Le Dragon Royal
En Chine, dans différentes villes. Beaucoup de description des lieux, comme si vous y étiez. De la poésie à satiété, provenant de la digne fille de Théophile Gautier.
Des guerres sanglantes pour le pouvoir. Voyez ce qu’il en est.
Sommaire
Prologue
Introduction
Un homme
L’amour d’une jeune fille qu’il n’a jamais vue
Ta-Kiang se révolte contre la terre
Une jeune fille aux pieds nus
Ses adieux
Deux personnes veulent le suivre
La splendeur de Pey-Tsin
La prudence de Ko-Li-Tsin
La secte du Lys Bleu
Celui qui vient n’est pas celui qu’on attend
Le poisson jaune
La Ville Rouge
La main qui tient le sabre n’est pas celle qui a frappé
Le bambou perce, la poix brûle et l’acier fouette
Les pieds du pendu
Les ailes du dragon
L’héritier du ciel
Roses, perles, fleurs
La cigogne voyageuse
Le dragon volant
Ko-Li-Tsin trouve un ami digne de lui
Le tigre du Jade
Les ânes ne savent pas s’ils portent de l’or ou du fer
Ta-Kiang se révolte contre le ciel
Les beaux chemins ne vont pas loin
La vallée du daim blanc
Le vent qu’il fait décide de tout
La force tremble et l’orgueil doute
La jeune Yo-Men-Li
Le Pou-Sah rouge
Le pavillon des Tulipes d’Eau
Le Dragon Impérial
Kang-Si
Le coucher du Dragon
Conclusion
Mot de la fin
Des livres captivants
Note à propos de la couverture : Statue de pierre d’un soldat chinois. De Nnudoo / Dreamstime.com
Prologue
Ce livre a été publié à Paris en 1869 par Alphonse Lemerre, éditeur. Il s’intitule Le Dragon Royal.
L’auteure Judith Gautier s’est mariée avec Catulle Mendès, d’où son nom sur certains de ces nombreux romans. Elle fut une femme très fascinantes pour son époque.
Son père Théophile Gautier a dit d’elle : « C’est le plus parfait de mes poèmes ».
Judith Gautier Mendès en 1880 (1845-1917)
Introduction
Nul n'ignore que si l'ombre d'un homme prend la forme d'un dragon qui suit humblement les pas de son maître, cet homme tiendra un jour dans sa main la poignée de jade du sceptre impérial.
Mais nulle bouche ne doit s'ouvrir pour révéler le miracle qu'ont vu les yeux. Car la destinée serait renversée et une nuée de malheurs descendrait du ciel.
C'était dans le grand champ de Chi-Tse-Po, à trente lieues de Pey-Tsin. Le vent de la dixième lune effeuillait les arbres, les arbres peu nombreux, car il n'y avait qu'un orme dans ce champ, à côté d'un cannelier.
Vers l'orient s'élevaient les dix étages retroussés d'une pagode au-delà de laquelle apparaissait une pagode encore, plus vague et plus lointaine. C'était tout. L’œil pouvait s'emplir d'espace et arriver sans halte à la ligne vaporeuse et rose de l’horizon.
Un homme
Sous le cannelier un homme était assis, riant à la lumière qui blanchissait la plaine d'un bout à l'autre, sans intervalle ni hésitation, et parfois grelottant un peu malgré les trois robes somptueuses dont il était vêtu. Car le soleil des jours d'automne réchauffe beaucoup moins qu'il n'éclaire, et les premières froidures sont les plus sensibles au corps, comme le premier reproche d'un ami glace le cœur plus douloureusement.
Cet homme, jeune encore et d'agréable mine, était singularisé au plus haut point par l'extrême mobilité de ses traits qui ne laissaient aucun sentiment inexprimé, se tendant, se ridant, s'allongeant ou s'épanouissant sous les diverses influences d'un esprit sans doute très prompt.
Ses petits yeux, que tour à tour couvraient et découvraient des paupières clignotantes, roulaient avec tant de vitesse tant de pensées joyeuses, malignes ou bizarres, qu'ils faisaient songer par leur palpitant éclat au miroitement du soleil sur l’eau. Et sa bouche bien faite, toujours entr'ouverte par quelque sourire, laissait voir deux rangées de jolies dents blanches, gaies de luire au grand jour et de mêler leurs paillettes claires aux étincelles du regard.
Tout cet être était délicat, fluet. On pressentait des dextérités infinies dans la frêle élégance de ses membres. Il devait monter aux arbres comme un singe et franchir les rivières comme un chat sauvage. Ses petites mains étroites, un peu maigres, aux ongles plus longs que les doigts, étaient certainement capables de tisser des toiles d'araignées ou de broder une pièce de vers sur la corolle d'une fleur de pêcher.
Quant à ses noms, qu'il devait à son bon goût, car le fait de son existence était la seule chose par laquelle il fût induit à croire qu'il avait probablement eu des parents, ils se composaient de trois syllabes aimables qui faisaient le bruit d'une petite pièce d'argent remuée dans un plat de cuivre.
Et son métier, si l'on peut dire que Ko-Li-Tsin eût un métier en effet, était celui des gens qui n'en pratiquent point d'autre que de causer agréablement à tout propos et d'improviser des poèmes chaque fois qu'un sujet favorable se présente à leur esprit.
Son enfance avait joué dans les rues d'un village, profitant sans ennui des leçons d'un vieux lettré charitable, qui, dans de longues promenades, lui empruntait de la gaieté et lui donnait de la science. Sa jeunesse rieuse, aventureuse, rarement besogneuse grâce aux libéralités des personnes, innombrables dans ce temps, qui aimaient la poésie, courait de ville en ville, de province en province, au gré de cent désirs futiles.
Pourquoi se trouvait-il à cette heure dans la solitude mélancolique des campagnes ? Pour l'amour d'une jeune fille qu'il n'avait jamais vue.
Pour l’amour d’une jeune fille qu’il n’avait jamais vu
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