Les 3 automnes

 

L’automne de Tsunamia

L'océan Indien.

Vous souvenez-vous du terrible Tsunami de décembre 2004 ? Auriez-vous voulu prendre part aux expéditions pour aller aider les gens des pays détruits ?  C'est ce que l'auteur a fait, mais en solitaire.


Découvrez ses aventures et ses rencontres parfois très surprenantes. Voguez avec lui sur ces mers peu connues et vivez les tempêtes qui peuvent, parfois, ne pas pardonner.

Sommaire



Parcours du voilier Sol y Mar en Indonésie

L'héritage du tsunami

Je fais la connaissance de Paulo

La randonnée

Une deuxième rencontre

Jamais deux sans trois

La fuite

Il faut que je parte

Le départ vers Bangkok

Le retour du passé

Mes deux JE

La colère

En route

La tempête

À l'eau à moitié assommé

Reprendre conscience

Ça se calme

Je continue

Le petit rescapé du toit

En piteux état

La trahison

La légende de l'oiseau

L'histoire

Besoin de me réinitialiser

La Terre est ronde

Vers Banda Aceh

L'enfer de Sumatra

Les ratisseurs de cadavres

Des bons ou des méchants ?

Danger

La poursuite

MAY DAY !

Conclusion

Le Sol y Mar

Du même auteur

Mot de la fin



Note à propos de la couverture : L’île thaïlandaise de Phi Phi après le passage du Tsunami, eurorient.org



Parcours du voilier Sol y Mar en Indonésie



• Départ de Bang Tao Beach (Île de Phuket) en Thaïlande


• Route déviée par la tempête dans la mer d’Andaman


• Île dévastée de Banda Aceh, au nord-ouest de Sumatra


Épicentre du séisme sous-marin du 26 décembre 2004


• Fjord de l’Île de Nias dans l’archipel Mentawai


• Forêt de Siberut


• Retour par le Pacifique



 


L’héritage du tsunami



Il était là, à l’autre bout des étoiles. « Là », sur ce qui était une plage, trois semaines auparavant. Kamala Beach, plus précisément.


Sur les photos des dépliants touristiques, avant les grandes vagues, c’était une plage bardée de petits hôtels. Complexes modernes, presque discrets. Presque.


Peut-on parler de discrétion quand les bords de mer sont littéralement écrasés par la multiplication des bâtiments de cette sorte ? Avec eux, dans la minuscule baie de Bang Tao, au sud-est de l’Île de Phuket, quelques discrets bungalows qui résistaient difficilement au déferlement touristique sur la Thaïlande. Car il était en Thaïlande.


Dans la baie, des pêcheurs mouillaient leurs barques à des corps morts reliés, pour permettre l’embarquement, à un pieu sur la plage grâce à un système de corde à linge.


C’était de longues pirogues de mer, très colorées, à l’étrave1 soulevée et aux francs bords imposants. Des barques faites pour être surchargées de la prodigalité de la mer d’Andaman, mais que les pêcheurs devaient trouver bien vides, maintenant que la générosité venait d’ailleurs.


La mer d’Andaman, c’est l’étendue d’eau qui sépare la Thaïlande du chapelet d’îles s’étirant de l’île de Sumatra au Cap Nagrais près de Rangoon, capitale de la Birmanie, quelque 600 milles2 plus au nord.


Elle fait moins de 300 milles nautiques3 de largeur à la hauteur de la pointe nord, en ligne est-sud-est avec Bang Tao, et constitue une enclave très peu protégée des alizés4 du sud provenant de l’océan Indien.


C’était précisément sur la plage de Bang Tao Beach que son ami Paulo, quelques mois après leur rencontre en Californie, l’année précédente, s’était installé avec une mignonne petite Thaïlandaise du nom de Tatia.


Il n’avait pas beaucoup d’argent, el Candido, mais à 4000 bahts par jour, disait-il dans ses conversations en temps réel sur Messenger, il pouvait se payer un gentil coin de paradis. Il le soupçonnait quand même d’envoyer Tatia acquitter quelques factures elle-même. 


Tout était une célébration dans ce corps de femme, que son amant lui avait fait abondamment admirer en fichiers joints.


Depuis près d’un an, il correspondait avec lui sur Internet et il avait l’impression parfois d’avoir intégré leur vie. Surtout à la suite de la chute de Paulo depuis sa tête de mât, alors qu’il avait exécuté, bien malgré lui, un plongeon de plus de dix mètres, presque directement sur le pont.


Il s’en était tiré avec une mauvaise fracture au pied droit, lequel avait percuté la lisse5 de pont au passage. Heureusement pour le reste, au moment où il s’était senti partir dans le vide, il avait eu le réflexe de donner une violente poussée au mât pour s’en détacher et tomber dans l’eau.


Comme il en avait tout le temps, il passait donc de longues heures sur Messenger. L’indomptable lubrique lui détaillait toutes ses acrobaties amoureuses avec la belle Tatia. Il fallait en laisser une partie de côté, mais depuis l’expérience de O’Neil Park, en Californie, il n’avait guère eu d’autre choix que de le boire au mot.


Il disait ne jamais fermer sa porte de chambre dans le cottage de Bang Tao Beach pour faire « danser » sa petite amie à toute heure du jour ou de la nuit.


Il faisait même en sorte que Tatia soit bien sonore dans ses ébats et il en rajoutait lui-même pour attirer l’attention. Les voisins, surtout des pêcheurs, disait-il, ne s’en plaignaient guère. On le croisait au petit matin, souriant et l’œil goguenard. 


C’était un adepte de la menotte. Il s’attachait un bras à une chaise ou à un montant du lit et se faisait piper par la bouche gourmande de la belle Tatia. Paulo semblait être un intraitable exhibitionniste. 


Tatia, en photo, semblait envoûtante, et l’homme, au bout des mots qui s’étalaient à l’écran, adorait exhiber pareille beauté, comme pour lui titiller l’envie de quelque chose. Il se méfiait donc un peu de ce versant de son ami qui misait effrontément sur la fragilité des liens entre les hommes. El Candido aimait le risque.


...

 

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