La route vers l’OR de la Californie
 

La ruée vers l’or de la Californie a amené plusieurs Canadiens et autres à s’y rendre.


Quel voyage et quelles miséres attendent ces personnages cherchant une vie de rêve pour eux et leur famille.


Illusion et réalité se côtoient dans des histoires réelles de cette vie de voyageurs et de chercheurs d’or.


M. de Boucherville a une façon toute spéciale de raconter ces histoires, incluant les moeurs des gens ainsi que les sensations que vous ressentirez aussi.


Vous en serez aussi captivés que nous, assurément !

Voici un extrait :


Des misères



Tandis qu'à l'extérieur le calme nous permettait d'observer les mille curiosités qui se présentent quelquefois en mer, à l'intérieur du navire, un commencement de désordre et de mécontentement semblait surgir du fond des cabines et se manifestait d'une manière sérieuse parmi les passagers.


Nous étions loin d’être traités suivant les conditions du passage, par le capitaine et les sous-officiers, dont la brutalité et la grossièreté augmentaient chaque jour.


Les choses en vinrent à un point que nous nous décidâmes à réclamer par le moyen d'un protêt, signifié au commandant par un notaire, passager avec nous.


Hélas ! ce protêt, présenté au capitaine dans la meilleure forme que protêt puisse se faire, n’eût pour tout résultat que de nous faire persécuter davantage. Le commandant était devenu très furieux. Roi et maître sur son navire, il se plaisait dans nos souffrances et dans nos privations.


Bien qu'excellent marin, notre Capitaine était pour la première foie chargé du commandement en chef d'un navire. Son caractère se trouvait peu en harmonie avec les habitudes et les goûts de passagers si nombreux et d'humeurs si diverses.


La rudesse de ses manières n'était point amoindrie par l'usage immodéré qu'il faisait des liqueurs alcooliques.


Détesté par les passagers, il l'était encore plus par l’équipage. Le commerce avec cet homme était devenu une souffrance pour tous, et sa conduite inspirait à tous des craintes pour la sûreté de notre navigation. Il ne fut pas longtemps sans donner même des signes de delirium tremens.


Un jour, entre autres fois, il était couché privé de raison sur la dunette, lorsque, criant comme un forcené, il attira à lui tout le monde alors sur le pont. Il se démenait avec rage et menaçait de se jeter à l’eau, croyant voir près de lui sur le navire un requin cherchant à le dévorer.


Par un singulier hasard, un requin, en effet, suivait en ce moment le navire, mais ne songeait nullement à venir à bord. Il attendait sans doute qu'on lui jetât, à la mer, quelqu'objet qu'il eût englouti dans sa terrible mâchoire. Un peu que notre capitaine ne se précipitât lui-même dans le danger que son esprit délirant redoutait avec horreur.


Quel dommage que de pareils défauts, produits d'une éducation sans croyances, aient ainsi rendu presque nulles les belles facultés naturelles de cet habile marin. Car nous conservons encore le souvenir de son habileté et de son sang-froid, dans les moments de grands dangers auxquels nous fûmes exposés.


En entrant sous le tropique, nous devions oublier un peu nos petites misères, l'ennui et les incommodités du navire, pour jouir enfin de ces vents alisés qui devaient nous conduire, en peu de temps, à l'Équateur.


Rien de plus émouvant, rien de plus intéressant que l'étude de ce vaste océan, dans ses différentes régions connues sous les noms de latitudes froides, tempérées, chaudes et torrides.


Chacune de ces régions océaniques renferme ses habitants divers, ses monstres et ses animaux énormes, tels que la terre n'en nourrit point, qui parcourent les sentiers de la mer chacun selon son espèce.


Ainsi, sous les latitudes du nord, la baleine noire, le souffleur, les marsouins au dos blanc, les gibards au dos noir, les morues, les harengs vivent et ne dépassent pas leurs limites, les climats froids.


Dans les régions chaudes, sous les tropiques il est bien rare de rencontrer ces immenses poissons et ces innombrables bandes de harengs et de maquereaux, la température de l'eau convient mieux aux dauphins, aux dorades, aux bonites, aux terribles et voraces requins et surtout à ces immenses voliers de poissons volants.


Après le passage de la ligne, on rencontre fréquemment de nouveau des marsouins mais ceux-ci sont tachetés de jaune. La grosse baleine et le cachalot sont aussi les habitants de cette immense mer du sud, où les navires baleiniers  se rendent de préférence, pour la pêche des cétacés.


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