La seconde mère

 

Une famille reconstituée, ça vous dit quelque chose ?


Comment doit-on faire pour reformer une famille unie malgré les objections des grands-mères et des enfants ?


Voyez le moyen que la nouvelle belle-mère a utilisé pour que cela fonctionne.


Pas toujours facile, à mon avis.


Vous allez apprécier ces personnages attachants !

Sommaire



Introduction

Revoir sa fille

Arrivé chez Odile

Le diner de mariage

Les visites à ses enfants

Le drame

Ce qui peut arriver à Paris

Au tour de la grand-mère

Un baiser

Peu rassurant

Sauvé !

Odile, malade à son tour

La petite communion d’Yveline

Odile a un plan

En visite chez sa soeur

Quelle est sa vraie nature ?

De nouveaux sentiments

Les confidences

Yveline fuit

Ramenée chez sa grand’maman

Ce sujet lui tient à coeur

Au revoir aux amis

Je n’ai jamais pensé à autre chose

Conclusion


Peu rassurant



Le docteur, après avoir examiné le sommeil profond, semblable à la mort, dans lequel Edme était tombé après sa crise de fièvre, porta un arrêt peu rassurant. Les forces étaient totalement épuisées. La nuit qui allait suivre pouvait être la dernière.


Si l'enfant sortait de cette torpeur, il serait probablement sauvé, mais la présence d'un confrère savant était réclamée par le vieux praticien pour mettre à couvert sa responsabilité.


— Pourquoi ne m'avez-vous pas dit cela plus tôt ? s'écria Odile. J'aurais prévenu mon mari ! Maintenant, quoi que je fasse, il ne peut plus revenir à temps...


Le médecin répondit que le tour fâcheux pris par la maladie était tout à fait inattendu, et qu'il en était surpris lui-même. Il partit, fort tourmenté, promettant de revenir le lendemain dès l'aube.


Odile envoya des télégrammes et donna des ordres. Ayant pris la résolution de ne pas effrayer Mme Brice, qui, par bonheur, dormait lors de la visite du médecin, elle appela Jaffé et lui fit connaître la vérité tout entière, le priant de rester à portée de la voix, pour le cas où elle aurait besoin d'aide.


Elle fit ensuite sa toilette de nuit, passa une robe très simple et revint s'asseoir dans la chambre du malade, préparée à une longue et redoutable veille.


Le premier soin d'Odile avait été d'éloigner l'enfant du voisinage de Mme Brice. La chambre était une vaste pièce formant aile dans l'originale bâtisse des Pignons. Quatre fenêtres sur trois côtés l'inondaient de lumière.


À vingt reprises durant le jour, Odile ouvrait une des fenêtres pour renouveler l'air, qui devait toujours être pur et léger. Cette nuit-là, on ne ferma point les volets. Il semblait à Mme Richard que le jour ne viendrait jamais assez tôt, et elle voulait voir naître les premières clartés de l'aube.


Tout était tranquille dans la maison. On ne se fût jamais douté que la vie et la mort se livraient le grand combat dans cette atmosphère silencieuse. Odile avait essayé de dormir, le sommeil s'était refusé à venir.


Elle resta alors étendue sur la chaise longue, très calme en apparence, les yeux fermés, pour les ménager, car ils lui causaient une douleur cuisante, et elle pensait à toute sa vie, à celle de son mari, à celle de l'enfant qui était peut-être mesurée et dont elle voyait s'écouler les dernières heures.


Qu'adviendrait-il si Edme mourait ? Que dirait Richard, tenu à l'écart de ses derniers moments ? Elle sentit que maintenant elle pouvait regarder son mari en face. Le baiser donné par son fils la lavait de tout reproche.


Si elle avait mal fait, c'était en voulant bien faire. Nul, pas même le père privé de la dernière caresse de son enfant, ne pourrait lui reprocher d'avoir trop peu aimé celui qui ne serait plus.


La nuit suivait son cours. Aux intervalles fixés, elle essayait de donner à Edme la potion ordonnée. Au commencement, il la prenait sans résistance. Mais à mesure que la nuit s'avançait, il ne voulut ou ne put plus desserrer les lèvres.


Vainement, elle essaya de tous les moyens. Jaffé fut impuissant comme elle. La force même était inutile. Elle renvoya Jaffé, et resta près du lit, anxieuse, comptant les minutes.


L'heure passa où les médecins de Paris auraient pu arriver s'ils avaient pris le premier train en partance, et Odile se trouvait encore seule. Edme, rigide sous les draps, avait l'air d'un cadavre, sa respiration entrecoupée était le seul signe de son existence.


La contention de sa pensée stupéfiait la jeune femme dans un engourdissement douloureux : « Pourvu qu'ils arrivent à temps ! » se disait-elle vingt fois par minute, sans s'apercevoir que c'était toujours la même chose, s'émouvant de cette même idée comme si chaque fois c'eût été imprévu.


Une très faible lueur grise parut dans le ciel. Ce n'était pas l'aube, c'était un éclaircissement de la nuit. La forêt, le parc étaient encore invisibles, mais on eût cru qu'aux fenêtres pendaient de grands suaires gris, bien plus effrayants que l'obscurité complète.


Odile se repentit d'avoir regardé au dehors, et le frisson de la peur, ressenti le soir où elle avait pris sa veille maternelle, vint lui secouer le corps et l'âme. Elle tourna la tête. Derrière elle, la pièce où Jaffé dormait, — ou ne dormait pas, — puis la longue enfilade de chambres inhabitées. Devant elle, l'enfant muet, immobile...


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