Guerres et Amant(e)s

 

C'est ma première année de guerre en Gaule, avec son cortège d'évènements brutaux et inattendus. J'avoue que c'est difficile – au point que je ne sais plus trop qui je suis. Intervient alors le druide Diviciac qui m'ouvre des perspectives insoupçonnées.

À la mauvaise saison, le temps vient de déposer les armes. Je pars retrouver mon amante merveilleuse, Orestilla.

La guerre se poursuit toutefois pendant de longues années et Marc Antoine remplacera Orestilla. Est-il normal d'être aussi attiré par un homme ? Ou n'est-ce qu'un amour de circonstance ? Je vous laisse juger.

Sommaire


Introduction

Première année de guerre

Je me retrouve seul à Aquilée

La bataille des Ardennes

Diviciac le druide

Le dolmen

Comment je vois les choses

Connais-toi toi-même

Quartiers d'hiver

Orestilla l'amante

Puis, la tragédie

D'Aquilée à Ravenne

L'accord de Lucques : le triumvirat

Pompée

Deuils

Marc Antoine

Répression d'une révolte

Le salaire du vainqueur

Conclusion

Du même auteur

Mot de la fin


Introduction



Julius Caesar est enfin parvenu au consulat, la plus haute magistrature.  Il s’attelle à introduire des réformes, malgré l’opposition des conservateurs.  Malgré, surtout, l’obstruction de son propre collègue Bibulus, l’autre consul, qui s’acharne à vouloir entacher de nullité tous les actes publics de Caesar grâce à un stratagème des plus curieux, s’inspirant de traditions fort anciennes : il restera chez lui tant que le ciel ne lui enverra pas des auspices favorables !


L’année du consulat voit également deux mariages au sein de sa famille : le sien avec Calpurnia, fille de l’un de ses fidèles, et celui de Julia, sa propre fille, avec le grand Pompée.  D’abord révolté à l’idée que sa fille de 17 ans épouse un homme plus âgé que lui, Caesar finit par se plier à leur volonté lorsqu’il comprend que Julia est sincèrement amoureuse du grand homme.


Porté par la faveur populaire, Caesar obtient le mandat extraordinaire de proconsul de trois provinces, dont la Gaule, pour une période de cinq ans.  Et au terme de son année consulaire, il part sans tarder pour la Gaule.



Première année de guerre



Genève, plaine ondoyante, collines arrondies et vallons esquissés. Rhône, qui du lac, se meut lentement vers la cluse à l'occident, vers cette fente dans la paroi qui court le long de la plaine. Grisaille de l'hiver qui s'attarde. Herbes desséchées d’un gris jaunâtre. Galets arrondis près du gué au-delà du pont.


À cheval, j'inspecte le gué. Les neiges n'ont pas encore commencé de fondre, l'eau est basse. Il faudra au moins trois décades pour que le fleuve gonfle. Je me tourne et observe la plaine qui s'étend au sud du fleuve : elle est ouverte, d'accès facile. Il faudra que je fasse construire des fortifications de la ville à la cluse.


Je pense à cette foule massée à peu de distance, le long de la rive septentrionale du Léman : hommes, femmes et enfants. Ils ont brûlé maisons, champs et tout ce qu'ils n'ont pu emporter dans leurs chars.


Quelle naïveté pitoyable ! Rome ne peut permettre le passage d’une telle masse de barbares ni sur ses territoires, ni à proximité. Bien qu'ils attendent avec docilité le consentement de Rome, une fois en route, rien ne pourrait endiguer ce flot humain.


Je redoutais les rapines, les razzias, que les populations migrantes amènent inévitablement sur leur passage, ainsi que les craintes et les haines qui s'ensuivent.


Je redoutais la contagion de la violence, la peur des populations autochtones, cette terreur aveugle qui pousse les faibles à la fuite et à l'agression déraisonnée. Je songeais aux Allobroges toujours en effervescence contre Rome, à leur prompte et maladroite connivence avec Catilina...


Les Helvètes ne devaient pas passer. Ils servaient de digue contre les Germains du nord. La digue cédant, surgirait le danger d'une réaction en chaîne, la coulée de neige qui devient avalanche. Et en Gaule, tout deviendrait mouvement de peuples en fuite l'un devant l’autre, avec les éléments hostiles à Rome bien aises de pêcher en eau trouble.


Les Helvètes ne passèrent pas. Ils essayèrent une route au nord, à travers la cluse, hors de la province romaine. Mais avec deux légions supplémentaires, hâtivement levées en Cisalpine, je les rattrapai et les repoussai : une très bonne opération de nettoyage. Les survivants reprirent le chemin de leurs vallées abandonnées.


Ensuite, ce fut le tour d'Arioviste et de ses Souabes, qui étaient venus faire la loi en territoire gaulois, en deçà du Rhin. Ayant contenu les Helvètes, il était temps d'affirmer la puissance romaine face aux Germains et aux peuplades gauloises. En particulier face aux Allobroges et aux Eduéens.


Une victoire sur les Souabes d'Arioviste, considérés comme invincibles, convaincrait et rendrait timorés tant nos sujets que nos voisins. C'était nécessaire.


Mais les défaitistes de mon armée n'étaient pas de cet avis. Ce n'étaient pas, naturellement, les officiers de carrière, mais ces jeunes de la noblesse qui, par calcul (mien ou leur, peu importe), m'avaient suivi en Gaule.


Au fond, je l'avais cherché. Je les avais emmenés en Gaule pour qu'ils ne fussent pas tentés d'intriguer contre moi à Rome. Pour m'en servir en quelque sorte comme otages, si jamais leurs parents étaient tentés de comploter contre moi. Il m'incombait donc de les manier et de les supporter.


Ces jeunes officiers se plaignaient qu'une campagne contre Arioviste était infiniment dangereuse, injustifiée et qu'elle ne visait qu'à accroître ma gloire personnelle. Ils ne s'apercevaient pas, ces sots, que si nous n'attaquions pas les premiers, nous passerions les cinq ans de mon mandat en Gaule à repousser les attaques des Souabes et à empêcher des migrations tribales déclenchées par l'agressivité des Germains. La tentative des Helvètes aurait dû leur ouvrir les yeux.


De ces officiers, la démoralisation s'étendit rapidement aux centurions, aux soldats et à la cavalerie. Le temps était venu d’y mettre un frein.


Les difficultés me stimulaient. Je m'amusais comme un gosse à démontrer aux autres et à moi-même la supériorité de mon intellect, à surprendre, à devancer, à épater…


Je rassemblai donc les tribuns et les centurions du premier rang. Je leur tins un discours soigneusement préparé. Au fur et à mesure que je parlais, je voyais les hommes se dresser sous l’aiguillon de mes paroles, être électrisés et vibrer.


Lorsqu’enfin je me tus et m'assis, me laissant aller contre le dossier de ma chaise, tous ces hommes se levèrent ensemble, sans ordre aucun, protestant à pleine voix de leur confiance et de leur dévotion.


Il y en eut même qui, ayant mis un genou à terre, me baisèrent la main affirmant qu'ils me suivraient jusqu'au bout du monde. D'autres, debout, tremblant de honte, ne disaient rien, mais semblaient vouloir se sauver au plus vite afin de transmettre à leurs hommes le sens de mon discours. Bref, ce fut un succès.


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