Louis Breuil Un pantouflard ?
Louis Breuil est-il vraiment un pantouflard ?
Il vous dirait qu’il a eu la chance d’éviter la guerre car il se trouvait à l’extérieur du pays lorsqu’elle s’est déclarée.
Vous seriez-vous hâté de rentrer au pays pour combattre avec vos concitoyens ?
À vous de juger.
Suivez ces personnages attachants, vous ne le regretterez pas !
Sommaire
Introduction
L’heure du jour qui lui appartient
Peur de l’avenir ?
Marc est troublé
Mariés et en voyage
La Marseillaise
Sur le chemin de Paris
Des nouvelles de la guerre
Retourner en France ?
La guerre continue
Une visite inattendue
Une discussion mémorable
L’ennemi approche
L’attaque contre la ville
Lui cacher l’attaque ?
Un cadeau inespéré
Breuil veut se réconcilier
Vers le château
Marc et le printemps arrivent
Pauline et la vie
Le dernier Prussien a disparu de notre territoire !
Rencontre de la promise
De la colère à la tristesse
Une lettre mystérieuse
La discussion attendue
Une rencontre inattendue
La vérité crue
Pantouflard !
Une crue extraordinaire
Un sauvetage malheureux
Conclusion
Épilogue
Sur le chemin de Paris
— Allons à pied, veux-tu ? dit Marc à son camarade. J'ai besoin de me remuer. Il me semble que c'est lâche d'aller en voiture ou en chemin de fer.
Ils partirent, à travers les villages peuplés de Parisiens en villégiature. On riait et l'on chantait sous les tonnelles des guinguettes. Des orchestres en plein air jouaient des contre-danses et des polkas. Les filles tournaient en riant sur les chevaux de bois d'une fête foraine.
Sous la fenêtre d'une maison bourgeoise qui annonçait des prétentions au luxe, s'étaient groupés quelques promeneurs. Les fenêtres étaient ouvertes. À travers les persiennes fermées, on voyait la lueur des bougies, et aussi quelques points lumineux, tels que l'or d'un cadre, le reflet métallique d'une arme.
Un grand jasmin blanc grimpait jusqu'au haut de la maison sur la façade qui regardait le jardin, et Dangier, levant les yeux, eut l'éblouissement d'une pluie de fines étoiles entre le treillage sombre et lui. Une voix de baryton se fit entendre à l'intérieur de la maison.
— Nous l'avons eu, votre Rhin allemand ! chantait-il avec une crânerie endiablée.
— Passons vite ! dit Marc, en entraînant son compagnon.
Derrière eux, les applaudissements du dehors éclatèrent à la fin du couplet.
— Il a une jolie voix, ce garçon, fit Gaston. Pourquoi n'as-tu pas voulu l'entendre ?
— Tout cela me fait mal. N'oublie pas que, moi, j'étais en Allemagne il y a trois mois, et que je n'ai pas d'illusions.
Ils marchèrent silencieusement pendant un temps assez long. Paris se rapprochait de plus en plus, et les routes devenaient tranquilles, en raison de l'heure avancée.
À la porte de Charonne, ils retrouvèrent la vie et le bruit.
Un train de mobiles attendait sur le chemin de fer de ceinture que la voie fût dégagée pour gagner la ligne de l'Est, et de là le camp de Châlons. Entre les impériales des wagons surchargées d'hommes, et le peuple amassé des deux côtés du passage à niveau, c'était un échange de plaisanteries et de bravades dans le goût du jour. On riait à gorge déployée. C’était un tumulte indescriptible.
— En route ! cria le chef de train.
Un coup de sifflet retentit, la vapeur répondit par son signal, et le train lourdement chargé s'ébranla avec lenteur, pendant que les mobiles entonnaient le chant des Girondins :
À la voix du canon d'alarmes...
Ces wagons se suivaient très lentement, défilaient devant Dangier et son compagnon. La locomotive, qui lançait de petites bouffées de vapeur blanche, s'enfonça sous le tunnel du Père-Lachaise.
Mourir pour la patrie ! chantaient à pleine voix les mobiles.
À mesure que le train s'engouffrait sous la voûte funèbre, les sons arrivaient moins distincts, comme si les voix descendaient dans le tombeau. Les dernières mesures, plus éclatantes, parvinrent aux oreilles des spectateurs comme un écho endormi.
Le fanal rouge du dernier wagon disparut au tournant de la voie. Puis un petit flocon de vapeur, chassé par le courant d'air, sortit et monta dans l'atmosphère, où il se dissipa aussitôt... Et le silence régna, mortel et désolé.
Quelque chose de lugubre était descendu sur ceux qui riaient tout à l’heure. La barrière s'ouvrait, la circulation se rétablit, mais sans le joyeux brouhaha qui l'accompagne d'ordinaire.
— « Mourir pour la patrie ! » répéta Gaston, resté immobile auprès de son ami. On dit cela, on le chante, et l'on ne sait pas ce que c'est. Ceux qui étaient là tout à l'heure et qui viennent de s'enfoncer sous ce cimetière, vont-ils vraiment mourir pour la patrie ?
— Beaucoup d'entre eux. N’en doute pas… Mais d'autres vivront pour elle... Dis-moi, Gaston, seras-tu de ceux-là ?
— Moi ? Au besoin. Mais nous avons une armée superbe, des mitrailleuses inouïes. Et puis je ne sais pas me battre. C’est un métier qu'il faut apprendre.
— Avant six semaines, Gaston, tout ce qu'il y a d'hommes valides en France devra se lever pour défendre le pays... Tu es bon tireur. Nettoie tes armes.
Le jeune homme regarda son ami pour voir s'il parlait sérieusement, et ce qu'il vit lui fit baisser les yeux sans répondre. Pressant le pas, ils rentrèrent en silence.
...
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La guerre en France, sang et victimes, se retrouver en Suisse ou ailleurs, le château l’attends, de la colère à la tristesse, la vérité crue et la crue des eaux, sauvetage malheureux, Breuil un pantouflard ? Henry Gréville
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