Capitaine Pierre en mer et sur terre 2 / 2
Capitaine Pierre en mer et sur terre 2 / 2
Sommaire
Prologue
À la poursuite de Cabrera
Chez le vieux Laté
À la recherche en pirogues
La poursuite
Délivrer la prisonnière
Révolte des esclaves
L’organisation de la révolte
Plan d’émancipation
À la prison
Le procès
L'époque du rachat
Aux plantations du Mississipi
Du Sud au Canada
Une nuit orageuse
Les deux soeurs
Le bal du gouverneur
Sollicitudes d’une mère
Une ballade en campagne
Vendeur de plomb
De Sorel à St. Denis
Après la bataille
Le colporteur
Henriette
Cachés à Montréal
Dans la maison de pierre
Que cherche St. Luc ?
Fourberie punie
Sortie des chefs Patriotes
Tribulations de M. Édouard
Sur la montagne
Dans la cabane à sucre
Un incident sans suite
Renseignements
Une de perdue, deux de trouvées
Les voyageurs
Conclusion
La poursuite
Après l'enlèvement de Miss Sara, Cabrera et Phaneuf s'étaient rendus, au galop de leurs chevaux, jusqu'à Carolton, d'où ils renvoyèrent mener la voiture à la Nouvelle-Orléans. Après avoir traversé le fleuve, ils prirent le sentier du bayou Goglu, où ils espéraient trouver une pirogue. N’en ayant pas trouvée, ils furent obligés d'y attendre le jour, n'osant se hasarder dans la cyprière, qu'ils ne connaissaient pas assez, durant la nuit.
L'état de Miss Thornbull était vraiment déchirant. Supplications, pleurs, évanouissements, rien n'avait pu adoucir la féroce détermination du pirate. Le matin, quand ils purent distinguer le sentier qui conduisait du bayou Goglu au bayou Latreille, Cabrera avait pris dans ses bras l'infortunée Sara. Et quand ils arrivèrent chez le père Laté, il la déposa sur un lit, où il fallut la frotter avec de l’eau de vie pour la rappeler de son évanouissement.
Elle eut beau se jeter à genoux, elle eut beau pleurer, il fallut qu'elle embarquât dans une des pirogues, où Cabrera et Phaneuf la conduisirent de force. Durant le trajet, elle fit plusieurs tentatives pour se jeter à l’eau. La surveillance qu'ils eurent à exercer pour l'empêcher d'accomplir son sinistre dessein, retarda beaucoup leur célérité, de manière qu'ils n'arrivèrent à la Grande Ile qu'une couple d'heures avant la rencontre de Lauriot avec les jeunes gens.
Lauriot, ayant communiqué à Tom ce qu'ils venaient d'apprendre, ils avancèrent avec précaution jusqu'au coude que faisait le bayou, quelques arpents plus loin. À cet endroit, le bayou s'élargissait subitement, et s'ouvrait en éventail, laissant voir, à trois milles au large, l'île sur laquelle étaient rassemblés les pirates.
Une talle de mangliers à l'abri desquels ils débarquèrent, les cachait à la vue de ceux qui étaient sur l'île, tandis qu'ils pouvaient les apercevoir, et veiller surtout les mouvements de la chaloupe, qui était tirée sur le rivage en dehors de la pointe de l'Ile. La pirogue dans laquelle Cabrera et Phaneuf s'étaient rendus, était en dedans de la pointe, du côté de la baie.
Après avoir discuté quelque temps sur ce qu'ils devaient faire, les opinions se trouvèrent à peu près divisées. Sir Arthur voulait aller les attaquer immédiatement, Tom et une partie de ses gens de police était du même avis. Lauriot était d'opinion qu'il valait mieux attendre la nuit, qui leur permettrait d'approcher de l'île sans être vus.
Trim, qui s'était traîné sur le ventre à travers les herbes, pour avoir une meilleure vue de ce qui se passait au large, revint bientôt leur annoncer qu'il n'avait pu rien distinguer, et que les navires dont on avait parlé n'étaient pas visibles dans le rayon que ses yeux avaient pu embrasser de l'endroit où il s'était mis pour faire ses observations.
— Que penses-tu que nous devions faire, Trim ? lui demanda Sir Arthur. Devons-nous attendre la nuit ou aller de suite les attaquer, avant qu'ils ne s'embarquent et ne nous échappent ?
— Moue pensé valé mieux attendre la nuit.
— Mais, pour quelles raisons, Trim ?
— Parce que moué croyé li l’été une vingtaine, et nous yin qu'une dizaine ! Moué pas peur, mais n'aime pas allé faire casser mon la tête comme ça en plein jour pour rien. Moué sûr mouri plusieurs.
— Mais s'ils allaient partir ?
— Pourquoi partir, si voyé pas nous ? Ne savé pas y où l'été la frigatte à li, ne savé pas y où cutter. Non, li pas parti si voyez pas nous, mais si voyez nous vini, un, deux, trois, pirogues plein le monde, alors moué cré ben li poussé chaloupe au large et li partir.
— Tu as raison, Trim, cria Tom en lui donnant avec force un coup de plat de sa main sur l'épaule. Tu es un vieux buck ! et moi je vote pour attendre la noirceur.
Les raisons de Trim décidèrent la question et Sir Arthur, quoique à regret, se résolut à attendre la nuit. En attendant, ils préparèrent un souper de viandes froides, n'osant pas faire de feu, de crainte que la fumée n'attirât l'attention des pirates.
Ils convinrent aussi d'attendre que la plupart se fut livrée au sommeil, afin de les prendre à l'improviste, de se saisir de la jeune fille et de l'enlever avant qu'ils eussent eu le temps de faire aucune résistance organisée, remplissant par là le principal but de l'expédition, sans s'exposer aux dangers d'une défaite.
Ce plan, quoique généralement adopté comme étant le meilleur, ne satisfaisait pas l'impatience de Sir Arthur, qui voulait tout risquer ou périr, plutôt que de laisser un seul instant de plus, Miss Thornbull, au pouvoir de ces scélérats.
Quand la nuit fut entièrement tombée, la plus grande obscurité enveloppait la Grande Ile.
Sir Arthur et Lauriot conversaient avec animation, les hommes s'étaient divisés par groupes. Tom était venu s'asseoir auprès de Trim.
Après un assez long silence, Trim, se tournant vers Tom, lui dit à demie voix :
— Moué envie d'aller à l'Ile pour voyé que li faisé là-bas. Voulé ti vini ?
— Je ne demande pas mieux, mais il faut prévenir Lauriot.
— C'est bon. Allons parlé à li.
Ils communiquèrent ce projet à Lauriot et à Sir Arthur qui l'approuvèrent. Sir Arthur voulait les accompagner, mais Lauriot, qui craignait quelqu'imprudence de sa part, lui fit observer qu'il valait bien mieux qu'il se tint prêt à se mettre à la tête des gens de sa pirogue, au cas où il serait nécessaire de pousser au large.
Il fut donc convenu que Tom et Trim partiraient seuls. Qu’ils approcheraient aussi près de l'île que la prudence le permettrait, et, qu'après avoir observé les mouvements des pirates et s'être assurés de leur force, ils reviendraient immédiatement faire leur rapport.
Les pirates venaient d'allumer un feu sur la pointe de l'île, autour duquel ils se chauffaient, en attendant leur souper. Ils avaient formé une espèce d'écran du côté de la mer, pour empêcher la lumière d'être aperçue de ce côté, au cas où il plairait au cutter de venir leur faire une visite. Comme ils n'avaient aucune inquiétude du côté de l'intérieur, ils ne s'en étaient pas occupés.
De l'endroit où Lauriot était avec ses gens, on pouvait apercevoir les pirates quand ils passaient devant le feu, mais sans pouvoir ni compter leur nombre, ni distinguer ce qu'ils faisaient à quelque distance du cercle lumineux.
Après être convenus de différents signaux, afin de se reconnaître et de se communiquer, Trim regarda à l'amorce de ses pistolets et s'étant assuré que sa carabine était en ordre, il poussa tranquillement sa pirogue à l'eau et prit son poste à l'avant, déposant avec soin sa carabine auprès de lui, de manière à l'avoir sous sa main. Tom se plaça au gouvernail, et tous les deux partirent pour aller exécuter leur dangereuse mission.
La pirogue, légère et effilée, obéissant à l'impulsion puissante de ces deux vigoureux nageurs, semblait courir sur les eaux, en effleurant à peine la surface. Ils avaient d'abord dirigé leur course en droite ligne sur la flamme que les pirates avaient allumée sur l'île, de manière que Lauriot et tous ceux qui étaient restés avec lui pouvaient suivre la pirogue.
Quand ils ne furent plus qu'à une certaine distance de l'île, Tom, par un coup d'aviron, dirigea sa course un peu vers l'Est, de manière à se trouver dans l'ombre que formait une touffe d'arbres, afin d'approcher le plus près possible sans danger d'être découverts.
Ils avancèrent ainsi assez près de l'île pour distinguer parfaitement tous les mouvements de ceux qui étaient autour du feu. Ils pouvaient même les entendre parler. Après avoir examiné attentivement tout ce qu'il y avait sur la pointe, sans avoir pu distinguer Cabrera, Tom voulait retourner rendre compte de ce qu'ils avaient vu, lorsque Trim lui fit signe de regarder vers un petit arbre qui se trouvait à une trentaine de pas en deça du feu, un peu en arrière de l'écran, de manière à se trouver en dehors du rayon de lumière.
Tom suivit des yeux la direction de la main de Trim, et il aperçut un homme qui marchait de long en large, s'arrêtant brusquement devant quelque chose. Puis reprenant sa marche, faisant quelques pas et revenant à la même place. À l'agitation de ses mains, Trim comprit que cet homme parlait à quelqu'un.
Quel était cet homme ? À qui parlait-il ? Trim et Tom ne furent pas longtemps sans reconnaître l'homme., car s'étant dirigé vers le feu, sa figure, éclairée en plein par la flamme, ne pouvait tromper l'œil de Trim, qui reconnut Cabrera. Quoique Tom ne pût, de la distance où ils étaient, distinguer aucun de ses traits.
Trim se pencha avec précaution vers Tom et lui dit tout bas.
— Cabrera !
— Es-tu sûr ? demanda Tom, en s'avançant sur les mains au fond de la pirogue jusqu'auprès de Trim.
— Sûr ! Moué croyé mamselle Sara contre c'ti l'arbre.
— Moi aussi. Allons-nous-en maintenant.
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Le capitaine Pierre se retrouve en charge d’une immense fortune, avec, entre autres, des plantations aux États-Unis. Voyez le plan qu’il a proposé à ses esclaves noirs pour s’affranchir.
Le capitaine passera dans les villages des Patriotes à l’époque des batailles, toujours à la recherche de quelqu’une.
Suivez les évènements qu’il a vécu à Montréal puis à Québec. Vous aimerez !