La légende du Chien d’or Notre histoire

 

La légende du Chien d’or

Notre histoire


Je suis un chien qui ronge l'os

En le rongeant je prend mon repos

Un tems viendra qui nest pas venu

Que je morderay qui maura mordu


Cette légende a servi de base au roman « The Golden Dog » de William Kirby.


Il met en scène la rivalité entre la compagnie mercantile de l’intendant Bigot et le citoyen Philibert, chez qui cette enseigne était affichée.


Des relations amoureuses entre personnages fort différents.


Tout cela juste avant la chute de la Nouvelle-France.


La morale du « Chien d’Or » serait que la vengeance conduise à la tragédie. À vous d’en juger.

POURQUOI LE CHIEN D’OR TRADUIT EN FRANÇAIS



Un triple motif nous a induit à entreprendre la tâche onéreuse de faire traduire et publier en français l'ouvrage de Mr. Kirby.


1° Le Chien d'Or est un superbe hommage rendu aux ancêtres des Canadiens-Français, hommage d'autant plus précieux qu'il vient d'un homme appartenant par le sang et les croyances à une nation qui fut l'ennemie séculaire de notre race.


Le fils de ceux qui durant tant d'années ont combattu avec acharnement contre les héros de la Nouvelle-France, ne peut donc pas être suspect de partialité en leur faveur.


Mais il y a plus : nous avons trouvé dans ce livre une si riche collection de nos traditions nationales et religieuses une peinture si vraie de nos moeurs et de nos coutumes canadiennes, un tableau si frappant et si complet de ce que présente notre histoire à cette époque mémorable, que nous le croyons tout à fait propre à inspirer du goût pour l'étude de l'histoire du Canada et même à faire connaître une foule de traits qui échappent à l'attention, sur simple lecture de l'histoire.


Nos historiens ont donné le récit des événements de l'époque que rappelle Mr. Kirby, mais lui en a, suivant nous, donné la physionomie. Combien de gracieux et touchants souvenirs qui sont disséminés dans les ouvrages de tous ceux qui ont écrit sur le Canada, et que l'auteur a groupés tous ensemble, en les rattachant ingénieusement aux grands faits de notre épopée nationale !


2° Nous avons voulu faire apprécier par nos littérateurs l'admirable parti qu'un homme, qui pourtant n'a ni notre foi, ni nos sentiments nationaux, et dont la langue maternelle est la langue anglaise, a su tirer d'une courte période de notre histoire.


Quelles sources d'inspirations poétiques, quelle mine précieuse de faits et d'aventures chevaleresques, l'histoire du Canada ne met-elle pas à leur disposition ! Quelle richesse inépuisable de matériaux il y là, pour bâtir une littérature canadienne égale, sinon supérieure, à celle de tout autre peuple !


3° Le livre de Mr. Kirby, bien qu'il soit loin d'être parfait au point de vue de l'idée religieuse, nous paraît offrir aux littérateurs catholiques du Canada et même de la France et autres pays, un enseignement remarquable et un exemple précieux.


Lorsque lui, protestant, sait trouver tant d'inspiration poétique dans le trésor inestimable de notre foi, dans le sentiment catholique et les actes qu'il produit, tant de tableaux gracieux, tant de récits touchants, tant de sublime et de grandiose dans la pratique journalière de nos coutumes religieuses et les solennités de notre culte.


Lorsque la douce piété, le dévouement inaltérable à leur religion de certains personnages du livre. Lorsque les psalmodies, la prière, le bénédicité et le son des cloches, les stances sublimes de l'angélus, les élévations du coeur à Dieu, y reviennent en quelque sorte à chaque page comme un mélodieux refrain, certains écrivains catholiques du Canada ne devraient-ils pas voir combien ils ont tort de singer quelquefois le scepticisme de la plupart des littérateurs français de nos jours ?


...


« Le but que nous nous sommes assigné

« dans le récit n'est pas, à vrai dire, de

« faire connaître seulement les faits historiques

« auxquels ont été mêlés les personnages

« de notre livre. Mais aussi de représenter

« brièvement et autant qu'il nous

« a été possible de le faire, une époque de

« l'histoire de notre pays, histoire dont on

« parle beaucoup, mais que malheureusement

« l'on ne connaît pas assez.


Manzoni. »


La légende du Chien d'Or a été édifiée sur un fait historique des plus émouvants.


Quand vous allez à Québec, vous pouvez voir sur la façade de l'un des principaux monuments de la vieille cité de Champlain, le Bureau de Poste, rue Buade, une énorme plaque de marbre, sur laquelle est sculpté un chien rongeant un os, avec cette inscription :


Je suis un chien qui ronge l'os

En le rongeant je prends mon repos

Un temps viendra qui n'est pas venu

Que je mordrai qui m'aura mordu


La figure du chien est dorée, et le tout, chien et inscription, frappent par leur aspect antique. En voici la reproduction fidèle : (voir la page couverture)


Quel fait étrange a donc donné lieu à ce monument étrange, vieux de près de deux siècles et que l'on conserve soigneusement sur la façade de l'un de nos édifices publics ?


C'est, on le divine, l'un des épisodes les plus émouvants de notre vie nationale. Un homme de génie, qui s'est passionné pour les grandes beautés de notre histoire, l'a revêtue de tous les charmes de la littérature, et sous le nom de « Chien d'Or », nous la représente en un tableau ravissant de l'époque qui l'a produite. Or, cette époque est l'âge héroïque du Canada.


Une note publiée en mai 1860, dans le « Journal de l'Instruction Publique, » donne les quelques détails qui suivent sur cette mystérieuse affaire :


Une tradition populaire voulait que M. Philibert, le propriétaire de cette maison, eût été assassiné par M. de Repentigny. Que le bas-relief emblématique et l'inscription eussent été placés sur la porte, par sa veuve, comme une terrible excitation à la vengeance pour son fils. Enfin, que ce dernier eût accompli la vendetta en tuant de Repentigny en duel, soit en France, soit à Pondichéry.


Sur ces données, un littérateur spirituel et élégant, M. Auguste Soulard, écrivit une petite légende qui fut publiée dans le Canadien. M. Viger publia à la suite une critique dans laquelle il niait presque tous les faits affirmés par la légende.


Il est résulté des recherches que fit plus tard l'infatigable antiquaire :


1° Que Philibert avait été tué en 1748 et non en 1736, par M. de Repentigny, dans une querelle soudaine ;

2° Qu'avant de mourir, la victime avait pardonné au meurtrier ;

3° Que M. de Repentigny revint au pays y faire entériner des lettres de grâce, et commandait une compagnie sous le Chevalier de Lévis, à la bataille du 28 avril 1760. Il est certain qu'il ne fut jamais tué en duel. Alors, le bas-relief et l'inscription deviennent plus énigmatiques que jamais.


Quoiqu'il en soit, l'époque où l'histoire place ce drame est d'un intérêt extraordinaire. C'est la période des grandes guerres entre la France et l'Angleterre et des luttes gigantesques qui ont illustré nos héros canadiens.


L'on n'a conservé, au bureau de poste, que la plaque de marbre. Tout l'encadrement et la tablette ont disparu. Ce qui précède est une image complète de ces diverses pièces, telles qu'elles existaient avant la démolition de l'ancienne maison de Philibert, laquelle démolition n'a eu lieu que lors de la construction du bureau de poste actuel en 18...


...



MOT AU LECTEUR

[Édition 1926]



Rarement, croyons-nous, éditeurs ont-ils avec plus d'enthousiasme, de satisfaction, d'orgueil, de confiance entrepris d'éditer un livre.


Nous avons conscience, en publiant « Le Chien d'Or » de rendre justice au public, à l'auteur, au traducteur, à nos concitoyens, à nous-mêmes.


Depuis longtemps le public lecteur de cette province réclamait qu'on sortît de l'oubli ce roman du « Chien d'Or, » qui fit les délices de la génération d'il y a quarante ans, et dont le texte français n'apparaît que peu souvent chez les bouquinistes, et s'y vend fort cher.


« Le Chien d'Or » est une légende historique de l'ancien régime, digne d'être fixée dans notre littérature nationale par la traduction de Le May, comme elle l'est déjà dans le parler anglais par le texte de Kirby.


Le May, dans les dernières années de sa vie, s'était amoureusement occupé à retoucher et polir sa version française. Benjamin Sulte, dans une préface fort intéressante, y avait inséré une biographie inédite de l'auteur William Kirby, et une page révélatrice de l'origine du chien qui ronge l'os. En appendice, il avait ajouté des notes historiques sur les principaux personnages du grand roman. Cette publication rend donc justice à Kirby, à Sulte et à Le May.


Les citoyens de Québec ont tout autant intérêt que les touristes à connaître la légende du « Chien d'Or ». Si le texte de Kirby suffit aux visiteurs anglophones, la traduction de Le May est nécessaire aux nôtres et nous la leur donnons.


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