Sommaire
Prologue
Introduction
L’Alcyon
Une voile à l'horizon
Rencontre avec le pirate
Charles résiste
Pillage et exécution
Immensité
Un survivant ?
Angèle, sa fille
Le charretier
Une maison suspecte
Où est l’enfant ?
L’évasion
Les deux prisonniers
Découverts
Les moeurs canadiennes
La veillée chez Pierre Morlaix
Angèle
La veillée terminée
Cet homme a été assassiné
Protéger le prisonnier
Qu’est-ce que l’amour ?
Il a la fièvre
Pierre vient en aide
Jacques Bourgeot
Et puis...
Alphonse
Le progrès
La politique
Une âme trop noble
Chez Pierre
Le réveil
Un magnétisme
La sorcière
Chez la mère Halley
M’sieur Jacques se ballade
Chez la sorcière iroquoise
Une recommandation
Jalousie contre amour
C’est Jacques Bourgeot
On s’organise
Qui sont ces hommes ?
Vers Côte-des-Neiges
Une histoire sanglante
Stephen arrive
Le récit de l’Irlandais
L’ivresse de Mike
La Camarde
Lettre à Angèle
Un tyran ?
Angèle veut connaître la vérité
La lettre à Alphonse
La réponse à Angèle
La pêche aux bancs de Terre-Neuve
Couler les plombs et pêcher
Où allons-nous ?
Conclusion
Épilogue
Des livres captivants
Mot de la fin
À propos de la couverture : Bébé avec un oeil de pirate
de Katrina Tminich / Dreamstime.com
Une voile à l’horizon
Pendant la tempête, Charles, sur l'ordre du capitaine, était resté dans la grande cabine. Mais quand le danger eut cessé, il monta sur le pont où il demeura le reste de la nuit en conférence avec les officiers.
Le lendemain matin, une voile parut à l'horizon. Cette vue ranima le courage défaillant des malheureux naufragés.
Aussitôt on cessa de travailler à un radeau, – dont on avait entrepris la construction avec des espars et des vergues de rechanges, – pour établir des signaux.
Ils ne furent que trop bien distingués.
Une heure s'était à peine écoulée quand un navire silla dans les eaux de l'Alcyon. C'était une longue corvette, noire comme de l'encre, couronnée d'une bande rouge sanglant. Nul pavillon ne flottait à sa drisse. Mais des flammes noires ornaient ses cacatois.
Le capitaine de l'Alcyon, qui cherchait à reconnaître la corvette, à l'aide de sa longue-vue, fronça soudain les sourcils et frappa du pied.
– Qu'y a-t-il donc, monsieur ? demanda Charles attribuant ces mouvements à la mauvaise humeur.
– Rien de bon ! Rien de bon ! Lieutenant !
Un officier s'approcha.
– Voyez ! dit le capitaine en passant la lunette à son second.
Dès que celui-ci eut regardé il pâlit.
– Le Corbeau ! murmura-t-il.
– Le Corbeau ! répétèrent, en se signant, des matelots qui se trouvaient près du lieutenant.
– Mais qu'est-ce que cela signifie ! dit Charles, frappé de la stupeur qui se peignait sur le visage des assistants.
– C'est le Corbeau !
– Mais encore, capitaine…
– Allons, il faut nous préparer à mourir. Avoir traversé le grain pour tomber sous la griffe du Corbeau, mille sabords !
– Mais, persista le fils de l'armateur, expliquez-moi au moins de quoi il s'agit.
– Il s'agit, monsieur, répliqua le vieux marin, de faire vos dispositions testamentaires. Tenez, voici le Corbeau qui croasse. Comprenez-vous !
Comme le capitaine prononçait ces mots, un éclair illumina les ondes de l'Atlantique, puis une détonation se fit entendre et deux boulets ramés balayèrent le pont de l'Alcyon.
– C'est un corsaire ! s'écria Charles avec impétuosité, il faut nous battre. Nous avons des armes et des munitions…
Le capitaine haussa les épaules.
– Une embarcation à la mer ! ordonna-t-il.
Quand le canot eut été mis à flots, le commandant y descendit, accompagné de quatre vigoureux rameurs.
– Mais qu'est-ce que cela signifie ? répétait Charles étonné d'un incident aussi extraordinaire.
– Cela signifie, monsieur, que dans une heure nous servirons probablement de pâture aux requins, lui répliqua le troisième.
– Pourquoi ne pas nous défendre ?
– Se défendre contre le Corbeau ! Examinez un peu cette mâchoire !