Lettre aux lecteurs
Cher lecteur, chère lectrice,
Qu’est-ce qui te manque le plus à ce moment-ci de ta vie ? Un compagnon stable, compréhensif ? Une compagne attentionnée qui sache t’écouter ? Un emploi valorisant, plus stimulant ? Plus d’argent pour accompagner tes sorties ? Plus de semaines de vacances ? Plus de temps pour souffler, respirer, faire baisser la tension ? Plus de périodes de rêves ? Un maître à penser pour t’aider à y voir clair ? Un gourou non sectaire, un coach de vie qui te laisse choisir ta voie ? Un psychologue qui t’aide à te démêler dans tout ce brouhaha qui absorbe tes pensées et agite tes émotions difficiles à analyser ?
À ce moment-ci de ta vie, que cherches-tu le plus ? La mer, le sable chaud, le soleil ? La forêt, la montagne avec ses coloris d’automne ou ses neiges éternelles ? Des lieux différents ? Des milieux regorgeant d’action ? Le vélo, le ski, le patin, le golf, la natation, la danse ? Des activités nouvelles ? Quelque chose d’inédit pour combler un vide persistant ?
Que cherches-tu que tu n’aies pas encore trouvé ? Plus d’évasion ? Plus de fuite du moment présent qui te cause du souci : conflits récurrents, manque d’argent, sentiment de lassitude, démotivation, absence de défi ?
Crois-tu être la seule personne de ton âge à chercher autre chose de plus satisfaisant ?
Pourquoi souffres-tu ainsi à chercher ce que tu ne peux trouver ? Pourquoi t’acharner à essayer de changer ton environnement, à défaire tes liens étouffants, à t’éloigner du conjoint irritable, des enfants accaparants ? Pourquoi cherches-tu à changer continuellement de décor ? Pourquoi acheter autant de billets de loterie comme si, par hasard, un cadeau surprise allait changer complètement ta vie ?
Regarde les retraités. Regarde à quoi ils rêvent : la mer, le sable chaud, le soleil à volonté, les plages à perte de vue, loin du rude hiver canadien ; l’été en permanence, le golf sur demande, les randonnées à vélo, les petits « drinks » entre copains, tous les jours, à leur rythme, un bon livre à la main, le plein air comme voisin, les promenades quotidiennes sur un « boardwalk1 » bondé de touristes, les croisières où tout le monde s’amuse, les villes exotiques à visiter, les magasins de mode à explorer, et j’en passe. Ton imagination sait faire le reste.
Sont-ils vraiment mieux que toi, après trois ou quatre années à vivre une routine qui risque de durer encore quarante ans à ne rien faire d’autre qu’à attendre que le temps passe ?
La liberté 55 te rendra-t-elle plus libre ? Libre de tout souci ? Vivras-tu mieux que ces baby-boomers à leur âge ? Qu’est-ce qu’il te faudra changer pour ne pas t’ennuyer ou continuer à plonger dans la mer de l’insatisfaction chronique qui fait tant souffrir ? Les autres ? Mission impossible.
Quel que soit ton âge, vingt, trente, quarante, cinquante ans, on passe tous des étapes qui nous forcent à changer, ou à voir la vie autrement. Malheureusement on ne fait pas toujours des choix éclairés. Parce qu’on ne cherche pas à la bonne place. On regarde fixement l’extérieur qui nous dérange, ces événements ou ces personnes qui nous affligent ou nous ennuient.
Beaucoup de situations nous tournent autour et nous distraient de ce qu’il y a de plus important : nous-mêmes, notre intériorité. Notre MOI, absorbé de pensées fixes et d’émotions en constantes révolutions, usurpe notre JE. Parce qu’on déteste vivre des moments de dépression passagère, des sentiments de dégoût, des périodes de frustration de nos désirs inassouvis, on n’a pas naturellement tendance à rester tranquille et à examiner ce qui grenaille à l’intérieur de soi.
Vite la coupe de vin, les sorties au cinéma, les soupers bien arrosés en compagnie d’amis aussi bavards que drôles. Vite les vacances qu’on souhaiterait permanentes, la retraite anticipée. Vite les émissions de télévision qui remplissent la soirée, comme on remplirait un vide immense de temps dangereusement inquiétant.
Vite ! Vite ! Vite !
Mais que cherches-tu vraiment ? Que cherches-tu que tu n’aies encore trouvé ? Toi-même ! Ton centre ! Ton intérieur.
C’est la véritable question à te poser : Qui cherches-tu ? En réalité, qui cherches-tu à être ?
À vingt ans on recherche une identité professionnelle. On cherche à être quelqu’un, à être reconnu pour nos talents, nos qualités physiques, morales, intellectuelles, nos habiletés manuelles. On cherche à développer notre MOI auquel on s’est identifié, comme un miroir permanent de notre être. Parfois, malheureusement, des retards ou des obstacles dans le processus de croissance peuvent nécessiter une aide psychologique passagère.
À quarante ans, cette identité acquise dans l’action et le travail va de soi. On s’y est habitué comme un costume qui nous sied bien. L’extérieur de soi, notre personnalité, c’est nous-mêmes qu’on peut admirer ou détester dans le miroir, le matin quand on s’y attarde. Cependant, quarante ans, c’est la période où périodiquement on ressent un manque, où on éprouve un vide de ce quelque chose qu’on n’arrive pas à discerner, ni à nommer. Commence alors une période de remise en question, souvent erronée car on recherche à l’extérieur de soi quelque chose qui nous manque. La vie active nous a habitué à regarder les événements extérieurs. Il ne nous venait pas à l’idée de regarder vers l’intérieur.
C’est toi qu’il faut commencer à changer dès maintenant. Changer ta façon de penser. Changer ta façon de ressentir. En ayant une meilleure connaissance de qui tu es. Ce livre volontairement écrit dans les trois aspects bio-psycho-sociaux t’apprendra à reconnaître les forces de ton tempérament dominant et à mieux les utiliser pour t’éviter de souffrir inutilement. Il te fournira des outils spirituels directement reliés à ton tempérament. Il t’amènera à puiser chaque jour à l’intérieur de toi le trésor endormi.
Alors, pourquoi souffres-tu ainsi ?
Parce que tu n’es pas là où tu devrais être ?
Où devrais-tu être ? Dans ta conscience. La tienne propre. La conscience de celui (celle) que tu es vraiment.
Qui es-tu vraiment ? Certainement pas celui ou celle qu’on t’a habitué de croire que c’était toi : ta personnalité aussi panachée soit-elle par sur-valorisation initiale de tes parents, et ces comportements prévisibles aussi répétitifs que mécaniques par lesquels on te reconnait immédiatement.
Une meilleure connaissance de ton tempérament dominant va t’aider à devenir plus conscient de celui ou celle que tu es en réalité. Graduellement, cette connaissance du vrai toi-même va t’amener à l’intérieur, là où réside le vide. Le vide, c’est là que demeure en permanence ton esprit, là où il n’existe aucune tension. Là où subsiste une paix durable. Ce moment de lumière entre deux pensées, entre deux émotions.
C’est le but de ce livre : t’acheminer, par une bonne dose de psychologie pratique, toute simple, ouverte, vers ton vrai moi, ce JE que tu es. Ce livre sera l’occasion privilégiée de faire une pause dans ta vie. Après sa lecture tranquille, sans précipitation, même s’il se lit comme un roman, je souhaite que tu puisses dire comme moi : Voilà le livre que j’aurais aimé lire à vingt ans pour m’éviter de souffrir inutilement.
Gérard Caron
Introduction
Tout ce qui existe est spirituel
Je serais curieux de savoir ce qui te vient dans la tête lorsque je prononce le mot « spiritualité ».
Pour bien des gens, ce mot n’exprime plus la même réalité. Il comporte une multitude de significations aussi variées que l’expérience personnelle passée dans divers milieux de vie. J’ai tenté l’expérience de m’informer là-dessus auprès de mes proches. Certains perçoivent encore dans ce mot, le vécu religieux des parents avec l’abus des règles morales (comportant récompense et punition même sur terre), les commandements de Dieu reçus par révélation à Moïse sur un mont Sinaï et dont les parents se servaient pour nous faire la leçon de bonne conduite, les dogmes de l’Église, et tout un catalogue de croyances. Sur ce, on me disait alors avec dépit : « Tu ne vas pas parler de religion et de Dieu dans ton livre ! ».
Pour d’autres, ayant exploré des avenues plus souples dans leur vie spirituelle, le mot évoquait des expériences tantôt ésotériques de type clairvoyance ou clairaudience2 ; ou encore des expériences de type nouvel-âge (New Age) avec la statuette porteuse d’énergie, la chandelle, le bâton d’encens, la petite musique de fond ; ou encore la petite salle de méditation, de type sanctum, c’est-à-dire « sacrée », parée de motifs violets, ornée de pots de fleurs naturelles posés de chaque côté du bouddha ou placés sur le petit autel consacré à la vénération d’une pierre précieuse du genre améthyste, ou encore d’une pyramide rose concentrant dans ses rayons l’énergie de la lumière prânique3 avec des intentions de prières, écrites sur un bout de papier.
Le mot « esprit », du latin spiritus, n’illustre pas la même réalité pour la plupart des personnes consultées. Pour certains, l’esprit est synonyme d’intelligence et même d’humour intelligent ; ne dit-on pas d’un comédien brillant qu’il a de l’esprit ? Alors que pour un autre, dont les farces sont de bas niveau, on dira qu’il fait de l’esprit de bottine. Pour d’autres, l’esprit est accolé à la personnalité, au tempérament enjoué ; on dit alors d’une telle personne qu’elle a un bon état d’esprit de manière générale.
Il est de plus en plus difficile, de nos jours, de parler ou d’écrire sur des réalités évoquant les mondes dits supérieurs. À cause des expériences antérieures, vécues dans un contexte révolu, souvent plus désagréables qu’agréables, le vocabulaire utilisé pour désigner toute expérience rattachée à ce qu’on a coutume de qualifier de spirituel, rebute les gens désabusés par ces images surchargées d’émotions négatives.
C’est dommage, car les bons écrits spirituels semblent réservés à une élite avertie alors que la majorité des gens souffrent d’une carence d’informations précieuses et de connaissances indispensables pour une vie vécue en plénitude.
En fait, tout est une question de perceptions et de vécu antérieur.
La PNL (la programmation neuro-linguistique), cette approche très moderne de la psychologie de la personne humaine « normale » te dirait : « Raconte-moi toutes tes expériences qui ont formé ta carte du monde, ton univers personnel, et je te révélerai comment tu perçois maintenant ta réalité ».
Avec tes cinq sens. Lesquels as-tu privilégié dans tes diverses expériences ? Un peu de chacun ? C’est très facile à vérifier. Regarde du côté de ta mémoire. Est-ce que tu te souviens davantage à l’aide de ta mémoire visuelle (tu revois les événements), ou avec ta mémoire auditive (tu ré-entends les paroles prononcées ou le ton de la voix) ; ou avec ta mémoire olfactive (tu reconnais les odeurs et l’ambiance), ou encore avec ta mémoire kinesthésique (en touchant ou en manipulant les choses, en bougeant, en te promenant) ; ou enfin avec ta mémoire gustative (en goûtant, en ressentant les saveurs des événements ou leur côté dégoûtant) ? On pourrait épiloguer sur les autres sens dits « spirituels » tels l’imagination (reliée aux différents types de mémoire), l’intuition (reliée à notre tendance naturelle d’être en relation avec les gens et de deviner leurs besoins), ainsi que du désir de communion ou de fusion (relié à notre côté affectif).
Tel n’est pas le propos principal : t’indiquer que la perception personnelle est une affaire individuelle. Ce qui est vrai pour moi et ce que je perçois, n’est pas nécessairement vrai pour mon voisin ou mon (ma) conjoint (e) qui ne perçoit pas le réel de la même manière que moi. Tout est question de vécu antérieur.
À l’adolescence, quand on me parlait, en cours de religion, de Dieu-le-Père, je ne voulais rien savoir de lui, à cause de la piètre relation que j’entretenais avec mon père. Et ce devait être la même chose pour la plupart des jeunes, gars ou filles, de mon époque, qui avaient un parent abusif de son autorité paternelle.
Heureusement, je me sentais plus à l’aise avec la Mère divine. Or, je sais maintenant qu’en Inde la Mère divine n’a rien de commun avec la Vierge Marie toute douce des chrétiens occidentaux. En effet, la Déesse Kali, comme on la nomme, est plutôt une coupeuse de têtes ! Si on m’avait informé de cette réalité spirituelle, j’aurais aussi flushé4 la Mère divine ainsi que tous les dieux inutiles, comme le font maintenant la plupart des jeunes, soi-disant athées.
Même le mot conscience, inséparable de la spiritualité, évoque encore pour plusieurs, l’idée de conscience morale si étroitement associée à toutes les Églises ou confessions religieuses.
Tu le devines, il y a un sérieux ménage à effectuer dans ces informations disparates. Les mots du vocabulaire spirituel actuel ne signifient plus et ne décrivent plus la même réalité qu’à l’époque où des philosophes et des linguistes avertis les avaient définis, selon la perception d’une époque plus versée dans l’abstraction intellectuelle.
Autrefois, la philosophie occupait le vaste domaine de la connaissance. Quand on examinait l’être humain dans son ensemble, on valorisait surtout sa tête, siège majeur de l’intelligence et de l’esprit cartésien, c’est-à-dire sa capacité à raisonner, à abstraire. On retrouve cette influence dans l’évaluation psychologique avec les propositions de tests d’intelligence : les concrets et les abstraits.
En deuxième lieu d’observation de l’humain, on notait sa manière d’agir, l’usage des mains, des bras, des jambes et toutes ces habiletés manuelles. Enfin, puisqu’il le fallait pour la reproduction et le système d’élimination, on constatait l’existence des fonctions de digestion, d’expulsion et de sexualité. Évidemment, la culture religieuse de l’époque valorisait ce qui provenait d’en haut et sa parenté avec le céleste, et semblait mépriser ce qui se situait dans le bas du corps comme quelque chose de bas, de bas instinct, disait-on.
...
Mon objectif est tout autre que de seulement t’informer. L’objectif principal que je poursuis en t’écrivant, est de t’aider à découvrir et à utiliser le plus souvent possible ton centre-du-coeur, ton intérieur, pour ne plus te laisser envahir par la roue des circonstances extérieures qui tourne toujours trop vite et qui t’empêche de vivre le moment présent et de profiter pleinement de la vie, en utilisant tout ce que tu es, pour être enfin QUI TU ES.
Or, qui es-tu ? Mis à part ton nom donné à ta naissance. Mis à part ta formation, ta profession, ta carrière. Mis à part ta famille, tes enfants, ton réseau social. Mis à part tes activités de loisir, tes occupations quotidiennes, tes pauses à lire les journaux, ton habitude à écouter les informations télévisées. Mis à part le temps passé à t’imaginer le monde en commentant tes télé-romans préférés dans des discussions entre amis. Mis à part tes visites chez le médecin ou à l’hôpital, tes préoccupations pour ta santé ou le vieillissement de ton corps.
Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu ? Comment le sais-tu ?