La Huronne 2 / 2
Sommaire
TROISIÈME PARTIE : LE DÉSERT AMÉRICAIN
1. La traite des pelleteries
2. Départ pour le Pays d’en Haut
3. Plus facile à lire qu’à exécuter
4. Arrivés à Sainte-Marie
5- Disparaître dans la tempête
6. Perdue, retrouvée, reperdue
7. L’enlèvement
8. Scènes de la vie indienne
9. Deux amis se retrouvent
10. S’évader
11. Chasseur ou gibier ?
12. Des mystères
Conclusion
3. Plus facile à lire qu’à exécuter
Le soleil brillait alors dans toute sa splendeur et se réfléchissait comme un brasier mouvant dans les flots du lac Saint-Louis. Quoique les arbres et la campagne fussent encore dépouillés de leur parure d’été, quoique des glaçons voguassent encore ça et là à la cime des vagues, et quoique dans les criques des ilets, dans les échancrures du rivage, apparussent des plaques de neige, on sentait déjà les premières haleines embaumées du printemps. Elles pénétraient le corps pour l’échauffer et le disposer aux suaves caresses de l’espérance.
Une bonne brise nord-ouest, aidait la flottille à remonter le cours si rapide du Saint-Laurent, principalement près de sa jonction avec l’Outaouais, dont les eaux jaunâtres et boueuses, tranchent vivement sur celles de l’autre fleuve, qui sont pures et d’un vert transparent.
Les rameurs faisaient force de pagayes pour refouler le courant, et s’excitaient, dans leur pénible tâche, par des chants animés. C’est qu’il est difficile et fatigant le métier de batelier au service de la Compagnie de la baie d’Hudson !
Songez qu’indépendamment de ses hommes d’équipage et leur bagage ou butin, chaque canot porte à son bord, 65 paquets de marchandises, 600 livres de biscuit, 200 livres de porc, trois boisseaux de pois, une hache, une corde de touage, une chaudière, une éponge pour assécher l’embarcation, de l’écorce, de la gomme pour la réparer et deux toiles cirées recouvrant cette cargaison.
Alexandre Mackenzie a eu bien raison de dire : « En voyant un de ces frêles vaisseaux ainsi chargé, surchargé, avec son bord plat à six pouces de l’eau, un Européen se croirait perdu sur un pareil bateau. Mais les Canadiens sont si experts qu’il arrive peu d’accidents. »
Vers trois heures de l’après-midi, on commença à découvrir la pointe de l’île Perrot, et peu après, la paroisse Sainte-Anne. Cette paroisse est la dernière de l’île de Montréal, qui a 32 milles de long sur 10 de large et a été surnommée, à cause de sa fertilité, le Jardin du Canada.
Sainte-Anne est baignée par l’Outaouais, fleuve, que les voyageurs prennent pour gagner les grands lacs. Mais à son pied, il existe un rapide très violent et l’on s’arrête forcément pour faire le portage. Ce qui veut dire que, dans les places où les cours d’eau sont obstrués par des rochers infranchissables, il faut atterrir, haler les canots sur le rivage, les hisser, avec la cargaison, sur ses épaules, et transporter le tout jusqu’à l’endroit où la rivière redevient navigable. Certains portages ont jusqu’à une lieue de longueur.
L’Outaouais est jalonné de ces portages qui rendent sa navigation aussi rude que périlleuse.
À Sainte-Anne, les voyageurs font donc une halte. Mais elle a un but indépendant du portage, car, à partir de ce lieu seulement, les Canadiens considèrent qu’ils se mettent en route, et ils ont conservé l’habitude pieuse d’aller offrir leurs dévotions dans l’église du village et d’implorer la protection de sa sainte patronne.
Le guide Pierre donna l’ordre du débarquement, en annonçant qu’on repartirait au bout d’une heure et qu’on coucherait sur le rivage du lac des Deux-Montagnes.
Yureska, Mougenot et Robin, et la plupart de leurs compagnons s’en furent à la chapelle pour y faire une prière, tandis que les moins religieux d’entre eux se précipitaient dans une misérable taverne, établie au bord du fleuve.
Un Indien, assis dans un coin, guettait avec impatience leur arrivée.
C’était Baptiste, le Huron dont Yureska avait repoussé les propositions de mariage. Attablé devant une bouteille de whisky, il invita quelques-uns des voyageurs à trinquer avec lui. Les conviés n’eurent garde de refuser. Tout en buvant, on causa. Et tout en causant, Baptiste exprima son désir de prendre part à l’expédition.
— Je suis arrivé trop tard, vois-tu, mon frère, dit-il, en s’adressant plus directement à l’un des canotiers qui paraissait regretter son engagement. Oui, je suis arrivé trop tard, car j’aurais voulu monter aux Pays d’en Haut. Je donnerais bien de l’argent pour n’avoir pas manqué cette occasion. Maintenant, je serai forcé d’attendre encore une année. Ça me fait un grand tort.
— C’est donc toi qui nous suivais tout à l’heure ? dit l’engagé.
— Oui, c’est moi.
— Ah ! pourquoi nous suivais-tu ? Les canots sont pleins, tu n’auras pas de place. Le patron est dur, c’est Pierre le bien nommé.
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