La Fiancée du Rebelle
 

Qu’auriez-vous décidé dans un tel dilemne ?


Appuyer les Anglais qui avait tout rafflé ce que la France avait fait dans notre pays ?


Ou, auriez-vous opté pour aider les Américains à combattre les Anglais au Canada ?


Dites-vous que les Canadiens français étaient divisés sur ce point et il s’en est trouvé de part et d’autres lors de cette guerre dite « des Bostonnais. ».


Rencontrez nos héros, cette fois du côté des Bostonnais, par dépit. Ce qu’ils durent traverser à cause des politiques en vigueur à cette époque.


Une histoire bien touchante. Vous apprécierez !

Où James Evil reparait



Quelques jours plus tard, l'un des captifs, porteur d'une lettre adressée à Arnold, et dans laquelle les prisonniers bostonnais annonçaient au colonel qu'ils étaient en état de recouvrer leur liberté et de lui faciliter la prise de la ville — ayant réussi à s’échapper. Le général Carleton fit redoubler de vigilance aux casernes où les Américains étaient détenus.


Comme il se méfiait cependant quelque peu des Canadiens, il enjoignit au capitaine Evil d'aller établir son domicile aux casernes de l'Artillerie afin d'y surveiller de près les prisonniers et leurs gardiens eux-mêmes.


Evil se logea dans une chambre voisine de l'appartement où les Bostonnais étaient emprisonnés.


Or, par une après-midi où notre capitaine, devenu geôlier, charmait les ennuis de son nouvel emploi, en tête-à-tête avec un verre de grog de vieux rhum de la Jamaïque, son attention fut attirée par un bruit de voix que partait de l'appartement voisin.


Les portes étant fermées, Evil se demandait par où pouvait lui venir ce murmure qu'il n'était pas accoutumé d'entendre, quand son attention fut attirée sur le tuyau de poêle qui venait de la pièce occupée par les prisonniers et traversait la chambre où se tenait l'officier. Ce tuyau se trouvait disjoint près de la cheminée où il aboutissait.


Evil monta sur une chaise et approcha son oreille de l'orifice béant. Ainsi placé, les paroles de ceux qui conversaient dans l'appartement contiguë lui arrivaient distinctement.


Pour l'intelligence de ce fait, il faut dire que les prisonniers s'étaient plaint depuis plusieurs jours que leur poêle fumait affreusement. On en avait trouvé la cause en constatant que le tuyau, brûlé en un certain endroit près du poêle, livrait par une assez large ouverture un libre passage à la fumée.


Un ferblantier qui avait été appelé, venait d'enlever la feuille endommagée et de l'emporter chez lui, afin d'en prendre la mesure exacte et d'en faire un semblable. Le tuyau perdant alors son point d'appui, avait baissé du côté de l'appartement des Bostonnais, et s'était disjoint dans la chambre du capitaine Evil, établissant ainsi d'une pièce à l'autre un conduit acoustique des mieux conditionnés.


Evil tira doucement à soi l'orifice supérieur du tuyau et prêta l'oreille aux sons qui lui apportait ce complice involontaire de son espionnage.


D’abord, il n'entendit qu'un bourdonnement confus, et puis, soit qu'il prêtât plus d'attention, soit que deux des captifs se fussent, à leur insu, rapprochés davantage de l'autre extrémité du tuyau, les paroles suivantes lui parvinrent clairement, accompagnées mais non couvertes par le murmure de la causerie des autres prisonniers.


— C'est donc pour cette nuit ? demandait une voix.


— Oui, répondant l'autre.


— À quelle heure ?


— Deux heures après minuit.


— Serons-nous prêts ?


— …(Ici l'un des prisonniers toussa bruyamment et Evil perdit quelques mots)… L'une des deux pentures de la porte est limée, l'autre ne tient plus qu'à demi.


— Cela va bien jusqu'ici, mais une fois la porte enfoncée ?


— Une fois la porte enfoncée, nous égorgeons les gardes — ils ne sont que douze — à l'aide des poignards que cette jolie brunette a apportés au Canadien.


À propos, celui-ci s'est réservé le soin de faire passer l'arme à gauche à cet officier anglais qui nous a été envoyé ces jours derniers pour nous espionner sans doute.


Il paraît en vouloir à cet officier et dit qu'ils ont de vieux comptes à régler ensemble, et qu'il tient à s'assurer par lui-même que cet homme ne puisse plus nuire à certaines personnes auxquelles notre Canadien semble fort attaché.


— Tiens ! pensa Evil, intéressé au plus haut point, comme ça se trouve ! On m'avait dit, en effet, que le domestique de ce maudit Evrard était du nombre des prisonniers. Oui nous réglerons bientôt nos comptes, mais d'une toute autre manière que tu penses !


— Quant une fois que nous aurons mis les gardiens à la raison, continua la voix, nous nous emparerons de leurs fusils ainsi que des munitions, et guidés par ce Canadien qui connaît tous les êtres de la place, nous nous dirigerons en silence vers la porte Saint-Jean très proche d'ici, paraît-il, et dont aucun obstacle ne nous sépare.


— Le poste qui la défend est-il nombreux ?


— Il n'est composé que de 35 à 40 hommes que, vu notre nombre de beaucoup supérieur, nous massacrerons en un rien de temps.


— Hum ! est-on bien sûr de tous ces détails ?


— Parfaitement. Une fois en possession de ce poste, nous sommes maîtres d'une partie des remparts et d'une forte batterie de canons que nous tournons contre la ville. Et, en avant la mitraille sur les citadins !


— Hourra ! superbe !


— Chut ! pas si haut, on pourrait nous entendre !


— Bah ! il n'y a pas de danger ! Et après ?


— Après, nous mettons le feu à deux ou trois maisons du voisinage pour avertir le colonel Arnold, ainsi que nous le lui avons fait savoir par notre lettre de l'autre jour, que nous sommes maîtres de la position et qu'il n'a qu'à s'approcher pour s'emparer de ce côté de la ville. Une fois qu'il nous aura rejoint, il faudra bien que le diable s'en mêle si toute la place n'est pas à nous avant le jour !


— Je crois, pardieu ! que vous avez raison !


Ici suivirent quelques paroles insignifiantes, et ils se fit de l'autre côté un grand bruit de ferraille qui couvrit les voix. C'était le ferblantier qui venait poser la nouvelle feuille de tuyau.


Evil, qui du reste n'avait plus rien à apprendre, descendit de son poste. Un méchant sourire plissait ses lèvres minces. Il se rapprocha de la table, se prépara un grand verre de grog qu'il dégusta à petites gorgées, en amateur. Après quoi, il se frotta joyeusement les mains et sortit.


...

Sur Amazon

guerre des Bostonnais en 1775, les Américains attaquent la ville de Québec, la ville de Québec barricadée, attaque à Trois-Rivières, les blessés sous les coups d’épée et de canon, l’ancien régime au Canada, mettre feu et flammes dans la ville

Sur Amazon