Idylles d’une époque
 

De petites histoires racontant différentes idylles de ce temps-là.


Croyez-vous que les gens de cette époque étaient aussi dégourdis que les jeunes d’aujourd’hui peuvent l’être ?


Auriez-vous aimé vivre ces moments-là ? À vous de voir !

Sommaire



LA BERGERIE

Les premiers pas

LE PORTRAIT

APRÈS LA PLUIE

LE MATIN

LE SOIR

SOUS LES FRÊNES

LA NUIT

LA TEMPÊTE

LA NEIGE

LES NOISETTES

L'ÉPAVE

LEVER DE LUNE

LE BONHEUR

LE POTIER DE TANAGRA

Des livres captivants



Les premiers pas




Les premiers pas

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Vevette savait que le maître ne dirait rien pour quelques instants dérobés au travail en faveur de son fils. D’ailleurs, eût-elle dû être grondée, elle ne pouvait résister au plaisir de voir sourire ce petit garçon et sentir le baiser de ses lèvres fraîches. Elle se dirigea vers lui.


À une courte distance, elle se baissa, lui tendant les bras. Avec un sourire plein de triomphe et de confiance, l'enfant s'échappa des mains qui le retenaient, fit quelques pas en trébuchant et vint tomber dans le tablier de la jeune fille, rouge de plaisir et d'orgueil.


— Il a marché, Seigneur Jésus ! Il a marché tout seul ! s'écria la vieille servante en levant les mains au ciel. Reviens à moi, mon fisset, et montre que tu es un grand garçon !


Mais l'enfant ne voulait pas quitter sa petite amie, et détournait obstinément la tête. La voix grave de Laurent se fit entendre.


— Il a marché tout seul ! C'est la première fois !


— Va voir ton père, mon fisset, va vite, dit Vevette avec douceur.


Le petit leva en hésitant les yeux sur son père, puis soutenu par la main, encouragé par la voix de la jeune fille, il traversa la courte distance qui le séparait du fermier. Soudain, Vevette retira sa main, et l'enfant cherchant un appui alla tomber dans les bras de Laurent, fier et ému, qui le souleva jusqu'à son visage, puis le remit sur ses jambes.


— Vevette, répéta l'enfant au moment où ses petits pieds touchaient la terre. Et, encore appuyé sur le genou de Laurent, il étendit sa menotte vers son amie.


Mais elle avait disparu, ne voulant pas usurper les caresses dues au père.


— Vevette ! cria Laurent, qui eût voulu la voir rester.


La présence de la jeune fille auprès de son fils lui semblait une sauvegarde. Quand elle était là, jamais de pleurs ni de cris. Elle devinait ses désirs, et pourtant elle savait refréner ses caprices.


Seule, elle lui parlait le langage de la raison, et seule elle obtenait sa soumission. Mais elle avait disparu, comme elle faisait toujours après ces courtes scènes. On l'eût dite honteuse de son empire et désireuse de le faire oublier.


La servante emporta le petit garçon pour le distraire, mais non sans résistance de sa part, et ses cris de colère et de regret se firent entendre au loin plus d'une fois dans l'après-midi.


Laurent prit à travers les clos pour aller voir ses génisses, parquées à l'autre extrémité de la propriété. Il marchait la tête baissée, comme font le plus souvent les habitants de la campagne habitués à chercher leur bien dans le sol. Les mains derrière le dos, penché en avant, il pensait, il ne savait pourquoi, mais avec une persistance singulière, à la petite servante que son fils chérissait.


C'était vrai. À proprement parler, Vevette n'avait pas de famille, puisque celles qui lui appartenaient ne se souciaient pas d'elle. Son père était un honnête homme, mais un cultivateur inhabile. Loin de prospérer, son modeste patrimoine s'était fondu dans ses mains, et le chagrin l'avait miné avant son temps.


La mère avait survécu de quelques années, filant pour vivre le fil le plus fin de la contrée. Puis elle était morte aussi, et l'orpheline s'était placée pour gagner son pain.


Laurent, la revoyait encore à l'assemblée de la Madeleine, où se louent pour l'année les serviteurs à gages. Avec son petit bonnet blanc, ses yeux pleins de larmes, son mince paquet sous le bras, elle regardait tristement dans la foule, cherchant un visage bienveillant, choisissant un maître par la pensée, redoutant celui-ci, acceptant plus volontiers celui-là, mais le coeur bien gros d'être obligée de vivre chez les autres.


Le matin, elle avait fermé sa petite maison de pierre grise, dont elle était, hélas ! seule propriétaire. Après avoir fait en pleurant le tour du jardinet, elle avait mis la clef dans sa poche. Et maintenant, elle craignait de ne pas trouver ce maître, d'abord redouté.


Voudrait-on d'elle, avec ses petits bras débiles, sa stature mignonne, ses mains rouges, mais fluettes... Si on allait la trouver trop chétive, lui faudrait-il s'en retourner à la maison déserte, si triste, où le pain manquait ? Faudrait-il mendier de village en village ce pain qu'elle eût préféré devoir au travail ?


C'est alors que la femme de Laurent s'était approchée, et trouvant à cette enfant un visage honnête, l'avait louée pour soigner les veaux et les agneaux, et donner du grain aux poules.


...

 

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Tempête de neige, le potier qui fait des figurines, bergerie, forêt de pins et de hêtres, artiste qui fait du portrait, la nuit dans le bois, le chemin de l’école

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