L’Agence Barnett et Cie

 

Huit histoires courtes qui met en lumière la façon dont Arsène Lupin s’amusait tout en dénouant les évènements les plus mystérieux. Et comment cela pouvait agacer l’inspecteur Béchoux.


Suivez-le dans ses réfléxions qui relèvent surtout de l’imagination. Auriez-vous pu en faire autant ?

Sommaire



Rendons à César

1. Les gouttes qui tombent

2. La lettre d’amour du roi George

3. La partie de Baccara

4. L’homme aux dents d’or

5. Les douze africaines de Béchoux

6. Le hasard fait des miracles

7. Gants blancs… Guêtres blanches

8. Béchoux arrête Jim Barnett



5. Les douze africaines de Béchoux










Un titre



Le premier soin de M. Gassire, en s'éveillant, fut de vérifier si le paquet de titres, rapporté par lui la veille au soir, se trouvait bien sur la table de nuit où il l'avait déposé.


Rassuré, il se leva et fit sa toilette.


Nicolas Gassire, petit homme gras de corps et maigre de visage, exerçait, dans le quartier des Invalides, la profession d'homme d'affaires et groupait autour de lui une clientèle de gens sérieux qui lui confiaient leurs économies, et auxquels il servait de jolis intérêts, grâce à d'heureuses spéculations de Bourse et à de secrètes opérations usuraires.


Il occupait, au premier étage d'une étroite et vieille maison dont il était propriétaire, un appartement composé d'une antichambre, d'une chambre, d'une salle à manger à usage de cabinet de consultation, d'une pièce où venaient travailler trois employés et tout au bout, d'une cuisine.


Très économe, il n'avait pas de bonne. Chaque matin, la concierge, lourde femme active et réjouie, lui montait son courrier à huit heures, faisait le ménage et déposait sur son bureau un croissant et une tasse de café.


Ce matin-là, cette femme repartit à huit heures et demie, et M. Gassire, ainsi que chaque jour, en attendant ses employés, mangea tranquillement, décacheta ses lettres et parcourut son journal.


Or, tout à coup, à neuf heures moins cinq exactement, il crut entendre du bruit dans sa chambre. Se souvenant du paquet de titres qu'il y avait laissé, il s'élança. Le paquet de titres n'y était plus, et en même temps, la porte de l'antichambre sur le palier se refermait violemment.


Il voulut l'ouvrir. Mais la serrure ne fonctionnait qu'avec la clef, et cette clef, M. Gassire l'avait laissée sur son bureau.


— Si je vais la chercher, pensa-t-il, le voleur s'enfuira sans être vu.


M. Gassire ouvrit donc la fenêtre de l'antichambre, qui donnait sur la rue. À cet instant, il était matériellement impossible que quelqu'un eût le temps de quitter la maison. Et, de fait, la rue était déserte. Si affolé qu'il fût, Nicolas Gassire ne cria pas au secours. Mais, quelques secondes plus tard, apercevant son principal employé qui débouchait du boulevard voisin et s'en venait vers la maison, il lui fit signe.


— Vite ! vite ! Sarlonat, dit-il en se penchant, entrez, refermez la porte, et que personne ne passe. On m'a volé.


Dès que son ordre fut exécuté, il descendit en hâte, haletant, éperdu.


— Eh bien, Sarlonat, personne ?


— Personne, monsieur Gassire.


Il courut jusqu'à la loge de la concierge, qui se trouvait entre le bas de l'escalier et une courette obscure. La concierge balayait.


— On m'a volé, madame Alain ! s'exclama-t-il. Personne n'est venu se cacher par ici ?


— Mais non, monsieur Gassire, balbutia la grosse femme, ahurie.


— Où mettez-vous la clef de mon appartement ?


— Ici, monsieur Gassire, derrière la pendule. Du reste, on n'a pas pu la prendre, puisque je n'ai pas bougé de ma loge depuis une demi-heure.


— Alors, c'est que le voleur, au lieu de descendre, a remonté l'escalier. Ah ! c'est effroyable !


Nicolas Gassire revint près de l'entrée. Ses deux autres employés arrivaient. En quelques phrases essoufflées, il leur donna, en toute hâte, ses instructions. Personne ne devait passer, ni dans un sens ni dans l'autre, avant qu'il ne fût de retour.


— Compris, hein, Sarlonat ?


Aussitôt, il escalada l'étage et s'engouffra chez lui.


— Allô, hurla-t-il en empoignant le cornet du téléphone... Allô ! la Préfecture de police... Mais, mademoiselle, je ne vous demande pas la Préfecture ! je vous demande le café de la Préfecture... Le numéro ? Je ne sais pas... Vite... Les renseignements... Au galop, mademoiselle.


Il réussit enfin à obtenir le patron du café et proféra :


— L'inspecteur Béchoux est là ? Appelez-le... Tout de suite... Au galop... C'est un de mes clients... Pas une seconde à perdre. Allô ! l'inspecteur Béchoux ? C'est M. Gassire qui vous téléphone, Béchoux. Oui, ça va bien... ou plutôt non... On m'a volé des titres, un paquet... Je vous attends. Hein ? Quoi ? Impossible ? Vous partez en congé ? Mais je m'en fiche de votre congé ! Rappliquez au galop, Béchoux... au galop ! Vos douze actions des Mines africaines étaient dans le paquet !


M. Gassire entendit au bout de la ligne un formidable : « Nom de... ! » qui le rassura pleinement sur les intentions et sur la promptitude de l'inspecteur Béchoux. En effet, quinze minutes plus tard, l'inspecteur Béchoux arrivait en coup de vent, la figure décomposée, et se ruait sur l'homme d'affaires.


— Mes Africaines ! Toutes mes économies ! Où sont-elles ?


— Volées ! avec les titres de mes clients... avec tous mes titres à moi !


— Volées !


— Oui, dans ma chambre, il y a une demi-heure.


...

 

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