Un crime inattendu

 

Ce livre raconte l’horrible sort d’une merveilleuse jeune fille que sa mère oblige à aller travailler en ville avant de pouvoir se marier avec son promis. Et cela pour une durée de trois ans.


Que pensez-vous qu’il puisse se passer dans la tête de cette ado lorsqu’elle est bien traitée ?


À quel piège peut-elle se laisser prendre ?

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Hubert devient un homme



Hubert entra sur ces entrefaites, et madame Hortense, en levant les yeux sur lui, fut surprise de le voir si grand, si homme. Elle s'aperçut tout à coup, pour la première fois, qu'il n'avait plus rien de l'enfant, et comprit pourquoi les domestiques l'appelaient « monsieur ».


Monique s'éclipsa, suivant son habitude. Hubert, qui s'était approché de la chaise longue, resta debout devant sa protectrice.


— Quoi de nouveau ? dit-elle en lui souriant.


— Rien que je sache, madame, répondit-il. C'est aujourd'hui fête, les bureaux n'ont pas été ouverts, et je suis venu...


— Me faire une petite visite ? C'est bien gentil, cela...


Madame Hortense s'aperçut en ce moment qu'il lui serait impossible de tutoyer plus longtemps ce grand garçon, si vieille qu'en fût l'habitude.


— Vous n'êtes pas allé vous promener ? dit-elle, sans le regarder, car elle sentait bien qu'elle lui causait une grande peine.


Le regard qu'il attacha sur elle avait toute l'intensité de celui d'un malade qui cherche à pénétrer l'expression du visage de son médecin. Puis il baissa les yeux pendant qu'il devenait pâle, et au lieu de répondre à la question, dit d'une voix contrainte :


— Vous êtes fâchée contre moi, madame ?


Hortense ne voulut pas le regarder.


— Non, mon enfant, dit-elle. Mais vous devenez si grand qu'il est impossible de vous traiter plus longtemps comme un gamin.


Il garda le silence.


— Eh bien ? dit-elle avec un peu d'impatience.


— Vous avez toujours raison, madame, et je vous remercie de tout ce que vous faites pour moi, répondit-il. Car en ce qui me concerne, il n'est pas une de vos actions qui ne vienne d'une bonne pensée à mon égard.


La touchante soumission avec laquelle il parlait, malgré la peine évidente qu'il venait de ressentir, émut madame Hortense, mais elle n'en fit rien paraître.


— Vous ne m'avez pas dit si vous vous étiez promené ? reprit-elle avec beaucoup de douceur.


— C'est aujourd'hui le 1er novembre, dit-il... j'ai été au cimetière...


Madame Hortense baissa la tête. La veille, elle avait fait porter sur la tombe de son petit enfant toutes les roses blanches tardives qu'on avait pu trouver chez les horticulteurs. M. Dunois ne s'en était pas souvenu, mais Hubert y avait pensé...


Après tout, peut-être n'avait-il été là-bas que pour sa mère à lui...


— La tombe de Marie est en bon état ? demanda-t-elle, poussée par un désir instinctif de savoir la vérité.


— Oui, madame. Le jardinier en a grand soin...


Hubert prit dans la poche intérieure de son veston deux boutons de roses blanches à peine flétris. Il les présenta timidement à madame Hortense, qui les reconnut.


— Je les ai pris sur la tombe du petit garçon, dit-il en hésitant. J’ai pensé que cela vous ferait plaisir, aujourd'hui, d'avoir quelque chose qui vint de là-bas...


Cette fois, la jeune femme ne put empêcher les larmes de monter à ses yeux, ni ses yeux mouillés de remercier le jeune homme. Elle étendit la main, prit les deux roses, les respira un instant, et les posa sur ses genoux, en disant : Merci.


Hubert s'était détourné. Subitement, il alla vers le petit bureau, prit un cornet de Saxe, qu'il connaissait bien, y versa un peu d'eau et revint vers madame Hortense. Sans dire un mot, celle-ci mit les fleurs dans le petit vase que le jeune homme plaça à portée du regard et de la main, sur la table voisine.


Pas une parole ne fut prononcée, et tous deux se sentaient mutuellement reconnaissants.


Madame Dunois jeta un coup d'oeil du côté de la fenêtre, qu'assombrissait le crépuscule hâtif de novembre.


— Encore un hiver, dit-elle, un long hiver à passer enfermée... En été, au moins, je vais au jardin...


Hubert vit tout à coup surgir devant sa mémoire tant d'heures ensoleillées passées sous les grands arbres, près des corbeilles d'héliotrope et de réséda qui embaumaient... C'était bien loin. Ces heures auraient beau revenir pour madame Hortense, elles ne reviendraient plus pour lui ! C'était fini ! Il était entré dans la vie !


Cruelle vie ! Elle lui ôtait tout ce qui avait été sa joie. Que lui donnerait-elle jamais en échange qui valût cela ? Il s'aperçut alors que toute sa vie avait été de servir et d'aimer madame Hortense.


— Je ne sais pas pourquoi, dit celle-ci, on est triste de revoir l’hiver. Pour les autres, c'est une saison agréable. C’est pour moi seule que c'est la fin de toutes les joies. Ceux qui sortent ont moins à regretter.


Hubert sentit que l'hiver était venu aussi pour son âme. Jadis printemps ou automnes lui importaient peu ! Mais maintenant les journées seraient longues sous le gaz échauffant qui brûle avec un petit crépitement agaçant.


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