Les Nez Percés
 

Auriez-vous vécu comme coureur des bois ou Indien, ami des blancs ?


Auriez-vous aimé rencontrer cette tribu des Nez Percés ?


Voyez comment cela se passait chez eux. Si la pêche au saumon vous intrigue, vous en apprendrez aussi.


Suivez les aventures et les ruses utilisées pour obtenir ce qu'ils veulent.

Sommaire


Prologue

Poignet d’acier et Nick Whiffles

Poignet d’acier, Nick Whiffles et Oli Tahara

Un mariage chez les Nez Percés

Merellum la blanche

Lioura la femme de Renard-Noir

Iribinou

Les captifs

Le captif blanc

Le bouclier sacré

Le Chien-Flamboyant

La bataille

Baptiste le nègre

Entre jeunes gens

Une ruse de Baptiste

La grande-coulée

Pendant ce temps...

Le fort Colville et les chutes de la Chaudière

La pêche au saumon

Les jeux

Attaque du fort Colville

Retour au cap de la Roche-Rouge

Le naufrage

Conclusion

Des livres captivants

Mot de la fin



Note à propos de la couverture : La photo ne représente pas nécessairement les Nez Percés. Elle est de Lenor / Dreamstime.com



Poignet d’acier, Nick Whiffles et Oli-Tahara



– Les Nez Percés ont assailli le brick ! répéta l'aventurier en tressaillant d'étonnement.


– Oui, capitaine. Je viens de les voir, ils étaient en train de monter à l'abordage.


– Mais comment, comment cela ?


– Ma foi, je l'ignore. Tout ce que je puis vous dire, c'est qu'en arrivant au-dessus du gros cap, j'ai entendu des cris, et puis j'ai aperçu ces vermines qui tuaient nos gens.


– Qui les tuaient, tandis que le brick a du canon à son bord !


– Vous savez bien que, d'après votre ordre, on avait enivré les matelots.


– Mais le capitaine, le second, et, Louis-le-Bon, et nos trappeurs ?


– Ah ! eux, c'est différent. Ils se battent comme de beaux diables sur le tillac. Ça ne leur servira guère, à moins d'un prompt secours, car…


– Combien, dites-vous, sont ces sauvages ?


– Plus de 200, capitaine, ô Dieu oui !


– 200 ! Mais par quel moyen ont-ils pu surprendre le bâtiment ?


– Oh ! fit Nick, ça n'a pas dû être difficile. Ils seront arrivés durant la nuit, se seront cachés dans les îles voisines, et au jour, ils auront tout d'un coup cerné le vaisseau. Peut-être bien aussi qu'ils ont des complices parmi les hommes de l'équipage.


– Non, tous les hommes me sont dévoués, dit Poignet d’Acier. Il faut aller à leur aide. Les armes pendues à cette muraille sont chargées. Prenez-en autant que vous en pourrez porter, et suivez-moi.


Après cet ordre donné d'un ton ferme et qui déjà ne trahissait plus aucune indécision, le capitaine passa à sa ceinture plusieurs pistolets dont il renouvela les amorces, saisit un fusil à deux coups, et sortit avec Nick Whiffles de la chambre souterraine.


Un quart d'heure ne s'était pas écoulé lorsqu'ils atteignirent la petite esplanade dont nous avons parlé dans le chapitre précédent. Depuis la retraite du trappeur, le tableau avait singulièrement changé d'aspect.


À présent les canots étaient vides et amarrés, les uns aux flancs du brick, les autres à la poupe des premiers. Ainsi attachés, ils couvraient littéralement le fleuve aussi loin que le rayon visuel pouvait s'étendre, car pendant l'absence de Nick, une nouvelle escadrille d'embarcations était venue renforcer celle qu'il avait d'abord distinguée.


Tous ces bateaux, peints de couleurs tranchantes et décorés à leur poupe d'un hibou les ailes déployées, avaient une apparence fantastique et redoutable, qu'assombrissaient encore les légions de sauvages dont le navire était encombré.


On eût dit, à les voir se démener, gesticuler, vociférer, une bande de démons vomis par l'enfer. Non seulement ils envahissaient le pont d'une extrémité à l'autre, mais ils chargeaient les agrès du vaisseau au point que les mâts en pliaient.


Autour des écoutilles, la presse était plus compacte. Ils se foulaient, se bousculaient et se battaient souvent mortellement pour pénétrer dans l'entrepont, d'où ils ne ressortaient plus, une fois entrés.


Aux trous réservés aux cabillots le long du bastingage, ils avaient attaché les malheureux marins qui, revenus de leur ébriété, contemplaient avec effroi ce hideux spectacle. Leur sort ne pouvait être douteux. Ils seraient emmenés par les Peaux-Rouges, scalpés, puis brûlés à petit feu, après avoir essuyé d'horribles cruautés.


Les cadavres du capitaine et de quelques autres blancs, qu'on apercevait dépouillés de leurs chevelures, sur la dunette, et contre lesquels les vainqueurs exerçaient encore leur barbarie disaient assez qu'il ne serait pas fait de quartier aux prisonniers.


Tapi avec Nick derrière un rocher, Poignet d'Acier considérait attentivement cette scène affreuse. Ils étaient tout au plus à une demi-portée de fusil du brick. Mais, quoiqu'ils pussent saisir parfaitement tous les détails du drame, ils échappaient entièrement à la vigilance inquiète des Indiens qui, de temps en temps levaient les yeux du côté du cap, comme s'ils appréhendaient la venue d'un ennemi.


– Les vermines ! dit Nick Whiffles, je gagerais que c'est par hasard qu'ils ont découvert le navire. Ils étaient sans doute partis pour une expédition contre les Seummaques ou les Clallomes, ô Dieu oui !


– Vous n'y êtes pas, dit Poignet d'Acier, ils sont en guerre avec les Chinouks. Je l'ai appris par Oli-Tahara. Je savais même que les deux tribus devaient se rencontrer dans ces parages. Mais je ne pensais pas que les Nez Percés pussent arriver avant demain, sans quoi j'aurais levé l'ancre hier.


– Mais, capitaine, allez-vous les laisser égorger ainsi tout votre monde, piller le vaisseau, et peut-être bien l'incendier ?


– Non, répliqua résolument le chasseur.


– Alors, repartit Nick, je m'en vas commencer par faire parler la poudre, oui bien, je le jure, votre serviteur !


– Gardez-vous-en bien ! fit vivement Poignet d'Acier, en abaissant la carabine que le trappeur allongeait par-dessus la roche pour tirer.


– Pourtant… insista-t-il surpris.


– Pas encore, pas encore ! Les coquins sont descendus dans l'entrepont, ou probablement ils se gorgent de viandes et de liqueurs, suivant leur habitude. Tout à l'heure ils seront ivres. Alors, nous aviserons, vous comprenez ?


– Oh ! Tout à fait, capitaine. Vous parlez comme un livre. C'est comme mon oncle, le grand voyageur dans l'Afrique centrale. Il disait…


– Chut ! dit Poignet d'Acier, se couchant à terre et collant son oreille contre le roc. Chut ! Il me semble entendre un piétinement dans la ravine.


– Un piétinement dans la ravine ! Est-ce que ce serait une nouvelle troupe de ces nègres rouges ?


– Silence donc, ami Nick !


Les deux aventuriers se turent, retinrent leur respiration et écoutèrent pendant une minute.


De la fondrière où se trouvait l'orifice de la caverne, venait en effet un son sourd comme celui produit par la marche d'un grand nombre d'hommes sur un sol excavé. On le percevait distinctement à travers les glapissements du fleuve autour des canots, et le vacarme des Indiens sur le brick.


– Ce ne sont pas des Nez Percés, dit Poignet d’Acier, car le bruit s'élève du nord, et ces sauvages n'oseraient pas se hasarder sur les territoires de chasse des Chinouks.


– Alors ce seraient les Chinouks eux-mêmes, repartit Nick.


– Ou peut-être un parti de Clallomes.


– Des Clallomes ! Que diable voudraient-ils ?


– Ne sont-ils pas en guerre avec ces brigands de Nez Percés ?


– Oui, mais vous oubliez leur amour pour Merellum, depuis la mort de Ouaskèma. Ils savent que je l'ai enlevée, que je veux la ramener aux établissements, et ils ont juré de me la ravir.


– En ce cas, dit Nick, ils se joindront à nous, puisque la petite est sur le navire que les Nez Percés ont attaqué.


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