Le bal des vampires

Des histoires surprenantes à travers les pays et les époques. Suivez ces captivantes aventures. De la magie, des sages et autres…

Maledictus


     

À la fin d’une longue guerre, un navire avait quitté les côtes d’Angleterre avec à son bord une cargaison secrète destinée au roi de France, gage de la paix nouvellement signée. L’intendant du roi avait insisté pour que la cargaison soit déposée de nuit dans les cales du fond. Le navire et son équipage avaient été réquisitionnés par les officiers français, mais avec l’accord de la House of Lords d’Angleterre.


C’était une époque où les brigands parcouraient les mers désertées par les flottes royales, il fallait donc éviter d’attirer l’attention. Les soldats français étaient armés jusqu’aux dents, on avait muni le bateau de plusieurs canons, mais aucun drapeau n’y flottait.


Le capitaine était songeur.


– Faisons venir l’intendant du roi et expliquons-lui ce dans quoi il nous a fourrés avec ses ordres royaux.


Les vents se levaient en accentuant le roulis tandis qu’un matelot allait chercher le Sieur Paul De Montarnais. L’homme, peu habitué aux traversées, arriva avec une mauvaise mine.


– Sieur, commença aussitôt le capitaine, le passage au large de Guernesey est infranchissable, un cyclone s’y prépare. En passant vers le sud, nous allons tout droit vers les récifs et ce bateau est trop gros pour s’y aventurer. Le seul passage possible est celui du massif Maledictus. Mais il est étroit et protégé par d’imposantes murailles rocailleuses, lui aussi.


– Qu’à cela ne tienne ! Ce bateau n’a que trois jours pour se rendre à Versailles. La marchandise doit être livrée.


– Je n’ai pas fini, Sieur De Montarnais, dit le capitaine, agacé. De mémoire d’homme, personne n’en est jamais revenu vivant. Les marins en ont peur. On dit que le diable hante ces lieux.


– Affrontons l’ouragan, dit un matelot.


– Non, répondit le capitaine. Nous n’avons pas le bateau pour faire face à la chimère qui se développe du côté de Guernesey. Nous devons affronter la malédiction. Que Dieu nous garde !


Ils n’avaient pas le choix, tous le savaient. Et sous l’œil inquiet de l’équipage, le navire jeta les amarres en prenant la direction maudite.


¤¤¤


Paul, l’intendant, avait la tête qui chavirait. La peur lui tenaillait les tripes. Il ouvrit la porte avec la clef qu’il portait toujours à son cou, camouflée sous sa chemise de coton. Après avoir verrouillé de l’intérieur, il commença son inspection. Un volume impressionnant de caisses reposaient là. Il devait les compter, tous les jours.


– De l’or pour la paix. Faites que nous passions le Maledictus ! pria-t-il avec un sourire lugubre.


En effet, la paix n’avait pas été gagnée sur les champs de bataille. Elle avait été marchandée, à fort prix. L’or devait être remis sous peine de reprendre les hostilités et les armées n’en pouvaient plus, la famine rongeait la patrie. Quant au Sieur Paul De Montarnais, intendant du roi, il comptait sur la part du gâteau qu’il allait recevoir. Il se voyait déjà décoré des nombreuses récompenses avec lesquelles il s’afficherait dans les plus élégants bordels de Paris.


De plus, il y avait une caisse assez spéciale. Elle recelait des documents sur lesquelles le roi de France voulait mettre la main depuis si longtemps. En fait, les anciens rois voulurent jadis effacer toute trace de son existence mais à présent sa majesté s’intéressait à la portée de ce savoir. C’était une série de grimoires comportant une connaissance qui, disait-on, conférait un pouvoir digne de la sorcellerie : le don de voyager en pensée, l’Omniprésence. Un avantage militaire imbattable. Ces précieux livres avait été trouvés enfouis dans la province de Québec, sur le site d’une vieille bataille datant de Louis XV et de la guerre de sept ans. L’intendant comptait sur la discrétion comme sécurité. Personne ne savait la puissance de ce que ce navire transportait.



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