Sommaire
La musique dans l’antiquité
La musique profane au Moyen Âge
La polyphonie aux XVe et XVIe siècles
La musique au XVIIe siècle
La dynastie des Couperin
Jean-Sébastien Bach
George-Frederick Haendel
Jean-Philippe Rameau, musicien français
François-Joseph Haydn
Mozart
Le romantisme musical d’hier et d’aujourd’hui
Weber
Berlioz
Lizt
Wagner
Mendelssohn
Schumann et Schubert
Chopin
Les romantiques d’aujourd’hui
MUSIQUE FRANÇAISE
Gounod, musicien profane
Gabriel Fauré
Paul Dukas
Claude Debussy
Claude Debussy et la musique française d’aujourd’hui (1940)
Conférence donnée au Québec Ladies Club, le 5 mars 1935
Pièces choisies
Musiciens français
Trois maîtres de la musique française : Fauré, Debussy, Ravel
Le roi David, d’Arthur Honegger
Les tendances de la musique française actuelle
La jeunesse musicale française
La musique française d’aujourd’hui
Notes sur des musiciens français et quelques-unes de leurs oeuvres
Le concert champêtre de Poulenc
De la romance à Jacques Ibert
Jacques Ibert
La musique profane au Moyen Âge
Nous allons faire un bond de plusieurs siècles pour atteindre le moyen âge. Non pas que ces premiers siècles de notre ère soient vides de musique. C'est même tout le contraire, et le chant d'église, à lui seul, pourrait faire l'objet de longues études.
En effet, dès le début du catholicisme, le chant fait partie des cérémonies du culte, et les historiens nous racontent que « saint Ambroise fascinait le peuple par le charme mélodique de ses hymnes... »
La Liturgie de saint Ambroise dura quelques siècles, et Grégoire le Grand y apporta une réforme nécessaire vers la fin du VIe siècle. Une réforme si profonde, si riche, si largement ouverte vers l'avenir que de nos jours encore la musique d'église y trouve une direction sûre.
La musique grégorienne est un vaste monument composite qui s'étend sur plusieurs siècles, et on ne saurait dire que ce soit l'oeuvre d'un seul homme. Bien des pays participèrent à son développement, et on vit éclore un peu partout des écoles de musique liturgique dont l’importance fut considérable, par exemple du Xe au XVe siècle.
C'est justement le chant d'église qui donna naissance à la musique profane et les plus anciens airs profanes que nous connaissons sont pour ainsi dire de style religieux.
Et pourtant, l'art nouveau, l'art profane devait s’opposer à l'art d'église. Peu à peu, la mélodie modifie son caractère sous l’influence des trouvères et des troubadours.
La poésie chevaleresque, lyrique, galante et de plus en plus raffinée des troubadours emprunte de moins en moins à l'érudition des moines, et elle annonce déjà, au XIIIe siècle, ce souffle merveilleux de liberté que fut la Renaissance pour la musique.
Les premiers troubadours vinrent de Provence et les plus célèbres de ce temps sont assurément Guillaume de Poitou, Bertrand de Born, Blondel de Nesle. II y a aussi le célèbre Gaucelm Faidit, dont la lamentation sur la mort de Richard Coeur de Lion est une méthode d'une puissance d'expression remarquable...
Des rois et des reines se sont aussi occupés de musique et Richard Coeur de Lion, Thibaut de Navarre et Eléonore d'Aquitaine ne furent pas moins célèbres que leurs chevaliers. Par la suite, Roland de Coucy et Adam de la Halle eurent une grande renommée.
Un peu plus tard, au XIVe siècle, Jehannot de Lescurel et Guillaume de Machaut sont des musiciens déjà pleins d'érudition. Les historiens rapportent que Guillaume de Machaut perfectionna la notation et contribua à la création de la musique polyphonique.
En Allemagne, les maîtres-chanteurs chantaient eux-mêmes leurs oeuvres, tandis qu'en France, les troubadours confiaient leurs chansons à des ménestrels, ou jongleurs, qui voyageaient à travers le pays. Ils s'accompagnaient sur la vielle ou sur la harpe, et ils transmettaient ainsi aux populations les messages galants ou nobles des troubadours.
À la cour des rois de France ou d'Angleterre, à la cour des princes, des ducs ou des comtes, l'art des trouvères et des troubadours fut honoré. Blondel de Nesle fut grandement fêté, et nous savons que la reine Eléonore d’Aquitaine cultiva la musique.
En Allemagne, les minnesingers ou maîtres-chanteurs mirent plus longtemps à développer l'art des chansons, puisque leur belle époque est le XIIIe siècle. Soumises aux rythmes et aux divisions du vers allemand, leurs chansons sont plus longues et de forme différente.
Enfin, chez eux, la chanson passe de la chevalerie à la bourgeoisie. Les bourgeois s'organisent en corporations et fondent des écoles de chant à Strasbourg, à Munich, à Francfort. Ce fut la belle époque des maîtres-chanteurs, et chacun sait combien fut célèbre le poète cordonnier Hans Sachs, immortalisé par Wagner.
L'art des troubadours et des minnesingers était l’apanage des classes aristocratiques et cultivées. Le peuple n’avait encore rien en propre et c'est ainsi qu'on voit naître la véritable chanson populaire. Le peuple prit dans l'art des troubadours ce qui lui parut le plus simple et le plus facile à retenir, et il transforma le tout à sa convenance.
On vit ainsi naître des ballades, des récits, des chansons de route et de soldats, des chansons de danse, et cela aussi bien en France qu'en Angleterre, en Écosse et au Danemark, en Espagne et en Italie.
À la fin du XVIe siècle on voit déjà circuler les premiers recueils imprimés de chansons. C'est toujours de la monodie sans accompagnement, parce que la polyphonie naissante reste l'apanage des moines, l'apanage du chant d'église.
Blondel de Nesle, dont je viens de parler, fut le confident et l'ami de Richard Coeur de Lion. La légende veut qu'il ait longtemps été à la recherche de son roi après la croisade, et qu'il le retrouva enfin et s'en fit reconnaître en chantant au pied de la tour où il était enfermé une chanson qu'ils avaient composée en commun.