Testament mystique   Laurence Billaud

 
 

Les grands-parents




Danielle eut confirmation de son embauche le lendemain soir de son entrevue et commença sa formation deux jours plus tard.


Bizarrement, son appréhension s’était envolée. Elle avait confiance en elle et en ses capacités. De plus, elle avait remarqué qu’Isabelle s’était adoucie et tendait à se rapprocher d’elle.


Isabelle avait trouvé le numéro de téléphone de ses grands parents. Elle l’avait composé plusieurs fois mais dès la première sonnerie, elle raccrochait le combiné. Ce matin-là, elle se retrouva toute seule à la maison, sa mère étant partie travailler et Paty avait accompagné son amie Simone à une exposition.


L’adolescente s’approcha du téléphone. Fixement, elle regarda l’appareil comme si cet objet était prêt à bondir.


C’est le moment ou jamais, pensa-t-elle. Peut-être qu’ils ne seront pas chez eux.


Elle tendit la main puis agrippa le combiné sans le lever de son socle.


Et s’ils me raccrochent au nez ? Qui ne tente rien n’a rien !


D’un geste ferme, elle souleva le récepteur puis composa le numéro qu’elle connaissait par coeur.


Dring...Dring...


À la quatrième sonnerie je raccroche.


Une voix masculine répondit :


– Allô...


– M. Lacombe ?


– Lui-même.


– Bonjour, je suis Isabelle votre petite-fille.


– ...


– J’espère que je ne vous dérange pas.


– ...non.


– Est-il arrivé quelque chose à Danielle ?


– Non, non, maman va très bien.


Elle se jeta à l’eau :


– Voilà : dans quinze jours c’est l’anniversaire de maman. Je sais qu’elle ne vous a pas oublié. J’aimerais bien vous rencontrer aussi...


Voilà c’est dit. Anxieusement, elle attendit la réponse de son grand-père. Le silence devenait pesant.


La voix du vieil homme était sourde et saccadée.


– ... te passe ta grand-mère.


Isabelle l’entendit alors parler à sa femme inquiète :


– C’est la fille à Danielle. Parle-le-lui toi.


Pour la première fois, Isabelle écouta la douce et mélodieuse intonation des paroles de sa grand-mère. Elle en eut les larmes aux yeux.


– Bonjour ma petite. Cela me fait plaisir de t’entendre.


– Bonjour grand-mère. Est-ce que Papi va bien ?


– Oui, ne t’inquiète pas ma chérie. Il est un peu étourdi par la surprise de ton appel. Il n’est pas bavard. D’où appelles-tu ?


– De chez maman.


– Veux-tu raccrocher, je te rappelle immédiatement ? Les longues distances coûtent cher.


– Le numéro est le...


– Oui, je le connais, coupa gentiment Mme Lacombe.


Isabelle obéit. Les minutes suivantes lui parurent très interminables. Est-ce que sa grand-mère allait la rappeler ? Et si le téléphone ne sonnait pas ? Elle avait peut-être un faux numéro. Faudrait-il qu’elle le recompose ? Et s’ils ne voulaient toujours pas d’eux ? Et si        Dring.... Dring...


La sonnerie résonna dans tout l’appartement.


– Allô ?


– Isabelle, ici Mamie.


– J’avais peur que tu ne rappelles pas, confessa la jeune fille.


– Oh, non, cela a été un peu long parce que nous avons reçu un appel juste après le tien. Je suis désolée ma chérie. Ton grand-père et moi avons bien hâte de faire ta connaissance. Malheureusement sa santé ne nous permet plus d’entreprendre de longs voyages. Nous ne pourrons pas descendre vous voir. Penses-tu qu’un petit mot ferait plaisir à ta maman ?


– Oui, tu pourrais téléphoner aussi.


– Je ne le pense pas car c’est à ta maman de nous pardonner notre trop long silence. Une lettre la brusquera moins. Comprends-tu ?


– Oui, Mamie. Il vaut mieux alors que je ne parle pas à maman de notre conversation.


– Cela serait plus sage en effet. Mais agis comme tu le penses ma grande. Maintenant, parle-moi de toi. Comment es-tu ? Qu’est-ce que tu aimes ? En quelle classe es-tu ? (...)


Quelle avalanche de questions ! Isabelle rit. Elle était soulagée car elle savait qu’elle avait eu raison d’avoir fait le premier pas.


À l’autre bout de la ligne, des larmes silencieuses coulaient sur les joues de Mme Lacombe. Son mari, lui, écoutait attentivement la conversation. Il était content qu’Isabelle l’ait appelé car il savait pertinemment qu’il n’aurait jamais fait le premier pas.


– Maudite fierté, lui avait toujours dit sa femme.


Isabelle était très fière d’elle. Elle avait hâte que sa mère reçoive le mot de ses parents.


Comment allait-elle réagir ?


La jeune fille était certaine que Danielle allait apprécier leur geste mais elle entendait aussi cette petite voix pénible qui la faisait douter d’elle.


Pourquoi sera-t-elle heureuse d’avoir des nouvelles de sa famille quand celle-ci aurait pu reprendre contact avec elle depuis des années-lumières ? Tu vas détruire l’équilibre de ta mère et faire du mal à Paty. Seras-tu alors contente de toi ?


Isabelle ne voulait plus entendre cette sournoise petite voix. Non, elle avait raison. De toute manière, elle ne pouvait pas rappeler ses grands parents. Quelles fades excuses pourrait-elle avancer ? Elle leur ferait alors beaucoup de peine. Elle devra cacher sa nervosité et son impatience, ne pas parler à qui que ce soit de sa conversation avec ses grands parents. 


Est-ce que ses grands parents souhaitaient réellement se rapprocher d’elles ? Ou, les avait-elle pris au dépourvu ? L’attente allait être longue.


...

Danielle a enfin trouvé un équilibre dans sa vie très mouvementée de mère monoparentale. Survient alors le décès de sa mère de coeur, ce qui la replonge dans le désespoir.


Elle doit retrouver le fils de celle-ci, disparu depuis plusieurs décennies. Il ferait partie de la mafia marseillaise ? Vérité ou mensonge ? Voyez comment le testament mystique a pu rejaillir sur leurs vies.

En voici un extrait :

Kobo

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