Les derniers Iroquois
 

Dans les années 1835 à Montréal et ses environs, vivaient les derniers Iroquois.

Autour d’eux, des canadiens-français, des trappeurs et surtout des Anglais qui voulaient  les détruire.

Découvrez ces aventures et leur implication dans les évènements des Patriotes de 1837-38.

Sommaire


Introduction

La veuve indienne et ses maris

Ils réussissent à fuir

Les rapides de Caughnawagha

Le Montréalais

Les derniers Iroquois

L’Ïle au Diable

Co-lo-mo-o le Petit-Aigle

De Montréal à Caughnawagha

L’emplumement

Évasion et duel

Poursuite et sauvetage

L’arrivée de Poignet-d’Acier

Le Charlevoix

Une page d’histoire

Assemblée à Saint-Charles

La mère de Léonie est malade

On s’organise

L’insurrection

Drame

En route vers le Saguenay

Amour

Le sourd-muet

Dénouement

Conclusion



Les derniers Iroquois



Quoique Montréal ne possédât pas, en 1837, la moitié de la population et des embellissements dont elle s'enorgueillit, à juste titre, aujourd'hui, c'était déjà, par son vaste négoce et son esprit d'entreprise, une des cités les plus importantes de l'Amérique septentrionale. Cette métropole, qui compte près de 100,000 âmes dans son enceinte, n'en avait guère alors que 40 à 45*.


Mais ils étaient doués d'une activité, d'une intelligence commerciale, et d'un amour de l'indépendance qui, dès cette époque, faisaient de leur ville le foyer du libéralisme canadien.


Tandis que la capitale politique de la colonie, Québec, demeurait immobile dans son corset de remparts et de préjugés religieux. Tandis que ses plus nobles famille françaises acceptaient presque toutes sans murmurer le joug de la domination anglaise, et que beaucoup courtisaient leurs maîtres, adulaient Son Excellence le gouverneur général, les Montréalais ou Montréalistes, comme on les appelle dans le pays, protestaient ouvertement contre toutes les exactions du pouvoir, lui faisaient une opposition énergique, et aspiraient les uns à l'indépendance, les autres à l'annexion aux États-Unis, une certaine, mais faible minorité, à un retour sous l'administration française.


*La population des deux Canadas dépasse actuellement deux millions d'habitants. Il n'est guère de peuples qui se soient accrus aussi rapidement. Comme on le concevra aisément, les Anglo-Saxons ont pris plus de développement que les Franco-Canadiens, depuis la conquête du Canada par l'Angleterre, en 1789. Alors les premiers ne comptaient pas plus de sept à huit mille âmes dans le paya qu'ils occupaient sous le nom de Haut-Canada, à l'ouest de Montréal. De récentes statistiques nous montrent leur progression vraiment fabuleuse :


                  1814....................    95,000


                  1824....................   151,097


                  1829....................   198,440


                  1832....................   261,066


                  1834....................   320,693


                  1836....................   372,502


                  1842....................   486,055


                  1848....................   723,292


                  1852....................   952,054


                  1855.................... 1,003,121


                  1860.................... 1,060,305


Quant ou Bas-Canada, il a suivi l'échelle suivante :


Lors de la conquête, soixante mille Français à peine l'habitaient. À partir du premier recensement anglais on trouve :


                  1825.................... 423,630


                  1827.................... 471,876


                  1831.................... 511,920


                  1844.................... 690,782


                  1882.................... 890,661


                  1888.................... 930,207


                  1860.................... 1,000,044


M. Chauveau, surintendant de l'instruction publique au Canada accompagne ces chiffres d'observations très judicieuses.


« Si, dit-il, l'on considère que cet accroissement est presque entièrement dû à la multiplication par le seul effet des naissances de 60,000 Français, on le trouvera certainement remarquable.


Quelques centaines de familles, presque toutes normandes ou bretonnes, ont originairement peuplé les vastes territoires qui composaient la Nouvelle-France. À la conquête, un grand nombre de familles se sont embarquées pour la France, et depuis ce temps, il n'a pas été ajouté aux familles françaises de la colonie. Quelques individus isolés, aussitôt repartis qu'arrivés, ont, pour bien dire, à peine visité la Nouvelle-France, passée sous la domination de l'Angleterre.


Malgré le nombre considérable de Français et de Belges qui émigrent en Amérique, il n'y a actuellement (1858) que 1,366 natifs de ces deux pays. Loin de gagner par l'immigration, la race française a, au contraire, constamment perdu par une émigration qui s'est faite dès l'origine et n'a cessé de se faire vers les États-Unis, les plaines de l'ouest et jusqu'à la Louisiane et au Texas... Bien plus, une émigration plus formidable s'est faite depuis quelques années. Des ouvriers par bandes, des familles de cultivateurs par essaims ont laissé le Canada, etc. ! »


Les dilapidations insensées du trésor public, la corruption effroyable des hommes politiques, l'augmentation constante des impôts, la lourdeur de la dette coloniale, qui pèse de près de deux cents francs sur chaque tête d'individu, sont les principaux motifs de cette émigration. Quant à la fécondité des Canadiens, elle peut passer pour proverbiale. Les familles de douze ou quinze enfants » sont communes. J'ai connu des femmes qui avaient donné le jour à vingt-cinq, et une à trente et un !


Les motifs de leur désaffection étaient divers. Pour les Franco-Canadiens, c'était principalement cette vieille inimitié de race que le temps n'a malheureusement pas effacée. D'ailleurs, peuple conquis, il n'eut guère été naturel qu'ils supportassent sans se plaindre leurs conquérants.


Pour les Anglo-Canadiens, la vue de l'égalité et de la liberté qui régnait aux États-Unis, comparées à l'oligarchie aristocratique et tyrannique du gouvernement colonial, pouvait être un sujet d'envie. Quoiqu'il en soit, le mécontentement avait atteint ses limites extrêmes.


Et les mécontents formulèrent, en 1834, leurs griefs dans un factum célèbre, sous le titre Les quatre-vingt-douze rédigées, en grande partie, sous la direction de M. Louis-Joseph Papineau, le tribun du parti libéral à l'Assemblée législative.


Ce document fut envoyé à Londres. Mais, loin de faire droit à ses instantes réclamations, quoiqu'elles fussent appuyées par lord John Russell, O'Connell et plusieurs membres éminents de la chambre des communes anglaise, le cabinet de Saint-James ferma l'oreille.


Des troubles, bientôt réprimés, éclatèrent, au commencement de 1837, à Montréal et dans les environs.


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