Jacques Cartier
 

Jacques Cartier et la découverte de la Nouvelle-France


Jacques Cartier, cet aventurier dont tous connaissons le nom, a eu une vie fort intéressante.


Découvrez vous aussi les aventures de ce grand personnage racontée par des gens qui ont vécu à cette époque ou peu après.


Un être bien apprécié par les Malouins et par nous.


Notre histoire du Canada, d’un autre point de vue, à vous d’en juger.


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L’île des oiseaux de Terre-Neuve



Le pilote malouin est autrement sobre de détails que l'avocat et le Récollet. Sa traversée, à la vérité, fut courte : en vingt jours, Jacques Cartier gagnait Terre-Neuve.


Les glaces en défendaient encore les abords aux environs du cap que les Portugais avaient baptisé Bona Vista. À cinq lieues de là, le Malouin chercha l'abri du havre Sainte-Catherine pour y raccoutrer ses navires. Il en repartait le 21 mai, le cap au nord.


Au milieu d'un champ de glaces qui commençaient à se rompre, surgit un îlot d'une lieue de circonférence, que couvrait un nuage mouvant.


Des myriades d'oiseaux survolaient Funk island, dont le sol était couvert d'apponatz {Plautus impennis), grands comme des oies, « noirs et blancs, le bec comme ung corbin, avec de petites aisles comme la moitié d'une main ». Une vraie manne que ces pingouins de l'île des Oiseaux !


En moins d'une demi-heure, on en abattit de quoi charger et saler, pour chaque navire, quatre ou cinq pipes, sans compter ceux qu'on mangea tout frais. Le ravitaillement coûtait si peu et, parfois, était si succulent I


Des parties les plus délicates des morues, qu'on péchait par centaines, des coeurs et des tripes, on faisait un hachis au lard et aux épices, qui valait le cervelas de Paris : c'est l'avocat Lescarbot qui s'en porte garant.


D'autres oiseaux plus petits, des godets (alcaiorda), se mettaient sous la protection des pingouins, mais avaient sur eux l'avantage de s'envoler. Tout un quartier de l'île était rempli de grands oiseaux blancs, des margaux {sula bassana), qui ne se laissaient pas approcher, « car ilz mordoient comme chiens ».


Mais soudain nous aperçûmes un de leurs plus rudes adversaires, un ours « grant comme une vache, aussi blanc comme ung signe ; » lui-même nous avait vus. Sans attendre notre attaque, il se jeta à la mer.


Or, Terre-Neuve était à quatorze lieues de distance. Le lendemain, nos gens le rencontrèrent à mi-chemin, allant à la nage aussi vite que nos navires à la voile. On lui donna la chasse et on s’en rendit maître. Sa chair fut trouvée aussi bonne que celle d'une génisse de deux ans. Jusque-là, les pêcheurs terre-neuviers qui formaient les équipages de Jacques Cartier se trouvaient dans des parages familiers.


L'inconnu allait commencer. Les cartes donnaient la côte orientale de Terre-Neuve, mais elles ignoraient la côte occidentale. Terre-Neuve était même figurée comme un archipel, témoin la carte contenue en 1556 dans les Navigationi et viaggi de l'Italien Ramusio. Terre- Neuve et la Nouvelle-France y sont traitées avec la plus aimable fantaisie.


La Terra Nuova, pauvre petite île au milieu d'im archipel, est surmontée, au nord, d'une gigantesque Isola de’ Demoni, où des êtres humains s'abritent sous une sorte d’auvent, cependant que des démons folâtrent dans l'île.


La Nuova Francia est figurée comme une île plus grande encore, dont la frange est une énigmatique Terra de Nurumbega. Et si l'on songe que Ramusio prétend donner ainsi une idée du voyage d’explo ration de Jacques Cartier, que pouvaient être les cartes antérieures !




La débâcle des glaces au Labrador



L'épreuve, au reste, en fut vite faite. Le 27 mai, l’expédition se présentait « à l'entrée de la baye des Chasteaulx »; c'était en réalité un détroit entre Terre-Neuve et le Labrador.


À peine entré dans le détroit de Belle-Isle, Jacques Cartier dut chercher un refuge au havre du Carpont, où la débâcle des glaces le retint bloqué jusqu'au 9 juin et qui lui servit de base d'opérations pour ses découvertes.


Du spectacle impressionnant qui s'offrait à lui, on aura une idée en lisant À travers les mers, de l'amiral Dartige du Foumet. Poussés par le courant qui sort du golfe Saint-Laurent, des centaines d'icebergs encombrent le détroit, tandis que la houle de l'Atlantique déferle sur eux comme sur des falaises.


Une détonation sourde éclate : un des colosses, rongé par la base, vient de chavirer.


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