Suivez la fascinante histoire des jumelles de la planète Skudd. Faites aussi la connaissance de gens provenant d'ailleurs, dont le fameux peuple des Guerriers : un récit tout en couleurs !

 

SKUDD


Cela se passe il y a si longtemps que la planète Terre n’existait pas encore. Personne ne l’avait encore créée dans sa forme actuelle. Elle existait mais en formation uniquement.

À l’époque, notre planète se nommait Skudd ; je dis, à l’époque, parce qu’elle n’existe plus, ayant été entièrement détruite dans un bombardement foudroyant. De nos jours il ne reste qu’un immense trou noir. Mais… je me souviens d’elle parce que je l’habitais.

Voici mon histoire :

Ma famille et moi habitions un immense domaine, en partie recouvert d’arbres de toutes les couleurs. Il y en avait des verts, des jaunes, des fuchsias mais les plus exotiques étaient de la couleur de l’arc-en-ciel. Un immense lac bordait notre terrain dans lequel des bêtes y vivaient en permanence. Il s’agissait de bêtes aquatiques mais pas des poissons. Il n’y avait aucun poisson sur Skudd.

Nous vivions à la campagne mais la ville se profilait non loin, à peine une demi-heure en vali – les valis étaient de petites voitures individuelles qui se déplaçaient en volant ou en roulant –.  Tous les Skuddaïs en possédaient une. Nous étions cinq chez nous et nous en avions cinq : pour mon père, ma mère, mon frère Youki, de quatre ans notre aîné, ma sœur jumelle Baïcha et moi, Hahïcha. Mon père était un homme riche et respecté. Il était le Condou, c’est-à-dire le président de Skudd.

Nous partagions notre planète avec les Kirs. Morphologiquement nos deux nations étaient très différentes : les Kirs possédaient une peau bleue-rosée et leurs corps étaient recouverts de minuscules écailles qui scintillaient au soleil. Ils étaient magnifiques à regarder, leur tête allongée ne portait pas de cheveux, seules les écailles entouraient leur visage aux traits gracieux. Leurs yeux turquoise brillaient comme des pierres précieuses.  Ce peuple avait émigré alors qu’on attaquait leur petite planète et comme c’était un peuple pacifique, nous les avons accueillis sur Skudd.  Ces gens ne portaient pas de vêtements, leurs écailles les protégeaient du froid et de la chaleur au contraire de nous qui devions nous vêtir. Vers le bas de leur corps, les écailles plus dures et recourbées protégeaient leur sexe.

Nous les Skuddaïs possédions des corps plus grands et plus graciles, nous avions des cheveux, des sourcils et de longs cils. Nos yeux d’un bleu lumineux étaient immenses. Je rêve encore de posséder ces merveilleux yeux bleus qui, hélas, n’existe pas sur Terre.

Nos deux peuples ne vivaient pas séparés, nous partagions tout, en bons voisins, et l’harmonie régnait. Il était impossible de s’accoupler avec les Kirs donc les deux grandes races demeuraient pures.

Sur notre planète, la pauvreté n’existait pas. Les arbres regorgeaient de fruits et les légumes poussaient en toutes saisons. Nous ne mangions pas la chair des animaux et nous ne les chassions pas non plus. Le commerce allait bon train. La grande force économique était la fabrication d’engins de toutes sortes : des vaisseaux spatiaux grands et petits, des appareils de communication entre les différentes planètes, de l’éclairage ainsi que des appareils de réchauffement pour les planètes trop obscures ou trop froides. Selon mon père, les plus grands génies habitaient Skudd.

Il y avait un va et vient interplanétaire incroyable. Parfois nos parents nous emmenaient rencontrer quelques-uns de ces peuples bizarres. Certains ressemblaient à des serpents, d’autres à des chats, d’autres encore à des arbres mais tous avaient un corps humanoïde avec des jambes, des bras et une tête.

Papa nous défendait de plaisanter devant eux mais quelquefois ils étaient si étranges qu’il était difficile de ne pas exploser surtout que Baïcha et moi avions le rire facile. Les Chats étaient très beaux ; ils ressemblaient à des panthères sauf qu’ils marchaient sur deux jambes. Leurs corps étaient velus d’un noir profond, seuls leurs grands yeux jaunes coloraient leur visage qui était plat et non pas affublé d’un museau, par contre leurs oreilles étaient rondes et leurs dents d’un blanc éclatant.

Les plus drôles étaient les serpents. Ils possédaient un corps allongé, de très courtes jambes et des petites ailes qui frémissaient sans cesse. Leurs yeux étaient ronds, globuleux et d’un bleu délavé.

Ceux qui nous faisaient pouffer, c’était ces personnes qui ressemblaient à des arbres sans leurs feuilles. Ils venaient de la planète Reicha. Ils étaient raides ; lorsqu’ils marchaient, on aurait dit deux bouts de bois dans leur pantalon et de plus, ils ne semblaient pas avoir très bon caractère parce que leur voix était sèche. Leur peau tirait sur le gris et même leurs dents paraissaient ternes. Baïcha et moi en avions un peu peur malgré tout.

Mécontent de nos rires, notre père nous a expliqué que ces gens étaient doux et d’agréable compagnie, et que la planète sur laquelle ils habitaient était si rude qu’ils n’avaient pas le choix de revêtir cette forme. Il nous a fait la leçon que nous n’avions pas à juger sur les apparences.

Youki, mon frère, maintenant âgé de dix ans possédait un atelier à lui seul pour qu’il puisse fabriquer des jouets électroniques. À nos yeux, Youki était très réservé et surtout très ennuyeux, il ne jouait jamais, c’était un scientifique en miniature, tandis que Baïka et moi préférions jouer avec nos amis Kirs qui habitaient près de chez nous.

Notre plus grand plaisir pour Rina, son frère Kaba, Baïka et moi, était d’aller au lac. Les bêtes nous portaient sur leur dos et nous promenaient à toute vitesse. Elles nous protégeaient, il y en avait toujours une prête à nous repêcher si nous avions le malheur de tomber.

Il est difficile de les décrire ; elles ressemblaient à des hippocampes à la peau velue mais beaucoup plus grandes. Elles étaient rapides et agiles et elles aimaient protéger les humanoïdes de la noyade. Jamais personne ne mourait lorsqu’elles étaient autour. On les appelait les Cercons.

Un jour un bébé Cercon s’est éloigné de sa mère et a atterri sur la plage. Incapable de regagner seul le lac, le bébé s’est mis à pleurer. Je jouais près de là et je l’ai entendu. La mère affolée gémissait puisqu’elle ne pouvait quitter le lac. Elle appelait son petit qui dépérissait à vue d’œil. Je me suis précipitée, j’ai attrapé le bébé et en voulant le rendre, j’ai glissé et me suis retrouvée dans l’eau profonde. Ne sachant pas nager à l’époque, j’ai coulé. La mère Cercon a attrapé son petit, l’a remis à une autre mère, a plongé et m’a ramenée vers un endroit sécuritaire. Depuis ce temps lorsque je vais au lac, cette bête, que j’ai nommé Maïa, m’attend pour ma promenade. Lorsque je joue dans l’eau, elle demeure autour, attentive. Le plus difficile a été de faire comprendre à ma mère que le lac était sans danger pour les enfants. Pour lui prouver, ma sœur s’est laissée glisser à l’eau et trois Cercons se sont précipités pour la sortir de l’onde. Tout à fait rassurée, elle nous a laissées jouer en espaçant la surveillance.

Étant la femme du Président, ma mère comblait d’énormes tâches qui l’occupaient sans cesse. C’était une bonne mère qui voyait à notre épanouissement et à notre bonne éducation. De plus, elle était très jolie et elle était le grand amour de mon père. Il la chérissait même devant les invités. Comblée, maman souriait à ce grand homme qui se faisait tout petit devant elle.

En voici un extrait:

Accueil  Présentation      Amazon      LivresKobo     BOUTIQUE   Louise Alarie

.