’enfants, ruiné pour le bonheur de sa fille, les élections approchent

Sur Amazon