Le mors aux dents

 

Un homme qui joue avec l’argent comme il joue avec les femmes.


Pensez-vous qu’il puisse continuer ce manège très longtemps ?


Suivez ces aventures amoureuses et autres et voyez où cela le mène.


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Sommaire



Introduction

Valéry le futur époux

Les nouveaux mariés

La vie conjugale

L’été loin de Paris

Me porte-t-il malheur ?

Chez madame Brazenyi

Penser à cette problématique étrangère

Valéry obtient son rendez-vous

Rendez-vous manqué

La maternité malgré tout

L’oncle Louvelot

On nous croit riches

Antoinette, fort recherchée

La réapparition de madame Brazenyi

Enfin la rencontre

Choyer sa maîtresse

La visite de Moilly

Le souper

Se faire réconforter

L’échéance arrive

Les dépenses augmentent

Le mors aux dents

Économie intérieure ?

Le jeu reprend

Antoinette se dévoile

Ruinés ?

À la recherche d’argent

Vendre sa femme ?

Conclusion

Des livres captivants



La vie conjugale



Avant que le soleil filtrât à travers les persiennes, Célie avait acquis une triste certitude : si le mariage était l'amour, elle n'aimait pas son mari. Non seulement elle ne l'aimait pas, mais elle avait peur de lui, absolument peur.


La vie en se réveillant autour du château lui apporta un soulagement inexprimable. Il y avait autre chose dans l'existence que le mari. Il y avait tout ce qui la veille encore constituait le monde pour elle, tout ce qui continuerait à lui apporter quotidiennement des espérances, des joies — et des déceptions.


Pendant que Dornemont, en fredonnant, faisait sa toilette, dans son appartement, Célie, avec un frisson, essayait de chasser les souvenirs qui lui faisaient l'âme lourde et presque méchante. Avec un regret profond, qui la secoua jusqu'au fond d'elle-même, elle se rappela la courte minute où son mari avait tenu sa main sur le canapé du petit salon.


C'était beau, se dit-elle. Quel malheur que cela n'ait pu durer !


Que de fois, depuis, avec l'ardeur d'une âme sincère, Célie essaya de retrouver cette minute inouïe, où l'amour lui était apparu, où elle avait deviné ce qu'il pouvait lui apporter encore de félicités... Jamais elle ne put évoquer de cette apparition autre chose que le souvenir, avec le regret poignant du bonheur que l'on pouvait avoir et que l'on n'a pas eu.


Elle n'aimerait pas son mari, c'était certain. La société de Valéry ne lui déplaisait pas. Il était si aimable et bon enfant, si drôle même à de certains moments, qu'elle s'amusait volontiers de sa présence, comme au théâtre elle eût fait d'une pièce spirituelle.


Mieux encore, elle se sentait le plus souvent de l'amitié pour cet excellent camarade, qui la traitait en enfant gâtée. Mais, dès qu'elle était seule, ou bien quand il redevenait son mari, Célie, sans pouvoir se l'expliquer à elle-même, retombait dans sa tristesse. Au fond de son âme, elle gardait le regret de son rêve.


La vérité, c'est qu'elle trouvait en Dornemont la grossièreté d'un homme qui a vécu beaucoup et longtemps dans la société des filles.


On ne guérit point de cela. S’il est homme du monde que l'on puisse se montrer quand c'est absolument indispensable, dès que l'on revient à la sécurité du foyer et des pantoufles, le laisser-aller contracté près des femmes que l'on payait, reparaît dans la vie de famille, comme certaines odeurs pénétrantes et grossières, musc ou patchouly, continuent à empoisonner les armoires, bien longtemps après que les sachets ont été retirés.


Valéry ne se doutait pas de ce qu'éprouvait sa femme. Il la trouvait très enfant, un peu trop prude. Il l'eût souhaitée bonne fille, et regrettait qu'elle gardât près de lui une certaine roideur de pensionnaire.


Un jour qu'ils étaient partis à cheval de bon matin, sans groom, pour faire une longue promenade, l'air vif, le mouvement, firent monter aux joues de Célie une coloration délicieuse, pendant que de ses lèvres sortaient en fusées des éclats de rire et des propos joyeux.


Valéry la taquinait, elle ripostait avec une malice sans fiel, mais pleine d’à-propos. Après qu'ils eurent badiné de la sorte pendant un certain temps, ils se trouvèrent las, mirent leurs bêtes au pas et cheminèrent en silence.


Les cerisiers et les pommiers étaient absolument couverts de fleurs, les uns d'un blanc pur, les autres d'une blancheur rosée, tendre comme le teint de Célie. Les pommiers étalaient leurs branches avec l'impudence de la richesse, tandis que les cerisiers dressaient vers le ciel leurs quenouilles virginales.


La campagne sentait bon, verte et reposante pour les regards. Valéry lui-même sentit une jouissance fine et délicate le pénétrer, où l'âme avait quelque part, et il regarda sa femme.


Célie pensait : à quoi ? À ce moment, son destin passa peut-être une seconde fois à portée de sa main. La course, l'air vif, le rire, l'avaient presque amenée à comprendre ces joies matérielles dont Valéry était si friand. De son côté, le jeune homme venait d'être touché par un frôlement d'ailes invisibles, et peut-être se fût-il trouvé en état de ressentir une partie de ce qui se passait dans l'esprit de sa jeune femme...


Leurs yeux se rencontrèrent, et ils furent sur le point de se parler.


Qu'allaient-ils se dire ? Qu'ils s'aimaient peut-être, et c'eût été vrai, vrai pour une minute, quitte à ne plus l'être ensuite. Mais leur destin ne le voulait pas.


Le galop d'un cheval derrière eux sur la route les fit se retourner en même temps, et ils aperçurent leur groom qui venait à eux à bride abattue. Ils s'arrêtèrent, et quand le garçonnet essoufflé les eut rejoints, il tira de sa poche un télégramme que Valéry lut avec cette impassibilité qui le rendait si beau joueur.


— Je suis obligé de retourner à Paris, dit-il à Célie. Nos vacances auront été courtes, mais, ici ou ailleurs, c'est bien la même chose, n'est-ce pas ? Nous prendrons le train d'une heure. Et puis cela vient à propos, car voici le temps qui se gâte.


Ils rentrèrent au château d'une allure égale et rapide. La fantaisie et l'amour s'étaient envolés par la route à laquelle ils tournaient le dos maintenant, vers les régions du ciel bleu. Et désormais devant eux, les arbres chargés de fleurs tendres se dessinaient sur le ciel gris presque noir, qui présageait la neige ou la grêle.


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