Une de perdue Deux de trouvées

 

Une de perdue Deux de trouvées


Le Capitaine Pierre est un navigateur hors pair. Ce qui ne l’empêche pas d’être attaqué par les Pirates. Voyez comment il se sort de cette situation. À terre, on le piège, on le fait même passer pour mort. Mais ses esclaves noirs lui viennent en aide.


Dans la deuxième partie, il se retrouve en charge d’une immense fortune, avec, entre autres, des plantations aux États-Unis. Voyez le plan qu’il a proposé à ses esclaves noirs pour s’affranchir.


Le capitaine passera dans les villages des Patriotes à l’époque des batailles, toujours à la recherche de quelqu’une. Suivez les évènements qu’il a vécu à Montréal puis à Québec.


Que de péripéties ! Vous aimerez !

Le Zéphyr



Depuis quelques jours, un brick avait jeté l'ancre dans la rade de Matance. L'arrivée de ce navire dans ce port de l'île de Cuba n’avait causé aucune émotion d'abord. Il y en arrive tant tous les jours, de tous les pavillons et de toutes les formes.


Cependant, le troisième jour, lorsque le bon peuple de la ville vit que le navire ne faisait pas mine d'accoster, on commença à faire des conjectures. Puis la forme si élancée de sa proue. Sa coque si longue et si étroite, toute noire. La hardiesse de sa mâture inclinée en arrière. Ses immenses voiles qu'il déployait au vent quand il entra dans le port, et maintenant ferlées. Ses douze sabords ouverts qui montraient les dents, comme des dogues eu colère, tout cela excita fort les soupçons des habitants paisibles de la bonne ville de Matance.


— Mais dites donc, demanda un signor à son voisin qui se trouvait près de lui sur la jetée, que pensez-vous de ce vaisseau tout noir, là-bas à l'ancre ? On n'aperçoit personne à bord. Ne dirait-on pas qu'ils craignent de se montrer ?


— Je suis aussi ignorant que vous sur le compte de cet étrange navire. Quelques-uns pensent que c'est un écumeur de mer, d'autres disent que c'est un  négrier qui arrive de la côte d'Afrique.


— Les autorités n'ont-elles pas envoyé reconnaître ? C'est drôle tout d’même. Il me semble que l'on y devrait faire attention. Si ce sont des pirates, faut être sur nos gardes.


— Je crois que les autorités sont informées, car ce matin on dit que le canot de ce brick est venu à terre, deux hommes en sont sortis et se sont dirigés du côté du Consulat Américain. À peine s'il était jour et l'un d'eux était enveloppé dans un léger manteau de soie cirée. Au bout d'une demi-heure on les a vus sortir du Consulat Américain, entrer au bureau de la douane d'où ils sont repartis pour leur navire. Depuis ce temps on ne sait plus rien.


— Il ne serait pas mauvais, tout d'même, de veiller cette nuit sur leurs mouvements.


— Ils sont suspects, je sais que ce matin un caboteur ayant voulu approcher du navire avec son esquif chargé d'oranges, un gros nègre armé d'une immense fourchette de cuisine lui a crié que, s'il ne s'en allait pas de suite, il tirerait sur lui à coup de carabine. Le caboteur dit qu'il croit avoir aperçu sur l'un des plis du pavillon, que nous voyons roulé et attaché à mi-mât, une tête de mort avec deux os en croix.


— C'est un pirate, prenons garde.


— Je suis de votre avis.


Ces deux personnes se séparèrent pour aller rapporter dans leurs familles les conjectures qu'elles avaient faites, sur le compte du prétendu pirate. Avant la nuit toute la ville était en rumeur.


Plus d'une jeune signora passa une partie de la nuit agenouillée aux pieds de sa Madone. Plus d'une vieille fille s'effraya des excès que l'on devait s'attendre à voir commettre par ces bandits, si les autorités ne doublaient pas les gardes. Et pourtant les autorités ne doublèrent pas les gardes, et la nuit se passa comme les autres sans désordres. Et les vieilles et les jeunes filles se levèrent le lendemain matin comme à l'ordinaire, les yeux pourtant un peu caves et les joues un peu blêmes de peur et d'insomnie.


Quoique les frayeurs de ces bonnes gens ne fussent nullement fondées à l'endroit du joli brick qui balançait si coquettement ses mâtures effilées, il faut aussi leur rendre cette justice de dire que quelques semaines auparavant, on avait signalé dans ces parages un véritable pirate, dont la description correspondait assez avec celle du navire qui, à cette heure, reposait bien innocemment sur ses ancres dans la rade.


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