Condamné politique de 1838



Pour la première fois sous forme numérique.


Voyez, à travers les yeux d’un condamné à mort, les misères qu’il a dû supporter tout au long de cette aventure.


Épargné finalement de la pendaison mais exporté dans les prisons d’Australie.


Comment l’humain peut-il supporter tout cela ? À vous de voir.

Voici un extrait :


L’appel aux armes



L'appel aux armes fut de suite fait et, aussitôt que réunis, ce qui ne prit qu'un instant, nous nous mîmes en marche à la rencontre de l'ennemi. Mais on avait fait erreur et, à la suite d’une marche difficile et fatigante, nous regagnâmes nos quartiers.


Pendant notre séjour au village, les femmes et les enfants des cultivateurs de la paroisse nous apportaient des provisions que nous préparions de notre mieux, et nous logions dans divers édifices et maisons du village, par escouades.


Le 6, je reçus une invitation à dîner à bord du bateau à vapeur, de la part du capitaine, M. Wipple, alors prisonnier sur parole avec son équipage. J'acceptai, et ce fut le premier repas tranquille et comfortable que j'avais eu depuis plusieurs jours.


La journée du 6 fut une journée d’inquiétude. Nous ne recevions de nouvelles de nulle part excepté de Châteauguay, où nos amis se décourageaient d’avoir perdu leurs chefs et de ne rien savoir de ce qui se passait ailleurs.


Le 7, sur les deux heures de l'après-midi, il nous vint un Courrier du camp des patriotes dit de Baker, du nom de l'endroit occupé par ce camp sur les bords de la Rivière Châteauguay à trois lieues de Beauharnois.


Le camp de Baker comptait environ trois cents hommes et le courrier venait nous demander du secours, en nous informant qu'un parti de huit cents hommes, composés de troupes régulières et de volontaires, sous le commandement de M. le Major Campbell

, marchait sur eux.


Nous passâmes alors et de suite la revue de nos gens, et prenant avec nous deux cents hommes, Chevalier de Lorimier et moi nous nous mîmes en marche pour le camp de Baker, en toute hâte. Le reste de nos troupes, alors réunies à Beauharnois, devait, d'après l'arrangement pris, y demeurer sous le commandement de MM. Wattier et Roy, jusqu'à nouvel ordre.


Nous arrivâmes à Baker vers les six heures du soir, à la suite, comme ont peut le voir, d'une marche forcée soutenue par tous nos hommes avec autant de gaieté que de force et de courage. Nous trouvâmes nos amis sur leurs gardes, protégés contre toute surprise par des piquets de sentinelles jetées dans toutes les directions. Ce fut ainsi que se passa la nuit du 7 au 8.


Le 8, sur les neuf heures du matin, des sentinelles, se repliant, vinrent nous informer que les troupes s'avançaient et bientôt, nous pûmes les distinguer sans être vus, à environ un quart de lieue de nous où elles s'arrêtèrent.


Apparemment que ces troupes étaient fatiguées. Car elles ne bougèrent pas de toute cette journée, pas même pour faire des reconnaissances de notre côté.


Tout ce jour et la nuit du 8 au 9 se passèrent à observer l'ennemi et à prendre nos dispositions pour la bataille maintenant imminente, entre nous étrangers à l'art de la guerre et fort mal armés, et une troupe supérieure en nombre, bien disciplinée et armée jusqu'aux dents.


Nous avions élu pour chef M. le Docteur Perrigo, un vétéran des milices de 1812, lequel devait nous trouver bien différents, sous le rapport de la discipline et de l'équipement, de ce qu'étaient nos pères, ces fortes milices régularisées qui, juste un quart de siècle plus tôt, avaient remporté celte belle victoire qu'on connait, sur les bords de cette même Rivière Châteauguay.


Nous allions, en ce moment, marcher contre ce même drapeau que défendaient alors nos pères ! Cependant, nous allions, nous aussi, combattre pour la patrie et tous les souvenirs du glorieux passé des luttes héroïques de notre petit peuple semblaient devoir, en ce moment de faiblesse apparente et de décourageantes circonstances, nous tenir lieu d'armes et de drapeau.



Durant le combat



Le 9 Novembre, sur les neuf heures du matin, des hommes de piquet vinrent nous avertir que l'ennemi s'avançait. Des trépignements de joie accueillirent cette nouvelle dans nos rangs, et l'ordre fut aussitôt donné de nous mettre en rang de bataille pour attendre l’ennemi.


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