La nature en Amérique du Sud

 

Aimez-vous la nature ? Que de sujets intéressants ! Les animaux, les oiseaux, les reptiles, ce qu'on mange, les remèdes, les insectes, les poissons, les montagnes, les richesses, etc. Êtes-vous curieux à propos de tout cela ? Vous serez servis !

Sommaire



Prologue

Introduction

Histoire naturelle des possessions espagnoles

Les arbres

Les fruits

Les herbes de teinture

Les remèdes

Ce qu'on mange

Les animaux

Le tatou

Le paresseux

Les oiseaux

Le toucan

D'autres oiseaux

Insectes et reptiles

Le caïman

Les serpents

Les scorpions et autres

Des insectes

Les poissons

Les animaux

Les animaux importés d'Espagne

Montagnes de l'Amérique méridionale-espagnole

Les richesses métalliques

Séparer l'or et l'argent du minerai

Mot de la fin

Des livres captivants




Note à propos de la couverture : Un toucan de Dreamstime.com



Les fruits



Dans toute la province de Quito on donne le nom de Guabas à un fruit qu'on appelle pacaès dans tout le reste du Pérou. C'est l'acacia à fruit sucré (mimosa inga). Sa cosse, longue d'environ 14 pouces, est d'un vert foncé et toute couverte d'un duvet qui est doux lorsqu'on y passe la main du haut en bas, et rude au contraire en remontant.


Ses cavités sont remplies d'une moelle spongieuse et légère de la blancheur du coton. Cette moelle renferme des pépins noirs d'une grosseur démesurée puisqu'ils ne laissent autour d'eux qu'une ligne et demie d'espace à la moelle, qui fait d'ailleurs un jus frais et doux.


La grenadille du Pérou a comme ailleurs la forme d'un oeuf de poule, mais elle est plus grosse.


La frutille ou fraise du Pérou et du Chili est fort différente des fraises de l’Europe non seulement par sa grandeur y qui est d'un bon pouce de long sur huit lignes de diamètre, mais encore par son goût, qui est plus aqueux sans être moins agréable, aussi renferme-t-elle beaucoup plus de suc. Cependant, la plante ne diffère des nôtres que par les feuilles, qui sont un peu plus grandes.


L'oca est la racine de l’oxalis tuberosa, longue de deux ou trois pouces et grosse d'environ six lignes dans une partie de sa longueur, car elle forme divers noeuds qui la rendent inégale et tortue. Elle est couverte d'une peau mince, jaune dans quelques-unes et rouge dans d'autres, ou mêlée quelquefois de ces deux couleurs. Cette racine se mange et a le goût de la châtaigne avec cette différence commune aux fruits de l'Amérique qu'elle est douce. Elle se sert bouillie ou frite.On en fait des conserves au sucre qui passent pour délicieuses dans le pays.


Le quinoa est une espèce d'anserine (chenopodium quinoa) dont les feuilles se mangent comme les épinards ou l'oseille et la graine comme le millet ou le riz. On fait avec la graine une bière très agréable.




Récolte des producteurs certifiés équitables en Équateur

de Dider Gentilhomme, 2006



La fameuse plante qui se nomme la coca et qui était autrefois particulière à quelques cantons du Pérou est aujourd'hui fort commune dans toutes ses provinces méridionales par le soin que les Indiens prennent de la cultiver. Elle croît même dans le Popayan.


Mais jusque à aujourd'hui la province de Quito n'en a point produit et ses habitants en font peu de cas, tandis que tous les Péruviens la préfèrent aux pierres précieuses. C'est l’erytroxylon peruvianum, arbrisseau fort rameux qui s'entrelace aux autres plantes. La feuille en est fort lisse et longue d'environ un pouce et demi.


Les Américains la mâchent, mêlée en portion égale avec une sorte de craie ou de terre blanche qu'ils nomment mambi. Ils crachent d'abord, mais ensuite, ils avalent le jus avec leur salive en continuant de mâcher la feuille et de la tourner dans leur bouche jusqu'à ce qu'elle cesse de rendre du jus.


Elle leur tient lieu de toute nourriture aussi longtemps qu'ils en ont. Et quelque travail qu’ils fassent, ils ne souhaitent pas d'autres soulagements. L'expérience fait voir en effet que cette herbe les rend vigoureux et qu'ils s'affaiblissent lorsqu'elle leur manque. Ils prétendent même qu'elle raffermit les gencives et qu'elle fortifie l'estomac.


La meilleure est celle qui croît aux environs de Cusco. Il s'en fait un grand commerce surtout dans les lieux où l'on exploite les mines. Car les Américains ne peuvent travailler sans cet aliment, et les propriétaires des mines leur en fournissent la quantité qu'ils désirent en rabattant sur leur salaire journalier. Ulloa s'est persuadé à tort que le coca était la même plante qie le bétel des Indes.


Dans le Popayan il se trouve des arbres d'où l'on voit distiller sans cesse une sorte de gomme ou de résine que les habitants nomment mopamopa. Elle sert à faire toutes sortes de laques ou de vernis sur bois. Et ce vernis est non seulement si beau mais si durable qu'il ne peut être détaché ni même terni par l'eau bouillante.


La manière de l'appliquer est fort simple. On met dans la bouche un morceau de résine et l'ayant délayé avec la salive on y passe le pinceau. Après quoi il ne reste qu'à prendre la couleur qu'on veut avec le même pinceau, et qu'à la coucher sur le bois, où elle forme un aussi bel enduit que celui de la Chine. Les ouvrages que les Américains font dans ce genre sont fort recherchés.


C'est sur les paramos que croît la contrayerva, espèce de dorstenia, plante fameuse, parce qu'on la regarde non seulement comme un remède assuré contre toutes sortes de poisons, mais aussi comme une panacée universelle. Elle s'élève peu de terre, mais elle s'étend beaucoup plus à proportion. Ses feuilles sont longues de trois à quatre pouces sur un peu plus d'un pouce de large, épaisses, veloutées en-dehors et d'un vert pâle.


En-dedans, elles sont lisses et d'un vert plus vif. De chaque bourgeon naît une grande fleur composée de fleurs plus petites qui tirent un peu sur le violet. C'est sa racine que l'on emploie.


Une autre plante qui ne mérite pas moins d'attention c'est la calaguala, qui est une espèce d'aspidium ou petite fougère qui croît dans les lieux que le froid et les neiges continuelles rendent stériles ou dont le sol est sablonneux. Sa hauteur est de 7 ou 8 pouces. Ses tiges se font jour au travers du sable ou des pierres, n'ont que deux ou trois lignes d'épaisseur, sont noueuses et couvertes d'une pellicule qui se détache d’elle-même lorsqu'elle est sèche.


On fait usage de la racine comme apéritive et sudorifique. On remarque néanmoins que sur les paramos, elle n'est pas de si bonne qualité que dans les autres parties du Pérou, aussi la recherche-t-on moins. Les feuilles en sont fort petites.


Dans les lieux où il ne croît que du petit jonc et où la terre ne peut recevoir aucune semence, on trouve un arbre que les habitants du pays nomment quinoal, dont la nature répond à la rudesse du climat, il est de hauteur médiocre, touffu, d'un bois fort et la feuille même est épaisse dans toute sa longueur; sa couleur est un vert foncé.


Quoique cet arbre porte à peu près le même nom que la graine dont on a parlé sous celui de quinoa, elle n'en vient point, et ces plantes n'ont rien de commun avec lui.


Le même climat est ami d'une petite plante que les Américains nomment dans leur langue bâton de lumière. Sa hauteur ordinaire est d'environ 2 pieds, elle consiste comme la calaguala en plusieurs petites tiges qui sortent de la même racine, droites et unies jusqu'à leur sommet, où elles poussent de petits rameaux qui portent des feuilles fort minces.


On coupe cette plante fort près de terre, où son diamètre est d'environ trois lignes. On l'allume, et quoique verte, elle répand une lumière qui égale celle d^un flambeau sans demander d'autre soin que celui d'en séparer le charbon qu'elle fait en brûlant.


L'algarroba ou algorova est le fruit d'un arbre légumineux de même nom. On en nourrit toute sorte de bestiaux. Il est blanchâtre, entremêlé de petites taches jaunes. Ses cosses ont quatre ou cinq pouces de long sur environ quatre lignes de large. Non seulement cette nourriture fortifie les bêtes de charge, mais elle engraisse extrêmement les boeufs et les moutons, et l'on assure même qu'elle donne à leur chair un excellent goût qu'il est facile de distinguer.


On a parlé plusieurs fois de l'herbe du Paraguay comme de la principale richesse des Espagnols et des Indiens qui appartiennent à cette province. C’est du P. Charlevoix, historien de ce pays, qu'il faut emprunter ici des lumières puisque ayant tiré les siennes des missionnaires, on ne peut rien supposer de plus exact et de plus fidèle. Tout en est curieux jusqu’à son prélude :


« On prétend, dit-il, que le débit de cette herbe fut si considérable et devint une si grande source de richesses que le luxe s'introduisit bientôt parmi les conquérants du pays, qui s'étaient trouvés réduits d'abord au pur nécessaire.


Pour soutenir une excessive dépense dont le goût va toujours en croissant, ils furent obligés d'avoir recours aux habitants assujettis par les armes ou volontairement soumis, dont on fit des domestiques et bientôt des esclaves.


Mais comme on ne les ménagea point, plusieurs succombèrent sous le poids d'un travail auquel ils n'étaient point accoutumés. Et plus encore sous celui des mauvais traitements dont on punissait l'épuisement de leurs forces plutôt que leur paresse. D'autres prirent la fuite et devinrent les plus irréconciliables ennemis des Espagnols.


Ceux-ci retombèrent dans leur première indigence et n'en devinrent pas plus laborieux. Le luxe avait multiplié leurs besoins. Ils n'y purent suffire avec la seule herbe du Paraguay. La plupart même n'étaient plus en état d'en acheter parce que la grande consommation en avait augmenté le prix.


Cette herbe, si célèbre dans l'Amérique méridionale, est la feuille d'un arbre de la grandeur d'un pommier moyen. Son goût approche de la mauve et sa forme est à peu près celle de l'oranger. Elle a aussi quelque ressemblance avec la feuille de la coca du Pérou.

 

Sur Amazon

Sur Amazon


Sur YouTube

Mots clés : histoire naturelle des possessions espagnoles, herbes de teinture, remèdes, tatou et paresseux, séparer l'or de l'argent du minerai, les fruits et légumes, scorpions et sepents