Tentatives de Paix

 

Oui, la guerre, c'est bien le propre d'un général. Mais... la guerre civile ?

Ne pourrait-on pas s'entendre et faire la paix ? Qu'en pensez-vous ?

J'ai des idées, des idéaux, et je brûle de les faire partager...

Voyez aussi comment j'ai su régler une mutinerie au sein de mes troupes.

Sommaire


Dilemme

À quoi tient une victoire ou une défaite ?

L'orage approche

L'Hélène de Troie de la guerre civile

Les dés sont jetés

Le passage du Rubicon

Vers la guerre civile : pourquoi tant de clémence ?

Des bourdes, oui, j'en commets

Souvenirs

Mes idées semblables à celles de Cicéron ?

De la tactique ?

La réunion du Sénat, un fiasco

Gouverner tout seul ?

Les aléas de la guerre

La contagion de l'indiscipline

Le discours de Plaisance

Les conséquences de ce discours aux troupes

Conclusion

Du même auteur

Mot de la fin


Note à propos de la couverture : Bas-relief représentant des prisonniers gaulois enchaînés.

Partie d’une photo de Adolpho Tomeucci, dans Les voies romaines de Victor W. Von Hagen.


Dilemme



Ravenne, janvier 705 ou 49 av. J.-C.



Étrange spectacle que de voir le conquérant des Gaules, assis par terre, la tête sur les genoux d'une femme d'un certain âge.


La main veinée de bleu de la femme repose sur le cou de l'homme. Insinuant ses doigts sous les plis de mon habit, Servilia m'écoutait parler. Le visage contre ses cuisses, je cherchais le réconfort. Elle seule pouvait me le donner.


Si depuis longtemps je ne la désirais plus, je l'aimais toujours profondément. Mon amour s'était fait plus pur, plus grand, libre de l'esclavage des sens et de la passion, exempt du désespoir qui bien souvent l'accompagne.


Il restait, tout au plus, un fond de tendresse mélancolique, un regret de n'avoir su cueillir ce fruit précieux lorsqu'il en était temps, mais d'en avoir goûté hâtivement, ruinant par là la vie de Servilia et la mienne.


Tout cela, néanmoins, était enfoui au fond de mon cœur. Accablé par une situation déchirante – la perspective de devoir porter les armes contre ma patrie –, je préférais confier à Servilia des problèmes d'un autre ordre, plus personnels, comme si elle pouvait m'aider au moins dans ce domaine.


Je lui parlais de Marc Antoine, de l'esclavage qui me liait à cet homme et dont lui-même ignorait les chaînes. Du désir que j'éprouvais de sa force et de son corps musclé. De l'amour, car tel était bien le mot, qu'il m'inspirait, joint au mépris que je ressentais pour certains aspects de son caractère.


De ces sentiments, je ne cherchais à savoir ni le pourquoi ni le comment. Je subissais, c'est tout. C'était ironique, c'était dément, c'était abject. Je m'agrippais aux genoux de Servilia.


– Personne ne doit s'en douter, Gaius, murmura-t-elle. Cela te nuirait.


Je soupirai. Servilia caressa légèrement ma nuque.


Même Marc Antoine doit ignorer que tu l'aimes à ce point. Tu ne peux te mettre ainsi entre ses mains.


– Servilia, tu dis tout haut ce que je pense. Si je croyais aux dieux, je dirais que c'est une cruelle vengeance.


– C’en est une, peut-être...


Un tel acquiescement méritait réflexion, mais Servilia ne m'en laissa pas le temps et poursuivit :


Je peux te comprendre, Antoine est le plus bel homme de Rome... je dirais même qu'il est splendide... Et il t'est dévoué au Sénat.


Elle changea de ton.


Mais dis-moi, comment se comporte-t-il à ton égard ?


Je m'agitai, mal à l'aise.


– Je dois le retenir pour qu'il ne montre pas trop d'arrogance vis-à-vis d'officiers plus âgés. Labienus ne le supporte pas. C'est pourquoi j'ai éloigné Marc Antoine, l'expédiant à Rome. Je crains toutefois m'être aliéné Labienus à cause de lui.


– À cause d'Antoine ? demanda Servilia d'un ton pointu.


– Tu es cruelle, Servilia.... Eh bien, à cause de mon attitude, je l'avoue.


– Et Labienus est au courant ?


– De quoi ? Que je suis fou d'Antoine ? Grands dieux, certainement pas. Il me reproche d'avoir des favoris, de lui préférer la compagnie de jeunes officiers venant du patriciat ou en tout cas de la noblesse...

D'ailleurs il est humain de rechercher ses semblables, n'est-ce pas ? Labienus est un très bon soldat, assurément le meilleur de mes officiers, mais il n'est vraiment pas amusant.


Je ne pus m'empêcher d'avoir un petit rire.


C'est un grand plébéien, Servilia. Un plébéien doué, un plébéien arrivé, qui se prend au sérieux et qui n'a pas le moindre sens de l'humour. Et il se désespère si, dans mes moments de détente, je préfère à sa compagnie celle d'un Antoine ou d'un Mamurra.

Que veux-tu, il ne parle que tactique, stratégie ou logistique : c'est le parfait raseur. Je suis sûr qu'il va dormir avec son cheval en équipage de combat.


– Tandis que toi, il va sans dire, tu dors avec Antoine.


Je sursautai, furieusement tenté de rétorquer vivement. Pourtant, me maîtrisant, j'avouai :


– Cela m'est arrivé.

Mais attention, pas seulement avec lui. Comme tu le dis judicieusement, je ne tiens pas à me mettre sans rémission entre ses mains, en lui témoignant des faveurs particulières. La variété maintient l'équilibre.


Les doigts de Servilia se raidirent sur ma nuque. Je l'entendis retenir son souffle. Puis elle se leva d'un coup, m'envoyant rouler sur le tapis.


– Débauché ! s’écria-t-elle furieuse, serrant les poings, les yeux étincelants de colère. Et tu as le courage de l'avouer avec cette tranquillité !


...

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