Le Cap au Diable

 
 

Vous vous demandez le rapport entre des maisons incendiées et le titre Cap au Diable ? C'est que la légende de Cap au Diable découle de la Déportation des Acadiens en 1755 (ou du Grand Dérangement, comme on veut l'appeler maintenant).

C'est là. à Grand Pré, où les Anglais, en plus de les avoir expatriés, sont revenus mettre  le feu à leurs résidences. Ils voulaient s'assurer de les anéantir comme peuple francophone.

Sommaire


Introduction

Le Cap au Diable

St.-Aubin

Jean Renousse

Les malheureux Acadiens

La déportation des Acadiens

L’attente de son mari

Un autre vaisseau de guerre anglais

Les rescapés

En Irlande

Le trajet dans le Golfe

Des amis

Qu’allait devenir les émigrants ?

À Trois-Rivières

Qu’est-ce que Phédor a découvert ?

Arrivé au village

Un instinct qui le ramène près d’elle

Sa raison est ébranlée

Les retrouvailles

Chère Acadie

Épilogue

Des livres captivants

Mot de la fin



Note à propos de la couverture : Les Anglais se débarrassent des Acadiens à Grand Pré, l’image de : cours-quebec.info



St.-Aubin



Parmi les nombreuses criques formées dans les rochers escarpés qui bordent les rivages de l'ancienne Acadie, aujourd'hui la Nouvelle Écosse, vivait, au fond de l'une d'elles, un jeune et honnête négociant acadien, dont le nom était St.-Aubin.


Occupé depuis plusieurs années à l'exploitation de la pêche à la morue, grâce à son intelligence et à son indomptable énergie, son commerce prenait, de jour en jour, une plus grande extension.


Quelques familles de pécheurs, dont il était le bienfaiteur et le père nourricier, étaient venues se grouper autour de lui. D'une probité reconnue, affable et obligeant pour tous, il avait su s'attirer l'estime et le respect de chacun d'eux.


Tout le monde connaît nos établissements de pêcheries, dans le bas du fleuve. Rien de plus amusant que de voir ces berges aux voiles déployées, rentrer le soir, après le rude travail de la journée. Ces femmes, ces enfants accourir pour aider le mari, le père ou le frère.


Le Poste est alors tout en émoi tout le monde se met gaiement à la besogne, on s'assiste, on se prête un mutuel secours. C'est un plaisir d'entendre les joyeux propos, les quolibets qui pleuvent sur les pêcheurs malheureux, les gai refrains. Enfin, d'être témoin de la bonne harmonie qui règne parmi eux. C'est la bonne vieille Gaieté Gauloise qui prend ses ébats. Telle était la Grâce de Monsieur St.-Aubin.


Sa maison, située sur une légère éminence, dominait la petite baie et les côtes avoisinantes. De jolis jardins, de charmants bocages et de coquets pavillons l'entouraient. Un peu plus loin, la vue pouvait s'étendre sur de beaux champs, dans un état de culture déjà avancée, et où paissaient de nombreux troupeaux. Enfin, dans son ensemble et même dans ses détails, tout respirait l'aisance, la prospérité et le bonheur.


L'intérieur de la famille ne présentait rien de particulier. M. St.-Aubin, marié, depuis quelques années, à une femme de sa nation, qu'il aimait tendrement, était père d'une charmante petite fille. Cette enfant était venu mettre le comble à la félicité de ce couple fortuné.


Madame St.-Aubin était une de ces femmes d'élite, qui semblent se faire un devoir de rendre heureux tous ceux qui les entourent. Douée des plus riches qualités du coeur et de l'esprit, elle n'était que prévenance, amour et sollicitude pour son mari et sa chère petite Hermine, les confondant tous deux dans une même et touchante tendresse.


Si parfois elle pouvait leur dérober un instant, dans la journée, c'était pour aller porter quelques secours, quelques consolations à ceux qui en avaient besoin, aussi la regardait-on comme une véritable Providence.


Le soir amenait les intimes causeries, l'on se faisait part des impressions de la journée, on formait de nouveaux projets pour l'avenir. Bien souvent aussi, la maman racontait au papa ému, les mille petites espiègleries de la petite, les conversations qu'elle avait eues avec sa poupée, voire même avec une table, une chaise, un meuble quelconque. Enfin, ces mille et mille riens qui font venir des larmes de plaisir et d'attendrissement aux heureux parents qui les entendent.


Ces jouissances, ces plaisirs leur suffisaient. Et certes, ils valaient bien les bruyantes réunions de l'opulence, où l'âme et le coeur perdent leur pure et limpide sérénité. Quelques domestiques fidèles complétaient enfin l'intérieur de cette famille, aux moeurs simples et vraiment patriarcales.

Sur Amazon

malheureux Acadiens, vaisseau de guerre Anglais, émigrants, Trois-Rivières, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, l'indien Jean Renousse

Sur Amazon