Le tempérament mélancolique/perfectionniste dominant
Il me vient une image reflétant ce tempérament indispensable dans nos vies. Indispensable pour l’humanité, car on lui doit toutes les découvertes en santé naturelle, en médecine moderne, en éducation scolaire et familiale, en physique et chimie, en géologie et en étude des sols, en agriculture et dans toutes les sphères de recherche tant théoriques que pratiques. Cette image biblique est décrite dans le récit mythique de la création où Dieu demande à Adam de nommer toutes les réalités crées par l’Intelligence divine, à savoir toutes les sortes d’animaux, de plantes et de réalités matérielles présentes dans la nature.
Or, nommer dans le vocabulaire biblique et dans la pensée antique signifiait : donner une identité à chaque réalité. Les anciens, dont Platon, croyaient que chaque réalité nommée renfermait une pensée, une intelligence. Pour connaître chaque réalité il suffisait de prendre le temps de l’observer et de la pénétrer par l’esprit pour découvrir toute l’étendue de la pensée organisée qui lui avait donné l’existence.
En fait, tu le vois, les gens au tempérament mélancolique/perfectionniste sont toutes des personnes qui, dès l’enfance, s’attardent à une fourmi, à une brindille d’herbe ou à un chat, pour y observer toute la vie que ces réalités renferment en elles-mêmes. Il en sera ainsi à l’école, à l’université, puis dans le champ professionnel choisi.
Partout, peu importe la carrière choisie, ces gens mettent un temps fou sur une réalité observée. Ils s’attardent longuement sur un phénomène naturel, ou sur une lecture captivante. Ils adorent effectuer des recherches, collectionner des souvenirs. Ils contemplent le passé, et l’histoire qui raconte le développement des civilisations, l’évolution de la pensée scientifique, les découvertes de la médecine, les différents courants de la pédagogie, de la philosophie, de la psychologie. Beaucoup de temps à penser et à écrire en détail toutes les idées reçues des penseurs scientifiques ou littéraires de toutes les époques.
Une seule visite à leur domicile te convaincra. Peu importe qu’ils aient accès à un ordinateur ou à Internet, ils possèdent tous une bibliothèque personnelle où abondent des livres d’arts, des oeuvres de littérature, des collections de chefs-d’oeuvre musicaux ou des métaux précieux, des pièces de collection rares. Ces artistes-nés maîtrisent souvent un violon d’Ingres : le piano ou un autre instrument de musique. Ils feront d’ailleurs souvent partie d’une chorale ou d’un groupe orchestral. Au gré de leurs habiletés manuelles, certaines personnes développeront des modèles de petits points, de broderie, de courtes-pointes, des esquisses de céramique ou de vitrail qui pourront leur servir de passe-temps à la retraite.
De fait, tout ce qui existe les intéresse. Surtout, si dès l’enfance, des parents scolarisés les ont mis en situation d’exploration de tous les domaines de la connaissance. La bibliothèque familiale, les visites aux musées régionaux, l’abonnement à des revues du genre Géo ou Grands Découvreurs, ou celle des Petits débrouillards ou encore une collection de style bande dessinée portant sur des personnages célèbres, l’accès au théâtre d’enfants, ou à des spectacles culturels. Toutes ces activités les ont éveillés à une foule de réalités qui meublent l’esprit des gens ouverts à toute connaissance.
Très curieux de nature et très sérieux dans leur manière d’être, ces perfectionnistes sont attirés par des détails qui échappent à l’ensemble des gens. Par exemple, prenons l’écoute d’une pièce symphonique dans une salle de concert. Alors que les autres tempéraments se contentent d’écouter l’ensemble de la symphonie, ces perfectionnistes du détail s’attardent à l’analyse de la pièce. Souvent, ils ont pré-travaillé leur écoute ; ils ont lu la biographie de l’auteur et le contexte historique de l’écriture musicale de cette oeuvre jouée. Mélomanes, ils auront souvent lu la partition musicale. Ils auront écouté plus d’une fois les passages marquants selon le rythme particulier ou selon les figures de notes, ces fameux phrasés musicaux. Ainsi, pendant que l’auditoire écoute la pièce dans son ensemble, eux, en analystes perfectionnistes s’attarderont à remarquer les temps forts de l’exécution orchestrale, la façon particulière du chef d’orchestre de donner une couleur personnelle à certains passages étudiés, ainsi que la qualité d’exécution des musiciens à rendre viable l’intention de l’auteur de la pièce.
Une visite dans un musée te convaincra de leur fixation aux détails, lors d’une exposition de peinture, par exemple. Alors qu’un tempérament sanguin/nerveux marchera vite, passant de salles en salles, jetant un regard périphérique sur la façon dont les toiles sont disposées autour d’un banc central, la sensibilité notoire des gens de tempérament mélancolique/perfectionniste les amènera plutôt à s’arrêter devant chaque tableau ; assez longtemps pour se faire une idée du thème retenu, du choix des couleurs, des nuances de ton, du pâle au foncé, de la texture de la toile ainsi que de la technique utilisée pour appliquer l’huile à peindre. Puis, il faut les voir reculer un peu en retrait pour apprécier l’ensemble de la toile suscitant un intérêt marqué, s’avancer à nouveau, se reculer encore, pour finalement s’asseoir et méditer en contemplant le chef-d’oeuvre. C’est typique.
Ce qui se révèle vrai pour les musées consacrés à la visite d’oeuvres de peintres mondiaux, est tout aussi vrai pour les autres champs d’intérêt de ces gens particuliers.
Contrairement au tempérament sanguin/nerveux, quand un stimulus attire leur attention, ils sont capables de se concentrer durant plusieurs heures consécutives. On les reconnaît concentrés à analyser les détails, à rechercher toutes les voies pouvant couvrir les différents aspects d’un même sujet.
On comprend que ces gens sont doués pour faire de longues études. Après l’obtention d’un diplôme universitaire, ils feront un choix de carrière auquel ils vont s’incruster toute leur vie, poursuivant d’éternels perfectionnements dans le même domaine, tout en menant en parallèle d’autres cibles d’intérêt secondaire pour lequel ils y mettent toutes leurs minutes libres.
Ce sont des gens très occupés. Ils n’ont pas le temps de s’ennuyer. Ils ont rempli leur vie, fouinant dans tous les champs de la connaissance. Pour eux, pas de retraite possible. La vie, avec son menu débordant, regorgeant de possibilités d’investigations théoriques et pratiques, les comble totalement. Au nombre des champs prioritaires, il y a la connaissance humaine de soi liée à la connaissance des autres. N’étant jamais capables de se couper du passé, de s’affranchir de l’histoire familiale, du vécu avec le père ou la mère, le type de relations entretenues avec la fratrie originelle, la fréquentation des cousins et cousines, la présence importante des amis à l’adolescence, tout les a marqués. Tous les événements ont laissé une trace indélébile dans leurs souvenirs émotifs. Leurs albums de photographies sont nourris d’événements heureux et malheureux dont ils n’arrivent pas à se libérer.
...
Dans le iBookstore seulement.