Nous savions que les maîtres nous contacteraient. Nous partageons les jours suivants à discuter de notre avenir et à tenter de sortir Stéphane de son piège, sans grand succès, d'ailleurs.
Nous nous tenons tous groupés, nous les orphelins de la planète. On s'amuse à imaginer le voyage de nos amis et de leur arrivée sur ces planètes inconnues.
Nous ne nous ennuyons pas longtemps. Paul nous rejoint accompagné de deux autres personnes. Il nous présente Marika et Sébastien : l'une originaire d'Allemagne et l'autre de la Suède.
Après les présentations, Paul nous informe qu'il dirigera l'Amérique et que Marika et Sébastien se partageront le Québec. Cela nous parait incroyable, tous ces gens pour seulement trois professeurs !
Devant notre déconfiture, Paul rit :
− Vous allez vite vous apercevoir que ce n'est pas un tour de force. Nous avons pensé installer votre école dans les Hautes-Laurentides, dans un environnement boisé et montagneux. Le groupe comprendra environ deux cents personnes recrutées dans la grande région Montréalaise, celle des Laurentides et du nord du Québec.
L'école est prête pour l'enseignement individuel. Ainsi, chacun apprendra à son propre rythme.
Le programme, très chargé, est conçu pour votre état sans corps. Nous procéderons par images projetées. Rapidement, il vous faudra atteindre le but de vous doter d'un corps d'énergie. Par ce fait, les rapports entre vous seront grandement facilités.
Le moment venu, une lueur éclairera le ciel, ce sera le signe du rassemblement.
Saphir s'approche de Paul, cherchant sa main. Immédiatement il solidifie son corps, se penche et caresse sa tête. Ce contact inattendu la ravit. Jason accourt. Tous les deux se délectent de cette affection si rarissime.
Les plus surpris, c'est nous. L'excitation est à son comble. Nous parlons tous en même temps.
− Un corps solide « Quoi ? Vous pouvez vous créer un corps solide à volonté ? Mais, d'où venez-vous ? Jamais pareille chose n'a été vue sur cette planète !
En riant de nous voir tous aussi excités, Paul répond, un sourire sur les lèvres.
− Il y a bien longtemps, nous pouvions tous faire cela. Malheureusement, la conduite stupide des gens leur a fait perdre ces pouvoirs prodigieux. Aujourd'hui, ils en sont venus à croire qu'ils ne sont que les effets d'une très haute volonté.
− Mais alors, s'informe Céline, qui êtes-vous donc ?
− Nous sommes des humains comme vous. L'étude poussée, à laquelle nous nous astreignons, nous permet de développer à nouveau ces aptitudes.
− Vous avez lu, ajoute Sébastien, que vous êtes à l'image et à la ressemblance de Dieu. Et Dieu est esprit créateur. Puisque vous êtes esprit, pourquoi vous serait-il impossible de créer ?
− Je ne sais pas, répondis-je, profondément impressionnée, mais j'aimerais bien le savoir !
− Avez-vous terminé vos études sur la création ?
− Non, c'est un peu difficile à expliquer, ce ne sont pas que des études dans les livres, c'est une sorte de travail que l'on fait sur soi et sur les autres.
Nous avons un guide. Il a pris un peu d'avance, si je puis dire. Cet homme trace une sorte de route, ainsi, c'est plus facile pour nous. Il ne nous dit pas quoi faire de façon magistrale, il ouvre la voie en quelque sorte.
Depuis la catastrophe, nous ne pouvons reproduire ce corps solide que pendant un très court temps. Nous n'en connaissons pas encore la cause.
Nous nous sentons tous un peu confus, car nous ne comprenons pas tout ce qu'il raconte.
Jac, très sceptique, pose beaucoup de questions en tâchant de suivre un raisonnement logique.
Je suis heureuse, j'écoute à peine, j'essaie, sans trop savoir comment, à me créer un corps d'énergie. Peine perdue, je n'y arrive pas.
Sébastien s'aperçoit de mon effort et me dit :
− Cela doit se faire sans force, il n'appartient pas à ce domaine. Chaque univers, bien que semblable, est différent. La force est au physique, la pensée est à l'être. Il ne faut pas méconnaitre ces deux plans. C'est ce que vous étudierez à l'entrainement.
− Je te crois, Sébastien, j'en ai fait l'expérience lorsque j'ai voulu ouvrir la porte au chien et je n'y suis jamais arrivée.
C'est un très bon exemple que tu me donnes. Tant que tu ne sauras pas comment contrôler la matière, il est évident que le « solide » ne t'écoutera pas. Tu apprendras et tu réaliseras que l'univers physique n'a pas vraiment de secret.
Les trois maîtres rient.