Le Major Anspech

 

Ce que le temps et les aléas de la guerre et de la fortune ont fait à deux nobles de l’époque.


D’un pays à l’autre et pour chacun sa survie.


Rejoignez-les dans leurs péripéties.


Vous apprécierez ce texte paru dans la Revue L’Illustration de 1843.

Sommaire



Introduction

Le Major Anspech

Mademoiselle Guimard

La fuite

En Amérique

Une rencontre imprévue

Travailler

Esclave de ses passions

S’égorger pour cette petite…

Petit banc libre

Un lunatique ?

La réponse de l’habit bleu

Conclusion

Des livres captivants

Mot de la fin




Introduction



Si le major Anspech était un vieillard aussi maigre qu'il était long, et même d'autant plus maigre qu'il était long.


Quarante ans avant l'époque où se passa la petite histoire que nous allons, ô lecteur, prendre la liberté de vous raconter, ce digne major était l'un des plus beaux mousquetaires gris du régiment de Monsieur, et bataillard comme quatre.


Avec cela quelque fortune, un des beaux noms de Lorraine, du savoir à l'escrime et un coeur passablement affamé. Les femmes de la cour et de la ville, de celles qui ne savaient résister à un mousquetaire, résistaient encore bien moins à un mousquetaire gris, haut de cinq pieds six pouces.


Et M. le major Anspech leur donnait de si galants assauts, qu'il s'était surnommé de son chef le Turenne des boudoirs.


Mais quarante années changent légèrement un homme. M. Anspech, en 1827, n'était plus que l'ombre de lui-même, et ne possédait autre chose, de toutes ses splendeurs évanouies, que 800 livres de rentes, une culotte en peluche noire, une longue redingote noisette et une mansarde. Encore la mansarde lui coûtait-elle 10 écus par an.


Malgré cette réduction notable dans les éléments de son bonheur, le major Anspech, qui était veuf, avait trouvé le moyen de vivre au sein d'une jouissance parfaite durant six mois au moins de l'année. Or, combien y a-t-il d'hommes qui puissent se vanter d'être satisfaits de leur sort un jour sur deux ?


Il est vrai que les menus plaisirs du major Anspech ne tendaient pas précisément à écorner son budget, et c'est en cela que, pour un ci-devant mousquetaire, le major nous paraît digne de beaucoup d'éloges.


Il avait borné ses voluptés courantes à une promenade aux Tuileries, toutes les fois que le soleil daignait en caresser les avenues, que ce fût par les étreintes brûlantes de la canicule ou par les froids baisers d'un beau jour d'hiver.


Mais, comme cet astre est assez rarement chez nous d'une aménité sans nuage, notre vieil ami avait fait une étude approfondie de l'endroit du jardin le plus propre à goûter les douceurs de Phébus, et à ne rien perdre de ses rayons.


Après maintes recherches et plusieurs essais diversement heureux, le major parut fixer son choix.


A l'extrémité de la terrasse des Feuillants, se trouve une plateforme ombragée d'arbres et de bosquets qui domine tout à la fois et la place de la Concorde et l'entrée architecturale de ce coté-là du jardin. Une rampe en terre-plein termine cette plate-forme, et conduit le promeneur, par un gracieux retour sur elle-même, dans la riche enceinte qui s'ouvre entre les avenues et la porte occidentale des Tuileries.


Ce retour de la rampe forme donc, comme on peut le comprendre, un angle assez aigu avec le revêtement de la plateforme, et c'est du sommet de cet angle, dont les cotés sont deux murailles hautes d'une douzaine de pieds à cet endroit, c'est de ce coin ainsi fortifié que nous allons parler.


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