Au Centre de la Terre

ROUSKI

 
 

VERS LE CENTRE


   Ils descendent maintenant depuis une heure. Daniel est maussade. Marc lui annonce que bientôt il verrait une fosse abyssale.

– Nous sommes à onze mille mètres. À l’aide de la coquille, tu pourras voir les quelques rares espèces qui habitent ces grands fonds.

    Arrivé sur place, Marc s’exclame :

– Tu es chanceux, nous pouvons voir une araignée ! Tu t’imagines, elle vit dans les plus grandes profondeurs au monde !

– Je croyais qu’il y avait des monstres dans les grandes profondeurs ?

– Non, la pression est si grande que très peu d’espèces peuvent survivre. Si tu veux voir des monstres, tu auras l’occasion d’en découvrir dans le Centre.

– Dans le Centre ? C’est dangereux alors de vivre au Centre !

– Non, il n’y en a pas partout. Ils se tiennent dans les mares boueuses au fond des forêts ou dans des cavernes profondes et glacées.

    Daniel hoche la tête. Changeant de sujet, il demande :

– Comment avez-vous fait pour placer ce verre pour que l’on puisse voir le fond de la mer ? Ne devrait-il pas éclaté sous une telle pression ?

– Sois sans crainte, cette plaque transparente est naturelle et doit s’y trouver depuis des siècles.

– Comment se fait-il que la chaleur soit tolérable dans ce couloir ? C’est bien connu que le Centre de la Terre est en fusion !

– Il y a beaucoup de choses que les hommes de la Terre ignorent. Cela n’empêche pas les structures naturelles d’être ce qu’elles sont !

    Soudain, Daniel remarque une évidence qui, jusqu’ici, ne l’avait pas frappé.

– Est-ce que ces marches sont également naturelles ?

    Marc et son père se regardent en souriant.

– Non, c’est notre petite contribution personnelle.

– Quoi ! Vous avez taillé sept mille kilomètres de marches ? demande Daniel abasourdi.

– Oui, répond Pitre, mais nous ne les avons pas fabriquées avec un ciseau. Nous les avons taillées avec les coquilles. Elles agissent un peu à la manière d’un laser. Elles peuvent découper n’importe quel matériau très facilement.   

– D’où viennent ces coquilles ?

– De la fournaise. Il s’en échappe des fragments qui tombent dans la mer glaciale et qui se solidifient à son contact.

– Y en a-t-il beaucoup ?

– Non, la fournaise n’est pas très généreuse dans sa puissance. C’est peut-être mieux ainsi.

– Dans ce cas, pourquoi les Uquiris qui veulent tant sortir, ne se servent-ils pas de la coquille ?

– Parce qu’ils n’en possèdent pas. Nous la leur interdisons, c’est une arme trop dangereuse pour ces irréfléchis !


§§§


    Pitre, Marc et Daniel descendent toujours. Les deux garçons sont devenus très amis. Marc, sous son corps monstrueux, est un jeune homme franc, honnête, plein d’enthousiasme. Il voue une affection particulière à Pitre qui ne manque pas une occasion de l’amener avec lui lorsqu’il doit réparer le couloir ou les abris. Étant le plus jeune, tous les Goursoufs l’aiment et lui enseignent leur savoir. Malgré ses dix ans passés au Centre, il garde un souvenir assez précis de sa petite enfance passée sur Terre. Il raconte à Daniel :

– J’avais un ami qui s’appelait Urius. Comme on s’amusait tous les deux ! Il n’y avait pas de plaisir que l’on se refusait.

– Lorsque tu remonteras, tu pourras certainement retrouver ton ami ! lui répond Daniel.

– Non, soupire Marc, il était le fils du professeur Atlos, il est mort maintenant.

– Oh, je ne savais pas.

– Ce n’est pas grave, lorsque j’aurai retrouvé mon apparence humaine, je me ferai d’autres amis. Il y a toi, tu es le seul garçon de mon âge au Centre. La reproduction est impossible, c’est pourquoi il est si important de trouver le secret.

– Les Uquiris ne peuvent-ils pas se reproduire ?

– Non, il n’y a que des mâles, explique Marc en riant. Seuls les autochtones le peuvent.

– Les quoi ? demande Daniel, ne connaissant pas ce mot.

– Les gens qui habitent le Centre. Ils y vivent depuis des siècles. Avant notre arrivée, ils ne savaient même pas qu’il y avait un monde au-dessus. Ce sont des gens peureux qui nous craignent et nous empêchent de lier connaissance avec eux, mais ils ne nous font pas de mal.

– Est-ce que ce sont des tribus ?

– Oui, une tribu considérablement arriérée.

– Comment sont-ils venus là ?

– Nous ne le savons pas au juste. Ils ont dû passer par le puits un jour et leur solitude les aurait rendus sauvages. Les Uquiris ont tenté d’entrer de force dans leur territoire. Ceux qui s’y sont aventurés n’en sont jamais revenus.

    Daniel ne parle plus, il réfléchit à ces étranges données. Depuis quelques minutes, son attention est attirée par de tous petits points lumineux placés à distance égale, à environ un mètre soixante des marches. En regardant derrière lui, il s’aperçoit qu’ils sont là depuis le début de la descente.

– Pitre, pourquoi ces points lumineux, à quoi servent-ils ?

– Regarde-les bien, petit, essaie d’en trouver l’usage d’accord ?

    Un peu déçu, Daniel maugrée : « À quoi cela peut-il bien servir ? Ce n’est pas pour éclairer puisqu’ils portent la coquille sur eux. Lorsque nous serons à la halte, je regarderai de plus près... Vraiment, je ne vois pas à quoi cela peut servir ! ... Ah, je m’en fiche ! Cela m’ennuie tellement de descendre ces marches sans fin, la seule chose qui m’intéresse, c’est la halte, celle qui me permet de manger et de dormir ... Dormir à l’infini, c’est mon rêve. Je suis si fatigué de vivre ! »

    Marc s’approche de son père et lui demande :

– Crois-tu qu’il va chercher à quoi servent les points lumineux ?

– Il le faudra bien. Je dois trouver un moyen de maintenir son esprit en éveil. Il s’enlise si rapidement, même les choses inconnues du Centre ne retiennent pas longtemps son attention. Pourtant, une telle aventure pour un jeune devrait être du plus haut intérêt.


§§§


    Arrivé à la halte, Pitre dit :

– Daniel, nous y sommes ! C’est la dernière halte avant la nuit.

– Oui, je sais, je t’avoue que je ne suis pas fâché, j’en ai marre de descendre tous les jours sans fin !

    Après le repas et le rafraîchissement, Daniel se dirige vers le canapé pour y engloutir son ennui. Pitre l’arrête :

– Non, Daniel, reste un peu. Je voudrais parler avec toi.

– Oui, dit Daniel déçu.

– Assieds-toi. Nous t’avons raconté beaucoup de choses sur nous et de toi, nous ne savons rien !

– Bah, il n’y a pas grand-chose à savoir. Ma vie est une série d’échecs. Je n’ai jamais rien fait qui vaille la peine d’être raconté.

– Allons, Daniel, dit Marc en s’approchant, il y a bien quelque chose qui t’a fait plaisir ?


...


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Les Goursoufs sont des monstres au coeur tendre qui vivent au coeur même de notre planète, dans son Centre.

Suivez les aventures de ce jeune homme qui se retrouvera lui aussi et bien malgré lui, au Centre de la Terre. Différents personnages auront une grande influence sur lui. Parmi ceux-ci, un personnage fabuleux, au caractère enjoué, foudroyant, limpide, exaspérant qui ne tient compte d’aucune règle établie.

Suivez cette histoire pleine de rebondissements, vous serez captivés du début à la fin.

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