Musique Volume 2 /2
Sommaire
La musique russe
La musique autrichienne
Igor Strawinsky
La musique autrichienne De Bruckner à Schoenberg
La musique autrichienne Schoenberg et ses disciples
La musique hongroise
Grieg, musicien norvégien
Jeune musique anglaise
Manuel de Falla
Le brésilien Villa Lobos
Cosima Wagner
MUSIQUE CANADIENNE
La jeune musique canadienne
Claude Champagne
Bouquet de musique canadienne entre deux festivals
CONSIDÉRATIONS ACTUELLES SUR LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS
Pour une culture musicale
L’amour de la musique
La musique du roi
Philosophes et écrivains devant la musique
L’innocence de la musique sentimentale
La musique de l’eau
Les femmes compositeurs
La musique sentimentale
Musiques nationales
Les modes dangereuses
Les prochains Ballets Russes
Amour, musique, folie
LES PROGRAMMES
L’art des programmes
Mozart, Brahms, Paganini, Tchaikowsky
Weber, Mozart, Brahms
L’art du pianiste
Kurthy, Beethoven, Brahms
Wagner
Elgar, Castelnuovo Tedesco, Tchaikowsky
Weber, Tchaikowsky, Respighi
Sibelius, Schumann, Mendesssohn
Glazounow, Sibelius
Sibelius, Rachmaninoff
Tchaikowsky
Bizet
Bach, Shostakovitch, Tchaikowsky
Mendelssohn, Sibelius
Brahms, Chausson, Saint-Saëns, Zemlinsky
Weinberger, Elgar, Brahms
Anton Bruchner
Stravinsky
Roussel, Mahler
L’art des programmes
Faire un programme, composer un programme, n’est pas aussi simple qu'on l'imagine. Certaines personnes croient qu'il suffit d'aligner bout à bout telle ouverture, telle symphonie ou tel concerto, et que le tour est joué.
Bien sûr, une ouverture, une symphonie et un concerto créent un programme. Mais pas nécessairement un bon programme. Et il faut également faire une différence entre bon programme et beau programme...
Le chef d'orchestre qui a devant lui une saison de vingt ou trente semaines et qui doit combiner deux ou trois programmes différents chaque semaine, eh bien ! ce chef d'orchestre se trouve en face d'un problème d'une énorme difficulté.
D'abord, il voudra éviter les redites, à moins qu'il ne s'agisse de chefs-d'oeuvre qu'il est bon de réentendre plusieurs fois l'an. Et ces chefs-d'oeuvre, il ne manquera pas l'occasion de les répéter.
Car c'est une mine merveilleuse et bénie que ces chefs-d'oeuvre. N’entend-on pas plusieurs fois par saison les mêmes symphonies de Beethoven, de Brahms ou de Sibelius, et toujours avec plaisir. Les paysages musicaux, on les retrouve aussi avec bonheur.
Mais ces chefs-d'oeuvre, il faut bien les entourer et ne point les desservir. Car ils s'usent aussi. Ils ne doivent pas non plus nuire aux oeuvres qui leur font escorte. Il y a la question des tonalités, des genres, des caractères, il y a les dimensions, la longueur, la profondeur, et enfin, à la radio, la durée.
Il faut aussi éviter le disparate, et ne point oublier qu'un programme mal balancé donne « plus de lassitude que de plaisir ».
Un programme se compose à la manière d'un bon repas, ou encore à la manière d'un bouquet de fleurs, mieux encore à la façon d'un jardin. Il y faut du goût. Et ne pas oublier aussi la couleur en musique.
Auprès d'un certain public, la disparité des genres et des caractères présente un réel danger, qui est la déroute. De la souplesse est requise pour passer rapidement d'un genre à l'autre. Et les poètes et les rêveurs n'aiment point qu'on les bouscule. Ils ne goûtent pleinement une atmosphère musicale que si elle se prolonge en eux comme une lente caresse. Tandis que d'autres, entraînés au jeu, supportent les sauts cahotiques.
L'art de bien composer un programme d'orchestre est essentiellement une conquête du 20° siècle. Car au 19° siècle, on assemblait toutes sortes de musiques, de façon à satisfaire tout le monde, sans doute, mais surtout de façon à contenter soit un chanteur, soit un virtuose.
Et cette sauce bariolée et mal liée encadrait tant bien que mal une grande oeuvre, quand ce n'était pas deux grandes oeuvres. Les concerts étaient interminables. On y passait des demi-journées. On y venait un moment, et puis on s’en allait, pour revenir pendant le concerto, ou encore pour assister à la sortie...
Il y avait l'ouverture des retardataires, pendant laquelle on cherchait sa place tout en causant, et le morceau de la fin, le morceau des ouvreuses, ainsi que l'appelait le très amusant Willy, le morceau des ouvreuses qui menait au vestiaire. En ce temps-là, on en avait pour son argent, et la vie, d'ailleurs, était plus facile. Les concerts coûtaient moins cher.
De nos jours, une heure et demie de musique suffit à nos appétits, du moins aux appétits des Américains de New-York et de Philadelphie. C'est déjà un bon festin qu'une heure et demie de musique, surtout si elle est substantielle d'un bout à l'autre.
Et puis, par-dessus le marché, c'est une heure et demie de musique qu'on est forcé d'entendre presque d'affilée, avec un repos de quelque dix minutes. À Philadelphie, par exemple, aux grands concerts de l'Académie de Musique, aucun bruit, aucun geste, aucun sourire même n'est supporté. C'est le regard disciplinaire, le regard à la fois foudroyant et charmeur de Stokowsky qui a imposé cette tenue impressionnante.
C'est sa main magique et cinématographique qui a accompli ce miracle. Et comme ils sont touchants, ces bienheureux esclaves de la musique, qui s'administrent à heure fixe et plusieurs fois la semaine le baume symphonique. Et c’est bien qu'il en soit ainsi. Car les chefs-d'oeuvre de la musique ne seront jamais assez entourés des soins les plus rares.
Ils doivent être présentés avec goût, dans l'atmosphère qui leur convient et qui les sert le mieux. Il ne faut rien détruire de leur auréole de gloire. Ils en ont besoin pour revivre…
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