No 8 de la série Julius Caesar
No 8 de la série Julius Caesar
Malgré les tentatives de paix, la victoire tant attendue et le retour de son fils Brutus, Caesar n’est pas heureux.
Il n’a pas réussi à mettre la main sur les têtes pensantes de l’armée ennemie.
Pompée, son allié de naguère et le mari de sa fille, lui échappe encore.
Qu'auriez-vous fait à sa place ?
Sommaire
Introduction
Retour à Rome
Servilia m'accueille à sa façon
Junia Tertia, fille de Servilia
Junia Tertia s'en mêle
Que me veut Tertia ?
Servilia, toujours aussi lucide
Contre Pompée !
Le débarquement commence
L'hiver s'installe
Attaqués en mer
J'attends les renforts
La bataille de Pharsale
Enfin Brutus !
Pourquoi ne pas être heureux ?
La tête de Pompée
Conclusion
Du même auteur
Mot de la fin
Introduction
César franchit le Rubicon, le petit fleuve qui sépare la Gaule Cisalpine de l’Italie romaine et que nul général en armes n’est censé franchir. En violation formelle de la loi, il sait qu’il risque désormais la guerre civile… Tout au long de son avancée vers Rome, il multiplie les tentatives de paix et fait preuve d’une clémence qui surprend aussi bien ses partisans que ses adversaires. Mais le parti sénatorial, décidé à le contrer par tous les moyens, déserte en masse la capitale. Ses gouvernants quittent Rome au moment où elle traverse une profonde crise économique. César prend alors les choses en main et en quelques jours fait face aux questions les plus urgentes.
Puis il repart pacifier l’Espagne, où ses adversaires se sont retranchés.
Du point de vue militaire, il est évident qu’il est le Chef. Sa façon de régler les problèmes est tout à son honneur.
Il prononce un magnifique discours devant ses troupes – c’ est aussi l’une de ses forces – et décide de retourner à Rome pour veiller à ses intérêts.
Retour à Rome
Ayant rétabli l'ordre dans mes légions, je retournai à Rome où le préteur Emile Lepidus, en sa qualité de premier magistrat de la Ville, m'avait fait proclamer dictateur.
À la suite de mes victoires d'Espagne et après la capitulation de Marseille, l'atmosphère, à Rome, avait changé : la foule apparaissait soumise et presque résignée. L'on n'y décelait plus l'animosité qui m'avait tant offensé en avril, mais une lassitude triste qui me sembla pire.
La situation économique était affligeante : l'État et les citoyens manquaient d'argent liquide, les affaires étaient tombées à leur niveau le plus bas. Celui qui avait encore de l'argent préférait le garder caché, plutôt que de le risquer dans une période de si grande incertitude.
Parmi tant de difficultés, les créanciers cherchaient désespérément à se faire rembourser par leurs débiteurs, qui se voyaient obligés de vendre terres et maisons pour se procurer de l'argent. Mais en un pareil moment terres et maisons n'intéressaient personne, aussi les prix immobiliers étaient-ils tombés à un niveau dérisoire. Cela s'appliquait aussi, bien qu'en une moindre mesure, aux biens mobiliers.
Ce marasme était une conséquence directe de la guerre. Je m'en désolai. Le vent qui s'abattait sur la Ville, faisant tourbillonner feuilles mortes et immondices, me remplit d'une tristesse physique proche de l'abattement.
À cela s'ajoutait la nouvelle que Dolabella et Caius Antoine, le frère de Marc, avaient été battus sur l'Adriatique et avaient perdu une bonne partie des navires que j'avais fait construire, me rendant ainsi encore plus ancré à la terre ferme.
Ma femme me reçut en pleurs, se plaignant de l'abandon dans lequel l'avaient laissée ses anciens amis. De plus, durant mon absence, elle avait été l'objet de manifestations d'hostilité de la part de la foule. Et à présent elle devait même subir les récriminations de son propre père.
Ce soir-là, je me couchai dans mon « palais royal » avec une migraine atroce. Étaient-ce donc là les avantages du pouvoir absolu ? Pour la première fois, j'eus une pensée de compréhension à l'égard de Sylla qui, après vingt mois de dictature, était retourné à la vie privée.
Mais moi, songeai-je avec amertume, je n'avais pas une telle possibilité. Tout d'abord, il me fallait remettre de l'ordre dans le chaos que j'avais contribué à créer. Ensuite, je savais que le moindre fléchissement, véritable ou présumé, de ma part – preuve en était la rébellion de Plaisance – me jetterait en pâture à la meute affamée qui avait mis en pièces Catilina.
J'étais arrivé au point, songeai-je, où il me fallait m'assurer la suprématie totale pour garantir ma propre sécurité et pas seulement pour mettre à exécution mes projets de réformes socio-politiques.
Après une nuit que je trouvai déprimante – mon lit d'autrefois me parut inhospitalier et la femme rondelette qui geignait à mes côtés ne le rendait certes pas plus reposant –, je me levai de bonne heure, décidé à trouver remède à tous les maux.
...