LA DRAGONNE

 

LA DRAGONNE



Un nouveau personnage a fait son entrée récemment au Service de police de la ville de Montréal. Elle s’acharne contre le détective Kean et s’ingénie à le garder à l’écart.


Qu’est-ce qui se trame derrière tout cela ? Pourquoi veut-elle absolument accuser un innocent ?


Kean devra changer d’emploi s’il veut continuer son enquête. Pas facile tout cela pour lui. Voyons comment il va s’en sortir.


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LA  LIEUTENANT DÉTECTIVE




Ce matin-là, Kean se rendit au travail en sachant que quelque chose changerait, on ne lui avait rien dit mais il le sentait. Effectivement, il fût invité, avec tous les autres détectives, à se rendre dans la grande salle de réunion.


Le commandant, Béa Pinard, demanda aux policiers présents de bien vouloir prendre place. Elle invita Carol Després, lieutenant détective, à venir parler.


Carol, s’avança l’air embarrassé avant de dire à ses hommes :


— Mes amis, j’ai le plus grand déplaisir de vous annoncer que je quitte mes fonctions. Un problème familial important m’oblige à rentrer chez moi.


Un murmure s’éleva dans l’assemblée.


Il poursuivit.


— Rien n’était prévu d’avance et je suis profondément désolé de quitter une équipe aussi efficace que la vôtre. L’harmonie a toujours régné ici grâce à vos qualités inestimables. C’est avec grand plaisir que je vous dis que vous êtes les meilleurs.


Une personne me remplacera à mon poste et cette personne a été nommée. Il s’agit de votre nouveau  lieutenant-détective, madame Eugénie Latour.


Elle entra d’un pas rapide. Vêtue d’un costume bleu-marine plutôt sévère, d’une chemise bleu pâle, d’une paire de chaussure à talon fin, d’une coiffure stricte et d’une paire de lunette sans monture.


Âgée d’une quarantaine d’années, elle possédait un corps svelte, de belles jambes, de grands yeux noirs assez durs et une bouche un peu grande qui ne semblait jamais vouloir sourire. Kean vit qu’elle avait un bras plus court que l’autre même si elle cherchait à n’en rien laisser paraître.


Un grand froid se répandit dans la salle. Personne n’osa parler. Tous les policiers présents regardèrent cette grande femme rigide que nul ne connaissait.


— Je me présente, dit-elle. Je suis originaire de la Colombie-Britannique, j’y ai vécu une bonne partie de ma vie. Dès l’âge de vingt et un  ans, je suis entrée dans la police de Vancouver. Récemment j’étais à Québec en tant que  lieutenant détective.


Une ouverture, ici à Montréal, a fait en sorte que j’ai accepté de déménager. Le poste de lieutenant détective s’est ouvert, on me l’a offert et je l’ai accepté. À partir de maintenant tous les sergents détectives seront sous mes ordres. Merci.


Ah oui, au fait, lorsque vous parlerez de moi, ou que vous m’adresserez la parole, je ne veux pas vous entendre nommer mon titre par lieutenante, je suis la lieutenant détective.


Puis elle se retira sans le moindre sourire. Tous se regardèrent en fronçant ou en haussant les sourcils. L’un d’eux glissa :


— Pas commode, la Madame !


À peine installés à leur bureau, Kean et Max s’entendirent appeler.


— Butler et Bernard, veuillez vous rendre dans mon bureau.


En entrant, Kean lui tendit la main qu’elle négligea. Insulté, il ravala.


— Asseyez-vous. J’ai pris connaissance de vos dossiers. Vous êtes les deux sergents les plus appréciés du centre opérationnel. Je m’attends à ce que vous soyez l’exemple ici.


— Nous ne sommes pas plus importants que nos collègues, madame…


— Lieutenant, ne m’appelez pas madame mais  lieutenant détective, est-ce clair ?


— Oui, mad… lieutenant, répondit Max humilié de se faire ainsi rabrouer.


— À l’avenir, plus personne ne s’appellera par son prénom. C’est ridicule. Ce n’est pas une école maternelle ici. Je ne tolérerai aucune intimité entre policiers, est-ce clair ?


Kean se tut un moment en pensant à « ma biche, ma poule » et aux nombreux petits noms émis par Claude, avant de reprendre la parole.


— Lieutenant, nous sommes tous des amis ici et depuis bien avant votre arrivée, les policiers se nomment par leur prénom. Je sais que ce n’est pas chose courante ailleurs mais ici c’est la règle acceptée par nous tous.


Le travail n’en souffre pas et se nommer par notre patronyme fait un peu macho, depuis que nous avons instauré les prénoms, plus personne n’a tendance à devenir grivois lorsqu’il s’adresse à un confrère.


— Votre règle, à partir de maintenant n’existe plus. Je suis votre chef et vous me devez obéissance.


Kean sentit la moutarde lui monter au nez et décida de la contredire :


— Comme vous l’avez vous-même constaté, nous ne sommes pas dans une école maternelle pour vous devoir obéissance pour une chose aussi anodine.


En prenant un nouveau poste, lieutenant, sachez que vous devez commencer par vous informer de ce qui fonctionne et de ce qui est nécessaire et demandé avant d’instaurer de nouvelles règles dès le départ. Si vous ne savez pas mieux vous y prendre, vous ne récolterez que de l’hostilité et dans peu de temps, vous vous casserez le nez. C’est un bon conseil, suivez-le,  lieutenant.


Si vous en avez terminé, nous aimerions, Max et moi, reprendre notre travail.


Ils se levèrent d’un seul mouvement. Les yeux de la lieutenant lançaient des éclairs après cette rebuffade. Entre les dents, elle fulmina :


— Vous me le paierai !


Kean la salua et sortit derrière Max.

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